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La Mort De Chaka

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Par   •  9 Juin 2014  •  8 144 Mots (33 Pages)  •  1 078 Vues

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La Chine du XXe siècle en révolutions – I – 1911-1949 ou de la chute des Qing à la victoire maoïste ROUSSET Pierre

Tiré du site Europe Solidaire 18 août 2008

Introduction

Il peut être utile, en introduction, de préciser ce dont ce texte traite – et ce dont il ne traite pas.

La Chine dont il est ici question est celle des Hans, l’ethnie majoritaire qui représente 92% de la population actuelle. Plus de cinquante minorités sont par ailleurs officiellement reconnues et certaines peuplent des espaces immenses à l’ouest et au nord du pays : à lui seul le Tibet historique s’étend sur un quart du territoire. Le Turkestan oriental (Xinjiang) et la Mongolie intérieure occupent aussi des positions géostratégiques de première importance.

Par bien des aspects, la question des « minorités » – des minorités au sein l’espace chinois s’entend, pas nécessairement sur leurs propres territoires – est très importante –, il suffit de rappeler ici les invasions mongoles (fondatrices d’une dynastie !) pour s’en convaincre. Mais, au XXe siècle, ces populations n’ont joué qu’un rôle marginal dans les luttes révolutionnaires de la Chine des Hans, à la différence de ce qui s’est passé dans d’autres pays de la région, comme le Vietnam ou les Philippines (sans même parler de la Birmanie). Or, c’est à l’analyse de ces luttes que ce texte s’attache.

La Chine des Hans elle-même offre une image contrastée. Celle d’une grande cohérence, d’une forte identité historique et culturelle d’une part. Celle d’une vivace diversité régionale d’autre part, favorisé par l’immensité du territoire : une seule écriture par idéogrammes (une puissante marque identitaire) sert de lien unificateur à des langues parlées très différentes (elles sont toutes tonales mais peuvent comprendre de 4 à 7 « tons » – ou plus suivant des experts qui ne sont pas d’accord entre eux) ; une civilisation du riz qui s’étend d’une zone chaude au sud à une région tempérée aux hivers rigoureux au nord-est (où l’on cultive… le blé).

Ainsi, l’unité de la Chine des Hans, qui apparaît pourtant si évidente, n’est pas « donnée » : elle a été et reste l’un des principaux enjeux des conflits sociopolitiques nationaux et internationaux contemporains.

La Chine du XXe siècle connait une importante variété de structures sociales. Le commerce international, le marché capitaliste et l’industrialisation ont tout d’abord bouleversé les régions côtières et quelques grands bassins fluviaux ; ils n’ont concerné que marginalement la Chine de l’intérieur. Le monde rural lui-même est contrasté, la grande propriété foncières existant dans certaines zones (au sud notamment) et pas dans d’autres (au nord-est notamment). Les mouvements sociaux sont donc pour une part façonnés par des réalités régionales fort différentes les une des autres. C’est pourquoi il est rare de pouvoir décrire ce qui se passe « en Chine » : on doit souvent préciser de quelles régions il est question, quitte à alourdir le style de l’écriture.

A cette complexité géographique, culturelle et sociale de la Chine des Hans au XXe siècle, ajoutons deux questions d’ordre plus générales.

La Chine appartient à une autre lignée de développement historique que l’Europe. Mêmes si les mouvements paysans se ressemblent, les notions utilisées pour analyser l’héritage de la féodalité européenne (aristocratie, hobereaux, etc.) ne peuvent rendre compte de l’héritage légué par la Chine classique : leur usage donne une fausse impression de familiarité. Malheureusement, pour diverses raisons (dont le dogmatisme stalinien), il n’y a pas de mots communément utilisés pour retranscrire les réalités chinoises. On emprunte donc des termes, comme celui de gentry pour nommer la propriété foncière « à la chinoise » (mi-petits lettrés, mi-propriétaires fonciers).

Autre problème, la Chine du XXe siècle est ce que l’on peut appeler une « société en transition » – ou plutôt une succession de deux sociétés de transition très différentes l’une de l’autre : schématiquement de 1911 à 1949 d’abord ; après 1949 ensuite. La première correspond à un pays passé (ou en train de passer) sous la dépendance du capital international, où les structures sociales anciennes sont désarticulées sans pour autant disparaître et où de nouvelles forces sociales se constituent. On en a trouvé bien des variantes dans le « tiers monde ». La seconde correspond la situation née d’une révolution qui a brisé ce lien de dépendance vis-à-vis du capital international, mais où un nouvel ordre social stable (qu’elle qu’il soit) est encore bien loin d’être instauré.

Le but de ce texte est de proposer des éléments d’analyse des révolutions de la Chine du XXe siècle, pas de poursuivre un débat théorique sur les concepts (concernant la « nature » des partis, des pouvoirs, des révolutions…). Mentionnons seulement ici que trop souvent, le débat conceptuel ne tient pas assez compte de cette donnée fondamentale : nous avons à faire à des sociétés en/de transition. Il en devient trompeur.

Mais même dans le domaine de l’analyse historique, cette question complique considérablement la tâche. Analyser, c’est faire apparaître un lien entre événements, processus, évolutions culturelles, couches sociales et mouvements politiques. La difficulté tient évidemment à ce qu’il n’y a pas de correspondances simples entre partis politiques, classes sociales, institutions, idéologies… Cette difficulté est démultipliée dans le cas des sociétés de transition où les « discordances » sont plus fréquentes que les « concordances » : les classes sociales se défont et se font, les partis sont souvent en évolution rapide, les institutions étatiques bénéficient d’une autonomie particulièrement grande, les références culturelles sont en crise…

Nous rencontrons ce problème tant dans l’analyse du Guomindang (Kuomintang) que dans celle du Parti communiste chinois – des deux côtés donc de la confrontation révolutionnaire des années 1926-1949.

De plus, dans un pays comme la Chine de 1911-1912, les structures de pouvoir sont multiples, entrecroisées et emboitées : divers niveaux administratifs, armées concurrentes, sociétés secrètes, clans familiaux, réseaux de clientèles, amicales régionalistes, corporations de métiers et guildes commerçantes… Les partis politiques ne sont que les derniers venus.

Là encore, l’analyse doit simplifier, pour ne pas se noyer dans l’infinité des nuances,

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