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La Fonction Des Fables

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Par   •  26 Décembre 2014  •  970 Mots (4 Pages)  •  797 Vues

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La fonction des Fables

Préface des Fables (livres I à VI), 1668

[…] On ne trouvera pas ici l’élégance ni l’extrême bréveté qui rendent Phèdre recommandable : ce sont qualités au-dessus de ma portée. Comme il m’était impossible de l’imiter en cela, j’ai cru qu’il fallait en récompense égayer l’Ouvrage plus qu’il n’a fait. […] J’ai pourtant considéré que, ces Fables étant sues de tout le monde, je ne ferais rien si je ne les rendais nouvelles par quelques traits qui en relevassent le goût. C’est ce qu’on demande aujourd’hui : on veut de la nouveauté et de la gaieté. Je n’appelle pas gaieté ce qui excite le rire ; mais un certain charme, un air agréable qu’on peut donner à toutes sortes de sujets, même les plus sérieux.

Mais ce n’est pas tant par la forme que j’aie donnée à cet Ouvrage qu’on en doit mesurer le prix, que par son utilité et par sa matière ; car qu’y a-t-il de recommandable dans les productions de l’esprit, qui ne se rencontre dans l’Apologue ? C’est quelque chose de si divin, que plusieurs personnages de l’Antiquité ont attribué la plus grande partie de ces Fables à Socrate. […]

s’il m’est permis de mêler ce que nous avons de plus sacré parmi les erreurs du paganisme, nous voyons que la Vérité a parlé aux hommes par paraboles ; et la parabole est-elle autre chose que l’Apologue, c'est-à-dire un exemple fabuleux, qui s’insinue avec d’autant plus de facilité, et d’effet, qu’il est plus commun et plus familier ? […]

Platon, ayant banni Homère de sa République, y a donné à Esope une place très honorable. […]

Il ne faut pas m’alléguer que les pensées de l’enfance sont d’elles-mêmes assez enfantines, sans y joindre encore de nouvelles badineries. Ces badineries ne sont telles qu’en apparence ; car dans le fond elles portent un sens très solide. Et comme, par la définition du Point, de la Ligne, de la Surface, et par d’autres principes très familiers, nous parvenons à des connaissances qui mesurent enfin le Ciel et la Terre, de même aussi, par les raisonnements et conséquences que l’on peut tirer de ces Fables, on se forme le jugement et les mœurs, on se rend capable de grandes choses.

Elles ne sont pas seulement Morales, elles donnent encore d’autres connaissances. Les propriétés des Animaux et leurs divers caractères y sont exprimés ; par conséquent les nôtres aussi, puisque nous sommes l’abrégé de ce qu’il y a de bon et de mauvais dans les créatures irraisonnables.

[…] Ainsi ces fables sont un tableau où chacun de nous se trouve dépeint. Ce quelles nous représentent confirme les personnes d’âge avancé dans les connaissances que l’usage leur a données, et apprend aux enfants ce qu’il faut qu’ils sachent. Comme ces derniers sont nouveaux venus dans le monde, ils n’en connaissent pas encore les habitants, ils ne se connaissent pas eux-mêmes.

On ne les doit laisser dans cette ignorance que le moins qu’on peut : il leur faut apprendre ce que c’est qu’un Lion, un Renard, ainsi du reste ; et pourquoi l’on compare quelquefois un homme à ce renard ou à ce lion. C’est à quoi les Fables travaillent : les premières Notions de ces choses proviennent d’elles.

Je

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