La Description Romanesque

La diversité du roman constitue son principal trait définitoire. Son caractère polymorphe lui confère une très grande liberté : c’est le genre dans lequel on peut tout dire, tout raconter, tout expérimenter. C’est pourquoi sa fonction et son utilité ont toujours été sujettes à de nombreux débats. Nous pourrions notamment nous demander quelle est la réelle fonction de la description romanesque : doit-elle être la plus objective possible ou a-t-elle un autre intérêt ? Nous verrons dans un premier temps l’intérêt d’une description réaliste, au plus près de l’objet, puis dans un second temps celui d’une description totalement fantaisiste et détachée de la réalité. Nous verrons enfin qu’aucune description ne peut être totalement objective.

Une description soucieuse de la réalité, précise et objective, permet au lecteur de s’investir dans l’univers du roman. En effet, plus l’univers, les personnages, les lieux sont réalistes, plus il est facile pour le lecteur de se les représenter. Dans Germinal, Emile Zola utilise énormément la description pour que le lecteur s’imagine les personnages, les lieux, l’atmosphère. Pour que ces descriptions soient les plus réalistes possibles, il s’est inspiré de mines de charbon déjà existantes et a observé le mode vie et les conditions de travail de vrais mineurs. Même si c’est un univers que le lecteur ne connaît pas personnellement, c’est un univers bel et bien réel, c’est pourquoi l’objectivité recherchée des descriptions lui permet de s’y sentir impliqué et non étranger. Certains romans cherchent à relater des faits précis et réels pour nous permettre de mieux les comprendre, la description y a donc un intérêt historique, c’est le cas de Si c’est un homme de Primo Levi qui, en nous plongeant dans le quotidien d’un camp de concentration, nous permet de comprendre les conditions de vie des détenus, leurs souffrances, leur traitement … , grâce à une description la plus objective possible. Le roman est alors une sorte de miroir de la réalité, ce n’est cependant pas le seul usage que les romanciers en font.

En effet, grâce à la liberté du genre, le romancier peut, à l’aide de ses descriptions, entraîner le lecteur dans un univers totalement fantaisiste dans le but de le faire rêver, réfléchir ou de le divertir. C’est par exemple le cas dans L’écume des jours, où Boris Vian utilise énormément la personnification des objets dans ses descriptions et de nombreux autres procédés d’écriture pour insérer des éléments fantastiques dans un cadre en apparence banale et se jouer des codes du réalisme. Le lecteur est alors dans un univers loufoque et étrange, par exemple, la maladie des poumons qui va entrainer la mort de l’un des personnages, Chloé, est symbolisée par un nénuphar qui grandit au fur et à mesure que la mort est proche ou encore le désespoir des personnages et leur malheur qui est symbolisé par le rétrécissement progressif de leur appartement. George Orwell nous dépeint, dans 1984, un terrifiant monde totalitaire en créant une société cruelle caractérisée par l’absence de toutes libertés , le contrôle total de l’individu. George Orwell dénonce grâce à cette fiction les désordres politiques du XXème siècle, les dérives du totalitarisme et les dangers de manipulation

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