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La Châtelaine de Vergy, du conte médiéval à la réécriture de la Renaissance

Dissertation : La Châtelaine de Vergy, du conte médiéval à la réécriture de la Renaissance. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2017  •  Dissertation  •  5 220 Mots (21 Pages)  •  1 074 Vues

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La Châtelaine de Vergy, du conte médiéval à la réécriture de la Renaissance

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        La Châtelaine de Vergy est bref récit anonyme qui date du milieu du XIIIème siècle, écrit en vers octosyllabiques à rimes plates. C'est un texte courtois, caractérisé notamment par l'importance de garder l'amour secret, le conflit entre fidélité au suzerain et fidélité à la dame aimée, ainsi que par l'idéologie de la fin'amor, qui désigne le lien qui unit un amant à sa dame par un amour affiné et pur.

Ce récit a été très apprécié en son temps, mais également au fil des années, comme en témoigne cette citation de Loyset Liedet « Ce roman d'aventures amoureuses et tragiques est en même temps plein de charme et de poésie, d'où sa renommée à travers les âges »[1].

L'un des thèmes, le secret, et par extension la nécessité de garder l'amour secret, était très affectionné. L'auteur lui-même « veut enseigner par un exemple que la discrétion est une des plus grande qualité de l'amant »[2]. Si un amant était capable de garder secrète sa relation avec une dame, celle-ci consentait à lui accorder son amour. Au XVIIIème, qui est l'époque de l'amour courtois, le code des valeurs de l'amour côtoie celui des valeurs chevaleresques : l'amant est tiraillé entre son amour pour sa dame et son devoir envers son suzerain.

Cette histoire a connu un tel succès qu'elle a été reprise et réadaptée de nombreuses fois au fil du temps.

La réécriture qui nous intéresse plus particulièrement est celle qu'en fait Marguerite de Navarre dans la soixante-dixième nouvelle de son recueil de nouvelles L'Heptaméron, car cette réadaptation date de la Renaissance, période de la Réforme, qui amène une volonté d'un retour aux sources du Christianisme, et Marguerite de Navarre, bien que menant elle-même une vie très religieuse, a laissé paraître dans les nouvelles de son recueil un « intérêt exceptionnel sur l'existence d'une liberté de pensée effective au sein de la cour »[3].

Dans un premier temps, nous relèverons les éléments de la version originale de La Châtelaine de Vergy qui lui sont propres. Dans un second temps, nous analyserons de quelle manière Marguerite de Navarre actualise ces éléments du roman courtois, et quels sont les enjeux de sa réécriture. Enfin, nous comparerons les dénouements de ces deux récits, en essayant d'expliquer les différences que l'on peut trouver entre les deux versions et comment cela influence notre lecture d'un récit qui, dans ses grandes lignes, reste le même.

La Châtelaine de Vergy, comme dit précédemment, est un bref récit qui conte la relation entre un chevalier et sa dame, la châtelaine de Vergy, qui se trouve être la nièce du duc dont le chevalier est le vassal. La dame ayant un mari, cette relation doit rester discrète, et les deux amants cultivent leur relation secrète. Mais l'épouse du duc, la duchesse, est éprise du chevalier. Ce dernier rejetant ses avances, elle essaie de se venger en racontant à son mari qu'il lui a fait des avances. Le duc demande donc des explications à son vassal, et le chevalier est contraint de lui avouer sa relation avec la châtelaine, sous peine d'être banni. Le jour même, les amants se retrouvent chez la dame, sous l'œil du duc, qui comprend que sa femme a menti. Cette dernière, furieuse que sa vengeance n'ai pas marché, contraint son mari à lui révéler le secret du chevalier.

Le jour de la Pentecôte, lors d'un bal donné chez le duc, la duchesse profite de la présence de la châtelaine pour lui faire comprendre qu'elle est au courant de sa relation avec le chevalier. Cette dernière, comprenant que son amant a dévoilé leur relation à quelqu'un, meurt de la trahison d'amour. Un peu plus tard, le chevalier et le duc partent à sa recherche. Le chevalier, voyant sa dame morte, comprend que tout est de sa faute et se suicide en se plantant une épée dans le cœur. Le duc comprend alors qu'il est le responsable de ces morts, car il a révélé cette relation à sa femme. Fou furieux, il se précipite sur sa femme et l'assassine devant la foule présente. Le duc fait ensuite enterrer les amants ensemble, puis part en Terre Sainte.

Ce roman s'inscrit dans la plus pure tradition de la fin' amor, de par ses sujets et ses thèmes.

Par exemple l'adultère n'est, dans la version médiévale de l'histoire, en aucun cas un frein à l'amour de la châtelaine et du chevalier. Au contraire, la présence du mari était une des raisons qui obligeait les amants à être discrets et à garder leur amour secret, ce qui, rappelons-le, était un des thèmes principaux des romans courtois. Dans La Châtelaine de Vergy, c'est la châtelaine qui serait coupable d'adultère envers son mari : « Comme la plupart de ces femmes, la châtelaine est aussi mariée »[4].

La duchesse elle-même, éprise du chevalier, souhaite avoir une « amitié » avec le chevalier, comme le dit Oisille dans la soixante-dixième nouvelle de l'Heptaméron de Marguerite de Navarre : « L'histoire d'une dame belle et bien maryée, qui, par faulte de vivre de ceste honneste amytie, devint plus charnelle que les pourceaux et plus cruelle que les lyons »[5]. Les deux textes montrent que la duchesse, bien que mariée, n'est pas heureuse avec le duc, et souhaite vivre une histoire d'amour secrète avec le chevalier.

La châtelaine et la duchesse se retrouvent dans la même situation. C'est, encore une fois, dans le thème des romans courtois de l'époque, qui racontaient que des femmes mariées et de haut rang avaient une liaison avec un homme de rang social inférieur.

Le fait que le mari pouvait, à n'importe quel moment, être mis au courant de l'adultère de sa femme le mettait en position de losengier : il prenait ainsi le statut d'opposant à l'amour, et il avait sa place dans le triangle courtois du XIIIème siècle. La dame était placée au sommet de ce triangle, tandis que l'amant et les opposants à l'amour étaient dessous.

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