L'étude de la vie réelle

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dfI- Une conclusion nostalgique

A- Le bilan des protagonistes

Moment de bilan: l'extrait commence par "ils résumèrent leur vie". Accumulation des termes en lien avec le souvenir: "te rappelles-tu" "souvenirs"... Paragraphe "ils revoyaient la cour du collège..." est comme une succession de miniatures, une présentation accélérée des grands moments de leur vie, mise en valeur par une longue phrase à asyndètes. Un seul moment est longuement développé: celui qui semble être celui de leur première expérience sexuelle, mais qui ne le sera finalement pas.

Mais finalement les deux personnages ne font qu'"exhumer leur jeunesse": le bilan de leur vie se résume en somme à leur jeunesse commune, sans que soit fait mention de ce qui remplit l'essentiel du roman, comme si le roman en entier était désavoué dans son finale. Comme l’ouvrage que projetait Frédéric sur le moyen âge, le roman est obligé de conclure sur le passé poussiéreux.

B- Une vie d'échecs

Ce bilan est marqué par sa négativité et par le "manque" signalé dès le début. Ce manque n'est pas seulement celui du raté, c'est aussi celui de l'absence. Ce sont deux types de vie qui échouent, "celui qui avait rêvé l'amour, celui qui avait rêvé le pouvoir". Les deux formes d'éducation sont ratées, comme si chacune était irréalisable. Il y a bien évidemment ici, de la part de Flaubert, une critique de la société politique et une moquerie envers les rêves d’idéal des cœurs amoureux. La société est bien trop corrompue et viciée pour que des idéaux, quels qu’ils soient, y soient réalisables.

Dès lors, l’importance accordée à l’épisode pourtant totalement raté de la visite à la Turque a pour vocation d’illustrer cet échec : l’épisode se déroule longuement, contrastant avec le panorama rapide des autres moments de la vie des deux protagonistes. Mais ce déploiement minutieux, cette accumulation de détails mènent seulement à une expérience totalement ratée : les deux héros, qui espèrent devenir des hommes, trop effrayés, s’enfuient. Le développement de cet épisode a pour fonction d’insister sur ce ratage.

II- Un explicit déceptif

A- L'échec du roman d'éducation

Ce ratage, particulièrement, est retentissant dans la citation finale, répétée en écho par les deux personnages, qui signe officiellement l’échec de leur éducation : finalement, l’épisode chez la Turque, un échec patent, devient ce qu’ils « ont eu de meilleur ». La répétition permet de valider la théorie de Frédéric, bien sûr, en même temps que de donner une impression de ressassement nostalgique et de révélation. Mais cette prise de conscience est on ne peut plus triste, et ironique : toute la vie des deux héros trouve son sommet dans un épisode de ratage. Bien sûr, que cet épisode concerne la possible perte de virginité des jeunes hommes est symbolique d’un échec qui est celui de leur apprentissage et de leur éducation : Frédéric, chez la Turque a déjà le tort de prendre les poses de l’amoureux qui ne lui réussissent pas plus qu’elles ne lui réussiront auprès de Mme Arnoux.

De fait, cette fin est déceptive dans la mesure où elle signe l’échec du roman lui-même et pas seulement de ses protagonistes. Ce que dit ce finale, c’est que l’éducation sentimentale n’en aura pas été une. Ou alors que cette éducation aura été un apprentissage de la désillusion. Le bilan tiré par les protagonistes contient, en abîme, l’évaluation de la réussite ou non, du bildungsroman. Et, en l’occurrence, c’est bien à un échec de sa vocation éducative qu’il faut conclure, à moins que, et on le verra plus tard, l’apprentissage à l’échec n’en soit le meilleur enseignement.

B- Une fin circulaire

Le fait que la fin du roman retourne à son début, puisqu’il consiste en une recollection du passé des deux personnages

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