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L'émergence de la figure de l'auteur au XVIème siècle

Dissertation : L'émergence de la figure de l'auteur au XVIème siècle. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Janvier 2022  •  Dissertation  •  1 310 Mots (6 Pages)  •  243 Vues

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Caquais

Ugo

L2 Lettres Modernes

DM n°1 CM Histoire Littéraire du XVIème au XVIIIème

        Le XVIème siècle est souvent considéré comme l’aube de la modernité littéraire, et ce n’est pas par hasard. C’est une période de forts mouvements politiques et artistiques en Europe, qui amènent des changements drastiques dans la position et la vie des auteurs de cette époque. Avec la découverte et la redécouverte de l’art et de la philosophie antique, la nouveauté des découvertes du début du siècle, mais aussi les guerres de religion et les massacres qui lui sont liés, le XVIème siècle donne à ses artistes l’opportunité de réinventer leur statut. Littérairement, c’est aussi le carrefour d’une multitude d’écoles et de mouvements qui s’entrechoquent et s’enrichissent les uns les autres : humanisme, pléiade, développement de la nouvelle et des genres du récit… Le terreau est fertile ; nous verrons comment les auteurs de ce siècle s’en sont emparé pour faire émerger une figure de l’auteur.

        De tous les changements majeurs de ce siècle, celui qui concerne les auteurs de très prêt est bien sûr l’invention de l’imprimerie, qui permit un progrès immense dans le contrôle qu’a l’auteur sur ses œuvres, et leur distribution au plus grand nombre. Cette invention, qu’on accorde généralement à Gutenberg a aussi modifié largement la manière de lire et consulter une œuvre.

        En ce qui concerne le changement de rapport de l’auteur à son texte, l’exemple de Marot est sûrement le plus parlant. Pour commencer, Marot a une forte intention d’auteur : pour éviter que ses textes ne soient modifiés ou appropriés par les orateurs ou les chanteurs qui les adaptent, il fait mention de son propre nom dans ses textes, pour établir un lien de paternité. Comme Montaigne et ses Essais, il réédite plusieurs fois son œuvre majeure, L’Adolescence Clémentine qu’il modifie et enrichit tout au long de sa vie.

        L’imprimerie – et en particulier son ami auteur et imprimeur Étienne Dolet, qui l’aidera grandement –  va lui permettre de faire de son recueil plus qu’une simple accumulation de ses textes : l’ordre de leur apparition, et la partition de son œuvre selon les formes (rondeaux, épîtres, ballades etc.) et les époques d’écriture va permettre à Marot d’orienter le lecteur et d’ajouter du sens à ses textes.

À travers l’impression de son livre, Marot a conscience du contrôle qu’il récupère sur son œuvre : dans une lettre à un frère qui introduit L’Adolescence Clémentine, il évoque le « déplaisir » qu’il a eu à « ouïr crier et publier par les rues une grande partie toute incorrecte [de son œuvre], mal imprimée, et plus au profit du Libraire qu’à l’honneur de l’Auteur » comme l’une de ses principales motivations pour la mettre en forme et l’imprimer.

        L’imprimerie va aussi changer le rapport du lecteur aux œuvres : leur multiplication et les progrès rapides dans leur impressions vont drastiquement changer la manière même que les gens ont de lire. L’invention de la marge permet au lecteur de faire des annotations sur ses textes, et ces annotations sont cruciales : on en trouva par exemple sur l’une des éditions des Essais de Montaigne, faites par lui-même, qui permit de rééditer son œuvre de manière enrichie, et ce, même après sa mort. L’invention de l’index permet une meilleure navigation dans l’ouvrage, et permet au lecteur de choisir ce qu’il lit. Enfin, des imprimeurs innovants, comme Guillaume Budé, accéléreront grandement la redécouverte de la littérature antique, en proposant des traductions innovantes, qui juxtaposent le texte antique et sa traduction, pour une meilleure compréhension.

        En définitive, l’imprimerie est sûrement l’une des inventions ayant le plus marqué la littérature de ce siècle, en amenant des innovations jamais vues auparavant dans la relation entre l’auteur et son lecteur, et permettant à l’auteur d’imposer sa vision de son œuvre et de créer un véritable héritage littéraire.

        Le XVIème est aussi le siècle de l’affirmation de la langue française comme langue artistique. En 1539, François Ier signe rédige et signe l’édit de Villers-Cotterêts qui impose le français comme langue administrative à la place du latin. Si cet édit ne concerne que la langue bureaucratique, il est cependant révélateur de la volonté de donner une place plus importante au français.

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