L'impact de la colonisation sur les chefferies traditionnelles
Compte Rendu : L'impact de la colonisation sur les chefferies traditionnelles. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar chocodi07 • 21 Avril 2014 • 7 633 Mots (31 Pages) • 926 Vues
En Afrique subsaharienne, l'expansion coloniale s'était déjà effectuée bien
avant la tenue de la conférence de Berlin
1(*)
, notamment avec les voyages
de reconnaissance entrepris par les chantres de la colonisation avec ou
sans la subvention de leurs Etats respectifs.
Ainsi, après la signature des premiers traités entre le lieutenant de vaisseau
Edouard Bouët-Willaumez et les chefs gabonais Antchuwè Kowè
Rapontyombo le 9 février 1839 et Louis Ré-Dowè le 18 mars 1842, le petit
poste français du Gabon
2(*)
fut fondé le 18 juin 1843 à la suite d'une
expédition organisée par Edouard Bouët-Willaumez, alors gouverneur au
Sénégal
3(*)
, et conduite par le capitaine de corvette Monléon.
Installés sur la côte gabonaise, les Français entreprirent d'étendre leur
influence vers l'intérieur du pays. Ainsi, au fil de la pénétration, la petite
possession française de l'estuaire du Como s'agrandit considérablement
jusqu'aux territoires environnants. Mais l'hinterland restait méconnu des
Européens qui traitaient avec les populations du littoral, laissant à ces
dernières le quasi monopole des échanges commerciaux intérieurs.
Sous l'effet de la révolution industrielle qui a fait triompher la société
capitaliste au cours du XIX
ème
siècle, la France poursuivit une nouvelle
politique d'expansion impériale en Algérie et en Sénégambie pour
compenser les préjudices de la défaite que lui avait infligée l'Allemagne en
1871, ce qui intensifia encore la compétition coloniale entre les puissances
européennes
4(*)
. Cette politique provoqua ainsi la ruée des Européens vers
certaines régions du Gabon, brisant, du même coup, les bases des
économies tant de la côte que de l'intérieur.
Après 1871, lors d'une première mission d'exploration (août 1875-
novembre 1878), Pierre Savorgnan de Brazza, à la recherche des voies de
pénétration vers le centre de l'Afrique afin de joindre les sources du Nil, est
arrêté par les rapides de Masuku et la chute de Poubara. Il entre ainsi en
contact avec les peuples du cours supérieur du Lebani
5(*)
. Il s'entend avec
eux et installe son quartier général sur la rive droite de la Pasa.C'est lors
d'un deuxième voyage (décembre 1879-juin 1881) que naîtra le poste
d'administration colonial de Franceville, dirigé à sa création par le quartier-
maître Gustave Noguez.
Parler de la « colonisation au Gabon » au XIX
ème
siècle, particulièrement
pour le laps de temps allant de 1880 à 1910, paraît inadmissible pour
certains historiens qui pensent que ce siècle, en Afrique équatoriale, est
celui des explorations. Il convient, ici, de préciser, comme l'indique Pierre
Guillaume, que, « si l'on se réfère aux schémas métropolitains, les
administrations coloniales apparaissent toujours [...] comme des régimes
d'exception, ce qui s'explique par leurs origines mêmes [...]. L'entreprise coloniale n'a jamais été la mise en place immédiate d'un système
administratif cohérent. Elle est soit acte de conquête, soit implantation
économique et, en premier lieu, commerciale. Tous les territoires coloniaux
sont donc passés par une phase transitoire au cours de laquelle le pouvoir
appartenait soit à l'armée et à la marine, soit aux représentants des
compagnies privilégiées »
6(*)
. Dans le même sens, le gouverneur général
Victor Augagneur écrivait que « ces entreprises de colonisation passent
fatalement par une première phase, celle de l'occupation, qui ne va pas
sans heurt avec les autochtones : c'est la période, pendant laquelle, l'action
est dévolue aux militaires, aux explorateurs »
7(*)
.
A la lumière de ce qui précède, parler donc d'administration coloniale dans
la région de Franceville entre 1880 et 1910 ne doit nullement paraître
étonnant, car le fait colonial c'est d'abord la présence d'une administration
étrangère.
En effet, dans cette région, non seulement la direction du poste
d'administration coloniale de Franceville est confiée au quartier-maître de la
marine Gustave Noguez en
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