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L'illusion créée par le théâtre permet-elle de rapprocher le spectateur de la réalité ou plutôt de l'en éloigner ?

Lettre type : L'illusion créée par le théâtre permet-elle de rapprocher le spectateur de la réalité ou plutôt de l'en éloigner ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2014  •  Lettre type  •  1 115 Mots (5 Pages)  •  693 Vues

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Le genre théâtral compose une grande partie de la Littérature, et ce, depuis l'antiquité jusqu'à aujourd'hui. La plupart des pièces de théâtre sont destinées à être joué, d'après Molière: « tout le monde sait que les comédies ne sont faites que pour être jouées ». Cependant, certains auteurs ont écrit des pièces destinées à être uniquement lues (Spectacle dans un fauteuil, Musset). Lorsqu'il est joué, le théâtre créer une sorte d'illusion.

Justement, l'illusion créée par le théâtre permet-elle de rapprocher le spectateur de la réalité ou plutôt de l'en éloigner ?

Nous verrons tout d'abord en quoi cette illusion éloigne le spectateur de la vérité. Puis dans un second temps, nous verrons en quoi elle le rapproche.

Alfred de Musset ouvre sa pièce On ne badine pas avec l’amour écrite en 1834 par une scène qui peut paraître absurde sur plusieurs points. La présence d’un personnage nommé « Le Chœur » est théâtrale par essence, simple intermédiaire entre le monde de la scène, des personnages et le monde des spectateurs. Ce personnage présente et dramatise l’entrée en scène des autres personnages, Maître Blazius et Dame Pluche, dans cette scène d’exposition en s’adressant directement aux spectateurs. La théorie du quatrième mur qui voudrait que acteurs et spectateurs soient deux mondes séparés, que les spectateurs assistent à la représentation sans que les acteurs se sachent observés, est ici refusée. Ensuite les personnages de cette scène sont des pantins, des mécaniques caricaturales. Maître Blazius est le stéréotype de l’ivrogne qui demande en premier, « un verre de vin frais », tandis que Dame Pluche, sèche comme une trique, demande « un verre d’eau et un peu de vinaigre ». Enfin, cette scène est aussi invraisemblable dans son écriture. Maître Blazius et Dame Pluche se succèdent au même endroit pour y tenir deux discours symétriques : « Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur […] revient aujourd’hui même au château » dit Maître Blazius ; « Sachez, manants, que la belle Camille, la nièce de votre maître, arrive aujourd’hui au château » dit Dame Pluche. Alors que Maître Blazius est « doucement bercé sur sa mule fringante », Dame Pluche est « durement cahotée sur son âne essoufflé ». Toutes ces invraisemblances ne nuisent cependant pas à l’illusion théâtrale car ce parallélisme engendre le rire chez les spectateurs, charmés et amusés par des personnages caricaturaux qui surgissent et disparaissent dans un décor rococo.

De même, dans Le Jeu de l’Amour et du Hasard de Marivaux écrit en 1730, les invraisemblances s’accumulent : Dorante et Sylvia ont par hasard la même idée en même temps d’intervertir leurs habits avec ceux de leurs valets. Aucun personnage ne se rend compte de la supercherie, Arlequin est persuadé de parler à Sylvia et Lisette de s’adresser à Dorante. Les valets déguisés en leur maître parlent d’une façon ridicule pour essayer de leur ressembler, mais ils n’y arrivent pas, « Je brûle, et je crie au feu » dit Arlequin pour déclamer son amour. Ce quiproquo installe tout de même l’illusion théâtrale car les spectateurs ont connaissance de l’action des deux camps et rient donc du double tour qui est joué. Le spectateur devient actif, il ne se demande plus ce qui va se passer mais plutôt comment les personnages vont se sortir de cette situation.

La scène d’En attendant Godot de Samuel Beckett est en tous points déstabilisante, surprenante

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