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L'humour Dans Le Comité D'Ibrahim

Dissertation : L'humour Dans Le Comité D'Ibrahim. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Juin 2014  •  2 276 Mots (10 Pages)  •  596 Vues

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Dans Le Comité, l’humour est exploité sous forme d’allégories absurdes. L’allégorie peut être définit comme ayant « toujours une valeur symbolique. De plus, elle est uniquement employée pour illustrer une abstraction, […] ». On peut aussi la comprendre comme étant une métaphore amplifiée. Quant à l’absurde, la définition de Lagarde et Michard explique que :

« En fait, ce n’est pas le monde qui est absurde mais la confrontation de son caractère irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l'homme. »

Ils ajoutent aussi que l’absurde apparait lorsqu’on se pose la question « pourquoi ? » face aux habitudes et aux répétitions dans la vie quotidienne. Le doute vient du « sentiment d’étrangeté de la nature, de l’hostilité primitive du monde auquel on se sent tout à coup étranger ».

C’est en effet à travers sa proposition de dualité entre le corps et l’âme ainsi que le Comité comme institution que Sonallah Ibrahim implique l’absurdité de la société égyptienne moderne. L’humour s’insère dans l’absurdité grâce à la définition que nous donne Bergson :

«Tout le sérieux de la vie lui vient de notre liberté. […] Il faudrait se figurer que la liberté apparente recouvre un jeu de ficelles et que nous sommes ici-bas, comme dit le poète `d’humbles marionnettes dont le fil est aux mains de la Nécessité` ».

Il définit aussi qu’ « est comique tout arrangement d’actes et d’évènements qui nous donne, insérés l’une dans l’autre, l’illusion de la vie et la sensation nette d’un agencement mécanique. » L’absurdité est comique puisqu’elle expose un questionnement face aux caractères mécaniques et répétitifs de la vie pour lesquels nous n’aurions pas un contrôle.

Dans le Comité, Sonallah Ibrahim utilise les allégories absurdes afin de dénoncer et de ridiculiser l’État d’Égypte. Il met en scène un protagoniste arabe et un comité international, ce que l’on comprend par les appellations telles que « le blond » ou « la langue du Comité ». Par exemple, alors que le protagoniste se présente devant le comité afin de faire valoir ses capacités intellectuelles, on lui demande de danser, de parler de ses actes sexuels, puis de se déshabiller. N’enlevant que son pantalon, le narrateur comprend à travers les regards des membres du comité qu’il doit s’exposer complètement nu. Il enlève donc sa culotte « tandis que les membres du Comité examinaient attentivement [sa] nudité ». Ici, on peut percevoir la nudité du protagoniste ainsi que l’insistance du Comité de le voir ainsi comme une allégorie. Le Comité représenterait le marché occidental, tentant de pénétrer dans le marché Égyptien à travers les faiblesses de ce dernier (Alkodimi & Omar). Cette allégorie devient encore plus évidente lorsqu’un des membres du comité lui demande de se pencher et lui fait un toucher rectal. On s’éloigne alors de l’entrevue pour déshumaniser le protagoniste et en faire une marionnette, un amusement publique. La scène se poursuit avec le protagoniste qui fait un discours sur Coca-Cola comme étant le « symbole [du XXe siècle] aux yeux des générations futures » (Ibrahim, p.21). Il termine son exposé et devant le silence du Comité, il se rappelle qu’il est nu : « Debout devant eux, sans slip ni pantalon, je me sentais mis à nu, et pas seulement au sens propre » (Ibrahim, p.28). Cela n’empêche pas le Comité de lui poser un autre sujet d’exposé et lui de répondre, toujours nu. Le Comité, représentant allégoriquement les multinationales étrangères, a plein contrôle sur le protagoniste et le scrute sous tous ses aspects, sans en retour lui donner la moindre information sur ce qu’est le Comité. L’auteur critique ce système à une voie, où les capitalistes étrangers imposent leur puissance en Égypte. Il critique aussi le protagoniste, représentant l’État d’Égypte et son président, qui se laisse ainsi humilier et qui tente de plaire, bien qu’il ne sache pas à qui il a affaire (Alkodimi & Omar).

Sous Nasser, à partir de 1961 :« […] l’État nationalise la plus grande partie du système d’échange et de production de l’économie pour se tourner vers […] le ``nationalisme arabe`` » (Cottenet-Djoufelkit, p.148).

L’idée est de mieux contrôler les richesses pour mieux les répartir. L’autre but étant d’atteindre une indépendance économique pour obtenir une indépendance politique. Il est a souligné que l’Égypte entretient une étroite relation avec l’URSS, celle-ci étant son principal partenaire de marché de 1957 à 1973. Toutefois, l’Égypte connait de graves problèmes économiques en 1964 au niveau national et donc échoue dans son plan de créer un État indépendant. Le gouvernement n’a pas d’autre possibilité que de laisser plus de liberté sur l’industrie aux agents étrangers et ouvre de plus en plus le marché aux pays extérieurs. Cette extériorisation prend une forme concrète avec la politique de Sâdât, dite politique de « la porte ouverte » (infitâh). Cette politique, élaborée en 1973, apparait suite à la dégradation des liens avec l’URSS, donc l’Égypte se cherche des alliés dans le bloc occidental avec la libéralisation de l’économie (Cottenet-Djoufelkit, p.54-55). Du point de vue d’Ibrahim, la politique de Nasser a réussi à donner une dignité et une identité aux Égyptiens, alors que les présidents qui l’ont suivi sont des traites qui ont détruisent la culture et l’histoire du pays en le soumettant aux pays occidentaux (Ibrahim, 2011).

D’autres exemples d’allégories absurdes représentent comment l’Égypte est devenue une colonie économique pour les pays capitalistes. Ces pays, après s’être implantés dans l’Égypte, ont imposé une idéologie de société de consommation (Alkodimi & Omar). Ainsi, ils vendent plus et font plus de profits alors que les Égyptiens pensent avoir évolué en adoptant le mode de vie des pays occidentaux. La critique repose alors à savoir si c’est vraiment une forme d’évolution, ou si c’est simplement une forme d’aliénation. Entre autres, deux passages du Comité illustrent bien ce phénomène.

Le premier est le monopole de Coca-Cola. Le protagoniste est très bien renseigné sur l’histoire de la compagnie ainsi que son rôle dans le monde contemporain. Il décrit la marque comme étant le symbole du monde contemporain, et ayant comme seul rival l’eau du robinet (Ibrahim, p.23, 127). Il est donc bien placé pour savoir quel est le phénomène de consommation et pour s’y opposer, ce qu’il fait idéologiquement. Mais son corps lui fait défaut, et il a besoin d’étancher sa soif. Il se retrouve alors devant un marchand n’ayant

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