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L'esthetique De L'oralité Dans L'oeurvre

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Par   •  11 Janvier 2015  •  2 297 Mots (10 Pages)  •  1 071 Vues

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PLAN

Introduction

Chapitre1 : l’oralité à travers l’écriture de la mémoire

1-1-L’Ainé des orphelins comme voix (parole intérieure)/voie de la mémoire (analepses et prolepses)

1-2-L’Ainé des orphelins comme motif et moteur de l’histoire/ de l’Histoire (la mémoire comme moyen de dénoncer, de sauvegarder et de pérenniser le souvenir de l’indicible)

Chapitre2 : L’Estampille de l’oralité dans l’Ainé des orphelins

2-1-La présence du /sorcier-sage (utilise des proverbes/ récurrences surnaturelles (itumba/rocher de la kagéra/)

2-2-Les répétitions (occurrence)

2-3-Les interjections

Chapitre3 : l’Oralité à travers l’écriture subversive (transgressive)

3-1-Le langage interdit (le bas-langage/le tabou/l’argot)

3-2-La mis

e en abyme : le récit aby(i)mé

3-3-L’ironie

Conclusion

L’Ainé des orphelins est à maints égards un écrit où la portée de la mémoire et de la parole est manifeste voire déterminante. Il se présente comme un récit où se confondent plusieurs voix répondant chacune à une volonté de témoigner du génocide. Cette polyphonie narrative permet de ce fait de laisser apparaitre divers points de vue sur l’évènement mais aussi sur la manière dont celui-ci a été vécu car l’action principale se déroule quelques années après la tragédie dans un pays ravagé par toutes sortes de blessures et de souffrances. Il y est question d’un enfant, rescapé-survivant, qui raconte ses souvenirs d’antan à partir d’un cadre spatial pas des moins rassurant à savoir la prison. Ce travail de mémoire que fait le narrateur nous donne à lire des rappels tantôt personnels, tantôt historiques où l’Histoire du Rwanda se trouve incessamment convoquée voire parfois hostilement mise à nu et ce à travers un regard d’enfant. C’est pourquoi ce roman nécessite à notre sens une étude sur le partage et le témoignage de cette expérience, lesquels seront permis par l’un des procédés dont le récit est tissé à savoir l’oralité. Ce moyen est en effet fortement sollicité ce qui d’emblée éveille notre curiosité de chercheur et nous pousse à voir comment celui-ci se déploie dans l’œuvre, quels en sont ses marques et à quels enjeux et à quelle finalité répond-t-il ?

1-1-L’Ainé des orphelins comme voix (parole intérieure)/voie de la mémoire (analepses et prolepses)

Indiscutablement, l’Ainé des orphelins est une écriture de la mémoire du génocide. A la lecture de ce récit, les souvenirs du passé et du présent s’entremêlent et s’enchevêtrent pour nous permettre d’évaluer le changement et la vitesse de ce dernier. Notons que les souvenirs de ce que Faustin appelle l’avènement jaillissent par parcelles et de façon irrégulière. Nous pensons que cela n’a pas été fait gratuitement encore moins explicitement ce qui inscrirait d’ores et déjà le récit dans une intention de dénonciation.

Le récit se situe en 1999, c'est-à-dire cinq ans après le génocide. Le narrateur Faustin Nsenghimana, l’adolescent de 15ans né d’un père hutu et d’une mère Tutsi, nous parle de ce qu’il a pu voir et vivre après le désastre qui a couté la vie à ses parents. C’est dans la prison où il est détenu depuis trois ans qu’il nous restitue ses souvenirs d’avant et d’après les évènements qui se sont déroulés dans son village natal à Nyamata et qui ont fait de sa vie un cauchemar :

« Je vivais avec mes parents au village de Nyamata quand les avènements ont commencés. Quand je pense à cette époque c’est toujours malgré moi mais chaque fois que cela m’arrive je me dis que je venais d’avoir dix ans pour rien »

Le narrateur exprime une mémoire de souffrances dans un espace qui étouffe sa voix le cantonnant au domaine de la parole intérieure. Intérieure parce qu’elle se présentera sous forme d’un monologue où la prise de parole se fait solitaire. A travers les diverses révélations, c’est non seulement toute la douleur qui régit le rescapé et l’enfant qu’il était mais aussi toute la déchéance que connaitront femmes et enfants après le désastre qui se trouve mis à nu. C’est, à titre d’exemple, de prostitution que sera faite la vie de femmes qui ont perdu leur mari « pour entretenir la marmaille » qu’elles avaient et de mésaventures et de ruine celle des enfants qui livrés à eux-mêmes menaient une vie d’instabilité et de malheurs. Ceux-ci vivaient dans ce qu’ils appelaient ironiquement le QG, un lieu d’infortune qui leur servait d’abri. Le narrateur nous le décrit ainsi :

« Le fameux QG se situait dans un no man’s land perdu entre les bidonvilles de Muhima et le boulevard de Nyabugogo. Une aubaine ! Alors que dans la ville surpeuplée par les soldats et par les réfugiés, on dormait à quinze par pièce, lui, il avait trouvé ça. Un bâtiment abandonné envahi par une herbe si haute qu’il était invisible du boulevard mais encore neuf. Tout neuf : c'est-à-dire inachevé ! Les portes n’avaient pas été mises et le perron était à l’état d’ébauche. Le sol se hérissait de pierres pointues (les maçons n’avaient pas eu le temps de damer). Par chance, on avait eu la bonne idée de terminer la charpente. Et Musinkoro qui pensait à tout avait disposé là-dessus des cartons, des sacs de jute, des bouts de tôle et des fûts éventrés pour se protéger de la pluie (…) il y’avait là une bonne vingtaine de gamins des deux sexes dont certains, à vue d’œil, n’avaient pas atteint dix ans »

Ravagée par une si insoutenable indigence leur vie errante va les conduire au vol et à la prostitution. Voici un extrait qui démontre parfaitement la débauche et la perversion auxquels ces adolescents vont s’abandonner :

« Les filles devaient afficher un air assez malheureux pour émouvoir les riches passants mais dans des tenues suffisamment pour, le cas échéant, pouvoir se glisser dans le lit des vicelards qui ont du pognon. Et leur garçon, outre leur boulot de cireurs ou de portefaix, se devaient de rassembler dans les caches tout aliment ou bijoux qu’ils pouvaient choper sans se faire prendre »

Cependant, l’un

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