LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L'Amant, Marguerite Duras

Commentaire de texte : L'Amant, Marguerite Duras. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Juillet 2020  •  Commentaire de texte  •  1 917 Mots (8 Pages)  •  1 408 Vues

Page 1 sur 8

L’AMANT de Marguerite DURAS

Etude en 2 parties :

Le texte et ses effets de style, la portée de l’œuvre et le prétexte du visage comme support d’une revendication syntaxique bouleversée par Marguerite DURAS.

La structure du texte

L’emploi des temps passé composé, présent :

Marguerite DURAS choisit avec soin son temps grammatical. Elle évite la forme qu'elle qualifie de trop  littéraire du passé simple qui indique que l'action s'est produite dans un temps défini et n'a pas de conséquence dans le présent.

Elle privilégie le passé composé qui signifie que l'action s'est produite dans un temps indéfini, généralement récent, et peut avoir des conséquences dans le présent. De la sorte, son récit prend une consistance temporelle plus étoffée  qui lui laisse en même temps l'espace de s'exprimer par des phrases courtes, parfois seulement des mots, afin de donner une linéarité à son récit plutôt que de le placer sous cloche de façon inerte et définitive.

Le passé composé présente aussi l’avantage de définir des état, des circonstances, des faits révolus et immuables comme autant de constats définitifs.

L’emploi de ce temps lui sera précieux dans le texte tiré de l’Amant dans sa partie relative à l’aspect physique de son visage. L’état du visage est tels qu’il lui paraît, mais le passé composé lui permet le retour en arrière avec cet inconnu qui n’est autre que le Janus de sa propre identité qui va seul, la trouver plus belle vieille que lorsqu’elle était jeune. Car en vérité le passé composé bien que faisant état de constats factuels, n’est pas totalement accompli et laisse une véritable place à d’autres appréciations quant à elles au présent : ‘bien que le visage détruit’, elle ‘demeure toujours là’.

Cette forme de passé composé renforce l’effet de progressivité de la dégradation irréversible de l’état physique mai agit comme un ‘laisser-passer’ entre le passé et le devenir. Quand Marguerite DURAS écrit ‘ce visage là je l’ai gardé’ alors elle vient à superposer le passé et le présent. Reste au lecteur de se résoudre à considérer un état ou un autre, mais toujours est-il que le choix lui est laissé.

C’est là un jeu extrêmement subtil de l’usage du passé et du présent à la limite de la faute grammaticale, mais d’une force narrative peu commune et nouvelle à l’époque de l’écriture de l’œuvre.

En terme grammatical, l’ensemble de la construction de ce passage de l’Amant oscille entre le présent, le passé composé, mêlant tour à tout le vrai et le faux, le rappel de souvenirs, le rêve, l’illusoire, le tout opposé à une fracassante réalité dont l’auteure finit par nous faire douter comme d’ailleurs elle-même apparaît nettement en douter. Marguerite DURAS n’est pas à un paradoxe près !

L’introspection dans le texte :

Marguerite DURAS noue une intrigue, comme on tisse une toile, apparaissant s’interroger sur elle-même dans une introspection dont elle peine à sortir. En quelque sorte son ‘accusateur’ objectif ou plutôt son ‘observateur’, miroir sans concession sous la forme de cet homme qui lui parle n’existe vraiment que dans sa propre pensée ou ses propres fantasmes. Au travers de ce personnage imaginaire, elle se dépeint avec distance comme pour garder le pouvoir sur le temps et les dégradations dont elle s’afflige. Nous comprenons qu’elle en souffre, mais ne savons jamais en vérité de quoi elle souffre véritablement. Cet homme nous est parfaitement inconnu, et paradoxe, lui est aussi, à elle, pourtant auteure, tout autant inconnu. il est le colporteur de la pensée populaire ‘tout le monde dit’ écrit-elle. Mais qui se fait l’écho de qui ? Personne ne le sait.

En approchant le récit avec plus de précision, Marguerite DURAS nous fait comprendre que les souvenirs de cet homme, ce Janus d’elle-même, ne coïncident pas avec la réalité connue de tous. Car en effet la réalité est que si la femme a vieilli, elle a conservé intacte toute la structure de son visage, sur la base de la fibrine de sa chair restée, elle, totalement intacte. En vérité, l’auteure se reconnait comme si elle était jeune car en vérité son esprit l’a toujours, comme sa fibrine, conservée jeune et belle. Le récit illusoire de cet observateur vaporeux ne coïncide en rien avec la réalité.

Nous somme là dans le discours allusif, forme de style extrêmement particulier et difficile à manier, le style allusif nous apparaît vaporeux, négligent même laissant filtrer un état d’évasif et qui rend le trait presque flou. C'est une forme d'écriture aérienne difficile à saisir mais qui conduit le réel aux confins de l'imaginaire.

Finalement tout le monde est trompé ! tant la mémoire de l’imaginaire que la rude cruauté des observateurs. L’homme imaginaire décrit d’une ‘femme âgée’ qu’il préfère à son état de jeunesse, quant aux ‘gens’, il sont ‘impressionnés par le vieillissement précoce’ de la femme.

Mais il ressort de l’effet de style puissant que l’identité réelle de l’auteurs manifeste l’existence d’un état passé vers un état présent, anticipant un futur plus cruel encore. Marguerite DURAS nous dit que le passage entre le passé et le présent ‘dont elle n’a pas parlé’ ne peuvent être considérée que de façon réductrice en forme de chimère par les observateurs ignorants de l’être profond.

La forme du récit  et les effets de style :

Reine du vocabulaire minimum et la phrase courte : M. DURAS déclare 'Le mot compte plus que la syntaxe. C’est avant tout des mots, sans articles d’ailleurs, qui viennent et qui s’imposent. Le temps grammatical suit, d’assez loin'. L'auteure recherche une précision terminologique ciselée, désincarnée, capable de restituer au plus juste les expériences singulières qu'elle décrit. C'est sa propre façon d'être pudique avec elle-même.

la répétition :  Marguerite Duras déclare à propos d’elle-même 'moi, je suis peut-être une chambre d’écho' ; l’image vaut évidemment pour la plupart de ses récits, très souvent construits à partir de la reprise et de la réécriture de séquences narratives de thèmes récurrents, de mots répétés à l'envie, qui reviennent et se répondent à l’intérieur d’un même texte, voire d’un texte à l’autre. Les répétition rythment le style tout en le rendant plus pesant ce qui est un paradoxe.

l’articulation linéaire du dialogue :

...

Télécharger au format  txt (12.4 Kb)   pdf (82.5 Kb)   docx (13.5 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com