LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Kamel Daoud et la question de l'Histoire/Mémoire

Dissertation : Kamel Daoud et la question de l'Histoire/Mémoire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Avril 2021  •  Dissertation  •  963 Mots (4 Pages)  •  352 Vues

Page 1 sur 4

Kamel Daoud et la question la question de L’Histoire et de la Mémoire

Notre présent et notre entourage immédiat ne sont en réalité que le prolongement d’un passé révolu mais qui persiste en se manifestant dans de différentes représentations. La volonté de rendre présent ce Passé fait que l’on aménage des lieux où il serait possible de le préserver. Cependant, les représentations du passé sont loin d’être exempts d’interrogations, notamment la problématique de la Mémoire et de l’Histoire. Il s’agit en effet d’une problématique centrale sur laquelle nombre de chercheurs ont développé des réflexions.

La Mémoire et l’Histoire, si leur principal point commun est de perpétuer les souvenirs du passé, la manière d’envisager ces souvenirs représente l’élément central de divergence.

Considérée comme une mère, pour reprendre Paul Ricœur, la mémoire permet une présence actualisé des évènements du passés, un perpétuel rafraîchissement. Elle est souvent une forme individuelle ou sociale d’évocation de ce qui a été, à laquelle on oppose l’Histoire qui est une forme critique et « scientifique ». Cette dernière intervient pour opérer des régulations et des vérifications dans la multitude des récits qu’offre la Mémoire, sans vouloir s’en passer complètement. Il s’agit d’un jeu d’équilibre entre deux champs où de nombreux facteurs opèrent des influences.

La mémoire est de côté du réconfort, de la possibilité de tri. Les individus y font parfois recours afin de ressusciter un passé glorieux, héroïque au détriment d’un présent peu reluisant. Elle permet de faire valoir son récit et sa version des faits, de renforcer un sentiment d’identité. Selon Pierre Nora, « c’est un lien toujours vivant au présent, sensible à tous les transferts ».

L’Histoire de son côté prend de distance et de recule, vérifie les sources et procède par la critique mais n’échappe cependant pas à des orientations politiques et à des jeux de pouvoir qui tendraient plutôt à imposer des versions des faits en suivant une idéologie particulière.

Toutefois, entre l’absolu qui est la mémoire et le relatif qui est l’Histoire, il y a aussi une place pour l’oubli qui est une donnée bien présente. Le souci derrière une interrogation visant les trois pôles est de trouver un équilibre. L’intérêt est aussi, selon Ricœur, de ne pas tomber dans l’excès tout en cherchant de sens.

Ainsi, on se réfère dans le cadre de notre recherche au cas de l’écrivain algérien, Kamel Daoud qui développe une réflexion critique dans ce sens  à travers notamment son roman Meursault contre enquête. L’auteur reprend et révise le roman l’Etranger d’Albert Camus, un monument de la littérature française et  universelle, en proposant une autre version des faits de point de vue de l’Arabe. Le narrateur Haroun, prend en charge le récit et raconte l’histoire de son frère Moussa assassiné par Meursault.

En effet, loin d’être une simple réplique qui met face à face les deux œuvres, Kamel Daoud parle plutôt d’un prétexte pour le texte. C’est un point de départ que l’auteur investit pour réfléchir entre autres, l’Histoire et la mémoire.

D’une part, cette nécessité de se souvenir, de raconter le passé, de dire son récit met en scène le personnage Haroun dans le contexte de l’Algérie de l’indépendance. Un personnage qui porte cette mémoire toujours vivante, un témoignage qui accompagne son présent. Le sentiment de réconfort est bien ressenti tout comme la quête de reconnaissance et de justice. D’autre part, il, Haroun, incarne une génération emprisonnée, écrasée par la mémoire trop pesante qui se présente comme un héritage lourd de par son excès. Le présent cède la place au passé et la génération d’après l’indépendance est submergée par les « héros » de la guerre. Cet héritage de mémoire se transforme par ailleurs en culte d’Histoire fétichisé selon l’expression de l’auteur. Une Histoire qui sert de fond de commerce servant une certaine vision des tenants du pouvoir et une idéologie qui, au lieu d’informer et d’ordonner le passé, se trouve garante de la légitimité de ceux qui la promeut.

...

Télécharger au format  txt (6.2 Kb)   pdf (55.4 Kb)   docx (9.1 Kb)  
Voir 3 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com