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Joyeuse Vie

Note de Recherches : Joyeuse Vie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Janvier 2013  •  876 Mots (4 Pages)  •  901 Vues

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Commentaire littéraire

I- Une enquête dans le " morne enfer " de la misère

Précédée d'une quadruple exclamation qui dénonce le luxe dans lequel vit l'empereur, cette partie du poème est toute entière consacrée au récit du voyage à Lille. Aux " châteaux " et " liste civile ", c'est-à-dire aux sommes d'argent allouées à Louis-Napoléon pour ses dépenses personnelles, s'oppose l'" enfer " lillois. Pour y accéder, il faut deux conditions : s'éloigner du centre du pouvoir et " descendre " (vers 2), c'est-à-dire pousser des portes. Comme celui que décrit, dans La Divine Comédie, Dante Alighieri auquel il sera fait allusion plus loin, le voyage que narre Hugo est initiatique. Il initie en ce sens (étymologique) qu'il révèle des choses ordinairement soustraites au regard du non-initié, du profane :

Un jour je descendis dans les caves de Lille ; (vers 2)

L'alexandrin, coupé à l'hémistiche, débute par une imprécision volontaire. Ce " jour " n'a pas besoin d'être précisé davantage. Les circonstances du voyage sont éludées car elles importent peu. Seule compte la rupture de ce " jour ". Le poème se fait à la fois initiatique et autobiographique. Il a, pour première valeur, la force du témoignage : ce que j'ai vu est vrai puisque moi, Victor Hugo, j'ai pris le risque de " descendre dans les caves de Lille ". L'authenticité de cette parole est garantie par la liberté et la nouveauté du témoignage. " J'ai vu ce que nul encore n'a pu voir ", semble dire le poète revenu d'une descente aux enfers qui fait de lui l'égal de quelques héros de la mythologie grecque, Orphée en tête. " J'ai vu le royaume des ombres, le royaume des morts ", ajoute-t-il :

Des fantômes sont là sous terre dans des chambres, (vers 4)

Entre vie et mort, comme l'enfant de Souvenir de la nuit du 4, des êtres survivent. Hugo va maintenant pouvoir multiplier les notations descriptives qui montrent qu'une vie inversée s'est développée dans ces caves. Ces êtres en effet ne marchent pas comme les autres : ils sont " courbés, ployés " (vers 5). Hugo trace une flèche qui mène d'un constat sur leur triste état physique (strophe 2) à leurs mœurs (strophe 4). La prostitution est une conséquence de la misère et de la faim. L'immoralité ne peut être jugée en termes seulement moraux justement, mais économiques et politiques. " Classes dangereuses ", " classes laborieuses ", " classes miséreuses " ne font qu'un :

ô travailleurs (vers 15)

Misère ! L'homme songe en regardant la femme. (vers 19)

L'exclamation et l'argument se confondent dans ce mot-clé de la pensée hugolienne. " Misère " renvoie à la fois aux conditions économiques et sociales de ces hommes et de ces femmes et, dans un sens chrétien, au sort réservé à l'être humain par le Créateur. Pitié et indignation ne sont pas séparables chez Hugo :

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