Invention sur la méta-théatralité

Invention

I. Ces textes ont été regroupés dans un corpus dont le thème est la méta-théâtralité. Ce mécanisme est en fait une mise en abyme du théâtre à l'intérieur même d'une pièce, d'un spectacle ou simplement d'un essai. Dans le premier texte de Molière, il s'agit d'une scène de préparation à une répétition d'une pièce au cours de laquelle l'auteur distribue les rôles et les consignes de jeu de chaque personnage. Dans le texte B, Marivaux a déjà assigné les rôles à chacun et les comédiens commencent à jouer. Le metteur en scène, Merlin, joue son propre rôle et mêle directives et comédie si bien qu'on ne voit plus la limite entre la réalité et la dramaturgie : cela tourne même parfois au burlesque ! Rousseau, quant à lui, dans sa lettre à d'Alembert, est plutôt dans le jugement du métier de comédien : il y souligne, en effet, les avantages dont celui-ci peut tirer profit dans la vie de tous les jours. Quant au dernier texte, Anouilh nous fait assister, comme Molière dans l'Impromptu, à une scène de répétition qui mélange réalité et fiction entre le comédien et une partenaire pour laquelle il nourrit de tendres sentiments et qui vient de le repousser ; ce qui mène à une confusion intéressante : les reproches de Lucille au Comte sont-ils "joués" ou sincères ?

II. A et B se questionnent, assis sur un banc au bord de la scène, à gauche :

A : Mon cher, l'autre jour j'ai lu, je ne sais plus où, les questions actuelles des philosophes…

B : Tiens donc ! Pouvez-vous me donner un exemple ?

A : Il me semble que l'une d'elles ressemblait à ceci :" Ces hommes si bien parés, si bien exercés au ton de la galanterie et aux accents de la passion, n'abuseront-ils jamais de cet art pour séduire de jeunes personnes ?". Je crois que cela parlait des comédiens.

B : Je ne saisis pas parfaitement la question…

A : C'est simple, imaginez le décor suivant :

A et B passent dans l'obscurité et les projecteurs se braquent sur l'arrière de la scène.

A (en voix off) : Naïva est une jeune fille fraîche et séduisante d'à peine vingt ans et de nature plutôt réservée. Ce soir-là, elle traverse le parc, tenant avec difficulté un grand tableau mal emballé. Elle hume avec délice les odeurs des bougainvilliers qui offrent leurs pétales à la lumière du soleil couchant. Casanavo, comédien talentueux aux tempes à peine grisonnantes, marche à contre sens et, pris dans ses pensées, heurte la demoiselle et la fait tomber…

Casanavo en relevant Naïva dit : " Mademoiselle, les mots me manquent, pour vous présenter mes excuses ; mon intention n'était point de vous faire choir et encore moins de vous blesser !

Naïva timidement: Plus de peur que de mal, Monsieur…

Casanavo : Laissez-moi vous installer sur ce banc…

Il ramasse le tableau et s'installent tous deux sur un banc public

Casanavo

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