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Figement, défigement et traduction

Étude de cas : Figement, défigement et traduction. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Décembre 2014  •  Étude de cas  •  3 650 Mots (15 Pages)  •  636 Vues

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FIGEMENT, DEFIGEMENT ET TRADUCTION. PROBLEMATIQUE THEORIQUE

Salah MEJRI

LDI- Université Paris 13

RESUMEN

Se trata de analizar los conceptos de fijación y de desautomatización bajo la perspectiva de la traducción. Después de haber entresacado los mecanismos que rigen cada proceso, mostraremos en qué medida la fijación determina la estrategía de la traducción.

RESUME

Il s’agit d’interroger les concepts de figement et de défigement sous l’angle de la traduction. Après avoir dégagé les mécanismes qui régissent chaque processus, nous montrerons en quoi la saisie de la fixité détermine la stratégie de traduction.

1. Problématique

Si la traduction pose des problèmes réguliers en raison des différences de catégorisation et de grammaticalisation entre les langues qui se déclinent sous forme de spécificité idiomatique, avec le figement les difficultés se multiplient d’une manière croissante : s’ajoutent à la dimension idiomatique dans les transferts tropiques (les catachrèses) et les synthèses sémantiques dans le cadre des formations syntagmatiques (la globalisation), dont les équivalents d’une langue à l’autre ne sont ni systématiques ni évidents. Avec le défigement, les difficultés de traduction prennent une valeur exponentielle : aux deux premières strates d’interprétation (celle de combinatoire libre et celle de combinatoire figée) se superpose une troisième, celle du défigement, qui ne peut s’inscrire structurellement que dans les deux premières.

Nous rappellerons d’abord l’intervention de la dimension phraséologique dès la combinatoire libre (1ère strate), nous examinerons le poids du figement (2ème strate) dans la structuration des textes à traduire avant de pointer les spécificités du défigement (3ème strate). Le tout sera illustré par des exemples empruntés à la langue générale ou aux langues de spécialité, traduits du français vers l’arabe. Nous essayerons à la fin de chaque démonstration de dégager des principes directeurs pouvant mieux orienter l’interprétation du fait phraséologique à chaque strate en vue d’améliorer la traduction des textes.

2. Phraséologie et combinatoire libre

Il est d’usage de considérer la phraséologie comme un fait étranger à la combinatoire dite libre. Cela peut paraître évident, mais la réalité du fonctionnement des langues remet en question systématiquement de telles évidences. Ce qui revêt les apparences d’une liberté combinatoire totale tisse en réalité des liens de contraints d’emploi plus ou moins importants qui mettent en place les ingrédients du fait phraséologique : les collocations.

Si on entend par collocations les co-occurrences discursives appropriées, on comprend d’ores et déjà qu’il s’agit de corrélations établies entre les unités lexicales dans le cadre de leur enchaînement syntagmatique, corrélations le plus souvent privilégiées par rapport d’autres parce qu’elles sont figées plus naturelles (appropriées), et donc stylistiquement plus normées, raison pour laquelle les collocations relèvent à juste titre de l’idiomaticité des langues. En français on est envahi de joie, on déborde de joie, on est ivre de joie, on affiche sa joie, on rayonne de joie, etc. Le choix des verbes associés au nom joie n’est pas nécessairement identique d’une langue à l’autre. L’arabe même s’il partage envahi غمر, rayonnerشعّ s’en distingue par un verbe comme voler dans يطير بالفرحة(« voler de joie »). Si on administre (flanque, donne, etc.) une gifle, en français, en tunisien لفّه بكفّ « l’enrouler avec une gifle ». On peut multiplier indéfiniment les exemples. Retenons seulement que le phénomène collocationnel assure la jonction entre la vraie liberté combinatoire et l’amorce du figement. La liberté combinatoire s’obscure à travers les différentes manipulations observées avec les collocations :

(1) - la commutation : on donne (flanque, administre, allonge …) une gifle ;

- la passivation : on reçoit une gifle ;

- l’intensité : il lui a donné une de ces gifles ;

- l’itération (habitude) : il a pris sa gifle avant d’aller à l’école ;

- etc. ;

L’amorce de figement se mesure à la réduction du paradigme autorisant par exemple la commutation de l’item approprié, comme l’illustrent les verbes employés avec ordre (cf. Dictionnaire des combinaisons des mots, Robert, 2007) :

(2) - donner, lancer, adresser, envoyer + ordre

- intimer, notifier, signifier, aboyer, marteler, renouveler, imposer + ordre

- exécuter, obéir à, obtempérer à, suivre + ordre

- braver, contourner, contrevenir à, désobéir à, enfreindre, transgresser, violer + ordre

Malgré la richesse apparente de ces paradigmes, ils demeurent limités parce qu’ils engendrent une attraction lexicale syntagmatique qui sert de lien de base à la notion de co-occurrence appropriée. Si on viole un ordre, une interdiction ou toute autre contrainte, on ne voit pas bien ce l’on peut intimer d’autre en dehors de l’ordre (dans le sens courant non juridique).

Le phénomène collocationnel a également la caractéristique de porter sur toutes les articulations de la combinatoire. C’est pourquoi le caractère approprié peut concerner les relations entre :

(3) - déterminants et noms : amas (catalogue, ramassis, série…) de mensonges

- un nom sujet et un verbe : un corbeau croasse, une grenouille croasse et un chameau blatère, une explosion a lieu (se produit, survient)

- un verbe et son complément : on équeute des fruits, on accorde (porte) de l’estime à quelqu’un, etc.

- nom et adjectifs (antéposés ou postposés) : expression consacrée (figurée, figée, idiomatique, toute faite…), exposé magistral (brillant, lumineux…), une véritable (vraie, légère, moindre, grosse, grande…) difficulté.

- etc.

Ces co-occurrences ne concernent pas uniquement les relations syntaxiques, elles couvrent les trois fonctions primaires de la langue :

(4) - la fonction prédicative : rendre

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