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Extrait de la "Nuit de mai" (1835), dans le recueil les Nuits (1837) d'Alfred De Musset

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Par   •  25 Mars 2014  •  1 620 Mots (7 Pages)  •  4 039 Vues

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Commentaire du poème de Musset, extrait de la "Nuit de mai" (1835), dans le recueil les Nuits (1837) - il s'agit ici de la deuxième de ce long poème lyrique.

LA MUSE

Quel que soit le souci que ta jeunesse endure,

Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure

Que les séraphins noirs t'ont faite au fond du cœur;

Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur.

Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète,

Que ta voix ici-bas doive rester muette.

Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,

Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots.

Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage,

Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux,

Ses petits affamés courent sur le rivage

En le voyant au loin s'abattre sur les eaux.

Déjà, croyant saisir et partager leur proie,

Ils courent à leur père avec des cris de joie

En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux.

Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,

De son aile pendante abritant sa couvée,

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;

En vain il a des mers fouillé la profondeur;

L'océan était vide et la plage déserte;

Pour toute nourriture il apporte son cœur.

Sombre et silencieux, étendu sur la pierre,

Partageant à ses fils ses entrailles de père,

Dans son amour sublime il berce sa douleur;

Et, regardant couler sa sanglante mamelle,

Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle,

Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur.

Mais parfois, au milieu du divin sacrifice,

Fatigué de mourir dans un trop long supplice,

Il craint que ses enfants ne le laissent vivant;

Alors il se soulève, ouvre son aile au vent,

Et, se frappant le cœur avec un cri sauvage,

Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,

Que les oiseaux des mers désertent le rivage,

Et que le voyageur attardé sur la plage,

Sentant passer la mort se recommande à Dieu.

Poète, c'est ainsi que font les grands poètes.

Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps;

Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes

Ressemblent la plupart à ceux des pélicans.

Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées,

De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur,

Ce n'est pas un concert à dilater le cœur ;

Leurs déclamations sont comme des épées :

Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant;

Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang.

1- Un poème qui se présente comme un discours argumentatif, une réplique énoncée par un personnage poétique, la Muse, allégorie de l’inspiration, comme si le poète s’était dissocié en deux entités différentes, son être souffrant (son moi émotif) et sa raison pensante (la Muse). Cette divinité antique trouve le souffle de construire une argumentation de 47 alexandrins pour encourager le poète, le conseiller, lui définir l’objectif de sa poésie.

1.1- Un discours exhortatif (parénétique) : impératifs ; tutoiement amical ; association à sa douleur « nous » (v. 4) – engagement personnel (je) et promesse de l’immortalité. Elle s’emporte dans son propre élan : la disposition des rimes en témoigne, qui commencent et finissent sagement en rimes suivies, tandis que le corps du discours (vers 9 à 45) présente des rimes de dispositions variées, la muse filant les rimes au gré de sa passion et de sa métaphore.

1.2- Un raisonnement logique bien construit : concession initiale pour ne pas braquer le poète (quel que soit ; mais pour en être atteint) ; démonstration finale vers 38 : présent de vérité générale.

1.3- Une

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