Extrait d'un incipit

Quand tout est prêt, la lumière s'allume...

La porte s'ouvre dans un grincement particulier, laissant place à un homme, qui sans faire de bruit s'assoit à une table près d'une fenêtre, d'une manière rapide, voire pressée. Ouvrant son journal, d'une manière mal assurée, il se balance nerveusement sur sa chaise. Vu de plus près, c'est en fait un adolescent, un rouquin. Il porte sur lui un manteau en cuir marron lui tombant quasiment sur les genoux. Pendant qu'il se balance, dans un grincement répétitif , on peut apercevoir sa tête couverte de taches de rousseurs; tout en serrant les dents, il laisse une petite goute de sueur ce promener sur sa joue gauche.

Soudain, il lève la tête, légèrement surpris par l'arrivé d'un bonhomme plutôt replet, avec le visage animé de petits tics, se tenant devant lui, la main posée sur la table. Ce dernier demande au rouquin ce qu'il souhaite boire puis repart , marchant à grandes enjambées vers le comptoir, faisant craquer le sol à un endroit plutôt usé par le temps.

Tout est silencieux à présent, à part l'adolescent qui tourne machinalement les pages de son journal, tout en agitant son pied contre le plancher dans un martèlement sonore. L'homme , un peu gêné par le regard en coin du rouquin qui ne le quitte pas des yeux, dépose sur la table un café noir comme de l'encre, encore bien chaud et fumant, avant de faire volte face pour retourner sur ses pas.

L'adolescent, au regard vide, pose son journal sur la table et commence à remuer son café à l'aide de sa cuillère. Pensif, la tête appuyée sur son poing, il se tourne vers la fenêtre recouverte de givre par le froid extérieur. Le vent souffle à peine et on peut distinguer que de la neige commence à tomber au dehors.

Ce n'est pas ce spectacle qui attire l'attention du jeune homme, mais un souvenir surgi du passé. Il repense à ses parents, Simon Cooper et Anne Cooper , son père roux, grand, avec un nez aquilin bien marqué, sa mère de taille moyenne, brune avec des joues légèrement joufflues.

Il revoit cette scène où, dans les rues de Londres, sept ans auparavant, ils sont en train de s'embrasser, avec une délicatesse incomparable dans ce brouhaha de la foule alentour. Il les regarde, fasciné, sans se douter que c'est la dernière fois qu'il les voient vivants Il aurait tant aimé passer plus de temps à leurs côtés, apprendre à mieux les connaître, au lieu d'être trop souvent gardé par son oncle et sa tante !

Il n'avait jamais réellement su ce que ses parents exerçaient comme travail, et n'avait pas eu l'occasion de leur poser la question, avant qu'ils ne meurent dans un accident de voiture, selon la version que lui avait donné sa tante de leur disparition. Toutes ces interrogations, ainsi que cette disparition un peu trop mystérieuse à son goût, l'avaient poussé à travailler très jeune et à devenir détective.

Faisant le parallèle entre sa dernière enquête, non résolue et portant sur le décès d'une personne de vingt sept ans, sans cause particulière, ni crise cardiaque, ni empoisonnement, ni hémorragie interne, pas même d'agression, les pensées du rouquin le ramènent à l'énigme de la disparition

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