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Explication linéaire – Merlin magicien

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Par   •  10 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 982 Mots (12 Pages)  •  441 Vues

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Explication linéaire – Merlin magicien

Dans Magie et illusion au Moyen-Âge, Anne Berthelot écrit : « “Merlin l’Enchanteur”, c’est le personnage responsable de tous les prodiges qui ont lieu autour d’Arthur ; c’est le prototype de figures originales comme le Gandalf de J.R.R. Tolkien, c’est, en un mot, le magicien par excellence, qui, par nature ou du fait d’un savoir “pré-scientifique” acquis on ne sait trop comment, triomphe des lois humaines et physiques. ». Le personnage de Merlin est tout entier, de nos jours, réduit à sa fonction de magicien. Il parvient à défier les lois humaines, ce qui en fait un personnage mystérieux et magicien. Dans l’extrait que nous avons à étudier, Merlin est devenu le conseillers de Pendragon et Uter. Il leur annonce une nouvelle attaque des Saxons, qui veulent venger la mort d’Angis et récupérer le territoire duquel ils ont été chassés. Merlin va aider les rois légitimes dans les préparatifs de ce combat. Il garantit à Uter et Pendragon que s’ils agissent exactement selon ses dires, ils remporteront le combat. Avant le combat, Merlin annonce la mort d’un des deux frères sans plus de précision. Il ajoute que celui qui restera en vie devra, avec son aide, édifier une sépulture sur le champ de bataille, monument qui demeurera à travers les siècles pour honorer la mémoire du défunt. Le combat entre les Saxons et les Bretons se déroule exactement comme Merlin l’avait prédit et les deux rois suivent à la lettre les conseils du magicien. Pendragon meurt lors de la dernière bataille, ainsi Uter règne sur le royaume de Bretagne. Il ordonne la construction d’un cimetière et fait placer la sépulture de Pendragon plus haut que celles des autres. Plus tard, Merlin retrouve Uter et ordonne la création d’une entreprise inédite dont on parlera éternellement. La construction devra se faire à partir de pierres géantes d’Irlande avec l’aide de Merlin. Ce projet parait fou car les pierres sont trop imposantes et trop lourdes pour être déplacées. Les hommes qui devaient aider Merlin lui font défaut, alors il entreprend la construction du monument seul. Comment cet extrait participe-t-il à faire de Merlin le vainqueur du temps, tout en glorifiant sa figure et celle des rois bretons, alors même que le narrateur tente de rester mystérieux autour de cet épisode ? Nous pouvons distinguer trois mouvements dans cet extrait. Le premier se déroule de la ligne 3 (« Lors fist a force d’art ») à la ligne 7 (« merveille des pieres »). Dans ce mouvement, Merlin fait venir les pierres d’Irlande jusqu’en Bretagne sur la plaine de Salesbières et le roi et une partie de son peuple se rendent devant les pierres. Le deuxième mouvement débute à la ligne 7 (« Et quant il le virent ») à et s’achève à la ligne 13 (« se tu ne le faisoies ! »). Il est question ici de la réaction du roi et de son peuple qui se demandent comment Merlin a fait pour transporter ces pierres seul. Merlin demande qu’on lève les pierres mais les hommes estiment que c’est impossible. Le dernier mouvement relate le moment où Merlin érige seul les pierres et qualifie ce monument d’atemporel.

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        Le premier mouvement peut être scindé en deux parties : l’une se concentrant sur l’arrivée des pierres (« Lors fist a force d’art apporter les pieres d’Yrlande qui encore sont el chimetiere a Salesbieres »), l’autre sur l’arrivée d’Uter et des habitants du bourg venant admirer le monument (« et quant eles furent venues, si les ala li rois veoir et i amena molt de son pueple por veoir la merveille des pieres »).

La première sous-partie s’ouvre sur l’arrivée des pierres en Irlande : « Lors fist a force d’art apporter les pieres d’Yrlande qui encore sont el chimetiere a Salesbieres ». La tournure passive « fist […] apporter les pierres » laisse penser qu’une force surnaturelle a transporté les pierres jusque dans la plaine. Cette idée est accentuée par l’expression « a force d’art », qui signifie « en recourant à la magie ». Le transport de ces pierres reste alors pour l’instant mystérieux ; le narrateur ménage le doute à propos de cet événement, sa seule explication étant « a force d’art ». Les pierres dont il est question viennent de loin, comme l’indique le complément du nom « d’Irlande », et qui accentue la distance que les pierres ont parcourues. Cela rappelle l’imaginaire médiéval qui prêtaient au démons la faculté de déplacer les objets sans que l’on ne sache comment. Ici, le narrateur rappelle le fait que Merlin a été engendré par un démon alors même que pendant tout le roman, Merlin essaye de se détacher de cette ascendance. Notons que le terme « art » dont il était question désigne à la fois la magie, mais aussi la sorcellerie, son versant plus négatif. Ainsi le texte met en avant une ambigüité dès le début de l’extrait : Merlin fait-il preuve de magie ou de sorcellerie ? Si grâce à cette ascendance démoniaque Merlin est capable de connaitre les éléments passés, il n’en est pas moins capable de construire des monuments qui vont traverser les époques. Il est dit à propos des pierres qu’elles « « encore sont el chimetiere a Salesbieres ». Le verbe au présent de vérité générale ainsi que l’adverbe « encore » insistent sur le caractère pérenne de ce monument qui résiste au temps. Ainsi dès le début de l’extrait le narrateur nous présente Merlin comme capable de vaincre le temps.

La seconde sous-partie s’ouvre de nouveau sur l’impression que les pierres se sont déplacées toutes seules : « et quant eles furent venues, si les ala li rois veoir et i amena molt de son pueple por veoir la merveille des pieres ». Il n’est dans l’expression « quant eles furent venues » nullement question de Merlin ni d’aucun homme. Au contraire ce sont les pierres qui sont sujet d’un verbe de déplacement (venir), elles semblent ici elles-mêmes à l’origine de leur propre mouvement. On voit déjà que les pierres attirent des visiteurs. La subordonnée temporelle indique qu’à peine les pierres viennent-elles d’être déposées sur la plaine de Salesbières, que déjà beaucoup d’admirateurs se pressent, comme le prouve l’adverbe « molt » qui souligne une grande quantité. Ces pierres provoquent l’admiration de qui les regarde. Le verbe « veoir » est répété à deux reprises, tandis qu’il est question de « la merveille des pieres ». A un premier degré de lecture, nous comprenons que les pierres fascinent les hommes. Cependant le terme « merveille » est polysémique, et il peut alors dévoiler plusieurs interprétations. S’il renvoie à un exploit, c’est dire que l’entreprise de Merlin étonne les hommes, comment Merlin a-t-il fait pour déplacer les pierres ? Cela souligne l’image de Merlin comme enchanteur. S’il renvoie à la beauté, il implique que le monument de Merlin est admirable de beauté. Enfin, il renvoie au combat qui rend le chevalier héroïque. Justement ces pierres témoignent de la mort de Pendragon au combat et sont érigées pour le célébrer et rappeler les actes héroïques qu’il a accompli au combat. Les pierres contiennent alors en elles le récit de ces exploits. Ces pierres sont à la fois un monument qui attire, et une entreprise exceptionnelle de Merlin.

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