Est-ce que la poésie sert uniquement à évoquer des sentiments personnels ?

La poésie est un genre littéraire qui existe depuis l’Antiquité. Les premiers poèmes célèbres dont l’on se souvient sont les épopées : L’Illiade et L’Odyssée par Homère chez les Grecs, et L’Eneide par Virgile chez les Romains. Ces récits étaient récités et déclarés feu par les aèdes et les écrire en vers était une manière de faciliter l’apprentissage de ces longs poèmes. Si au départ la poésie célébrait des exploits héroïques, elle a peu à peu pris une tournure plus personnelle, en partageant des sentiments.

Néanmoins, la poésie ne sert-elle qu’à exprimer des sentiments personnels ?

Elle est un moyen privilégié pour évoquer des émotions et des sentiments, mais elle ne se résume pas à cela.

Dans un premier temps, la poésie est traditionnellement associée à l’évocation des sentiments.

D’abord, la poésie exprime souvent le sentiment amoureux. De nombreux poètes partagent leurs états d’âmes avec un lecteur. La poésie est alors un exutoire et prend une tournure personnelle. Elle peut célébrer l’amour, comme elle peut évoquer une rupture douloureuse. C’est un peu le journal intime du poète qui dévoile progressivement ses émotions. Ce sentiment amoureux est parlant pour le lecteur, car chacun y sera confronté à moment ou à un autre.

Ainsi, dans « je vis, je meurs », Louise Labé retranscrit les tourments du sentiment amoureux. Elle décrit ces derniers comme un cycle sans fin, qui s’apparente à un éternel recommencement. La figure principale est l’antithèse. Elle sert à montrer combien la poétesse souffre, et qu’elle passe d’un extrême à l’autre. Il s’agit là d’un sentiment vertigineux qui ne laisse aucun répit. L’amour qui est personnifié est décrit comme responsable de tous les maux endurés par Louise Labé.

Ensuite, la poésie possède également une portée universelle. Par le biais du poème, l’auteur cherchera à exprimer toute sorte de thèmes et de sentiments. Ainsi, la poésie jouera un rôle universel, car chacun d’entre-nous pourra s’y retrouver. De multiples passages de la vie sont évoqués dans les textes poétiques. La naissance, l’enfance, la mort, la joie et la tristesse sont régulièrement abordés par les écrivains. Le poète n’écrit plus alors uniquement pour lui-même, mais bien aussi pour ses lecteurs. Il y a une volonté de transmission et de partage d’un ressenti universel.

Par exemple, Ronsard dans son poème « Quand vous serez bien vieille », évoque Hélène de Surgères. Il lui adresse directement le poème, mais n’importe qui peut se sentir concerné. En effet, il y aborde des sujets universels, comme la vieillesse que l’on retrouve dans le titre, la renommée, ou bien encore l’amour non partagé. Pour achever de donner une valeur intemporelle à son poème, Ronsard le conclut par une morale : « Vivez si vous m’en croyez, n’attendez à demain. Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie ». Il invite Hélène et le lecteur à profiter du moment présent, car la vieillesse et la mort arrivent beaucoup trop vite.

De plus, le genre poétique peut retranscrire un moment de la vie de l’auteur. Le poète décrit et évoque un moment marquant de sa vie, positivement ou négativement. Cela peut être une personne, un sentiment, un souvenir qu’il partage avec lui-même et le lecteur. La poésie devient alors autobiographique. Une grande variété de moments ou d’émotions est présente, mais quand le poète transcrit un moment de sa vie, dans ses écrits on ne peut observer que le point de vue de l’artiste. Ce qui mène parfois à des moments très idéalistes, très fantassin. Le ressenti est parfois fugace pour le poète, mais suffisamment intense pour être remémoré.

En effet, dans son sonnet « à ma petite déesse d’occasion », Yves Leclair évoque un moment de la vie quotidienne. S’il traite du sonnet, le poème s’achève sur l’évocation d’une figure féminine, brièvement entre-aperçue par le poète. La périphrase « celle qui regarde par la fenêtre

...