LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Essai, Fable, Conte, Laquelle De Ces Trois Formes Littéraires Paraît La Plus Appropriée Pour développer Une Argumentation ?

Commentaires Composés : Essai, Fable, Conte, Laquelle De Ces Trois Formes Littéraires Paraît La Plus Appropriée Pour développer Une Argumentation ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Février 2015  •  2 306 Mots (10 Pages)  •  1 141 Vues

Page 1 sur 10

Sujet 2 : dissertation

Introduction

Infléchir le jugement du lecteur, exposer et étayer une thèse, défendre une cause, dénoncer une injustice : ces ambitions sont au cœur de nombreux textes littéraires.Toutefois, les chemins empruntés pour parvenir à ces fins sont divers et variés : tandis que le conte et la fable passent par les chemins plaisants et subtils de la fiction et de l'imaginaire pour transmettre une morale ou un message, l'essai, forme canonique de l'argumentation, passe par la voie plus austère mais plus directe du discours. Laquelle de ces trois formes littéraires paraît la plus appropriée pour développer une argumentation ? Cette question, dont la réponse ne peut être que subjective, nous invite à nous interroger sur les qualités et les limites propres à chacune de ces « mises en scène » de l'argumentation. Nous proposerons d'abord de mettre en évidence la manière séduisante dont fable et conte orientent la réflexion du lecteur. Nous montrerons ensuite que l'essai paraît cependant être le genre le plus propre à développer une argumentation.

I. La fable et le conte font réfléchir en séduisant

1. Fable et conte voilent le message par la fiction

La fable et le conte sont tous deux des genres narratifs. Ce que rencontre d'abord le lecteur, c'est une histoire imaginaire, constituée d'un lieu, de personnages et d'actions. Aussi la dimension argumentative est-elle pour ainsi dire contingente : si l'on demandait à un lecteur de rendre compte du « Conte arabe » de Belamri, que dirait-il ? « C'est l'histoire » d'un peuple qui n'ose dire à son roi le mal que son éléphant fait à ses terres en les piétinant. On est d'abord et avant tout charmé par ce conte bref et plaisant, amusé par la facétie finale de Jeha, qui, devant le lâche silence de ses pairs, demande au roi de racheter des éléphants, et ajoute que le peuple est prêt « à participer à leur achat » ! Selon la règle classique d'après laquelle il faut « plaire et instruire », c'est la vivacité et l'humour de la fiction qui vont orienter notre réflexion, ouvrir notre esprit pour accueillir un enseignement moral pas toujours exprimé clairement. À cet égard, le conte et la fable sont de subtiles argumentations, en ce qu'elles reposent sur l'idée selon laquelle les hommes ont envie de récits ; le plaisir du conte amène, sans que l'on y prenne garde, à recevoir avec plus d'attention un message. C'est ce qu'illustre La Fontaine dans « Le Pouvoir des fables », où un orateur, las de haranguer en vain ses concitoyens, attire alors leur attention en leur racontant une histoire, dont ils sont avides de connaître la suite. Dès lors, l'assemblée « se donne entière à l'orateur ». La conclusion résume d'ailleurs de façon lumineuse le « pouvoir des fables » : « Le monde est vieux, dit-on ; je le crois, cependant/ Il le faut amuser encor comme un enfant. » La forme particulière de la fable a notamment des vertus spécifiques.

2. La fable transmet efficacement des vérités ou des enseignements

Contrairement au conte, la fable dispose d'une dimension didactique indéniable. En effet, la plupart des fables classiques commencent ou s'achèvent par des morales clairement énoncées. Dans « Le Loup et l'Agneau », par exemple, La Fontaine amorce son récit par le constat lucide selon lequel : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. » Le plus souvent, ces morales sont illustrées par des récits mettant en scène des animaux ; habiles masques derrière lesquels il est facile de reconnaître des êtres réels qu'il serait audacieux de désigner clairement, les animaux correspondent aussi à des figures archétypiques ; il n'est pas jusqu'aux enfants qui ne sachent attribuer une psychologie ou une fonction sociale aux êtres qui peuplent le bestiaire des Fables. Il est par exemple aisé de comprendre, dès le titre, que le Lion, conventionnellement perçu comme « le roi des animaux », forme avec « la Génisse, la Chèvre et la Brebis » une « société » pour le moins contre-nature ! Cette clarté dans l'exploitation des archétypes est renforcée par une grande efficacité narrative : le fabuliste ne s'embarrasse pas de péripéties et va à l'essentiel. Dans « Le Loup et l'Agneau », il ne faut pas plus de trois vers pour mettre en place le dialogue entre le prédateur et sa future victime. Cette efficacité, jointe à la froide cruauté du dénouement – « Le Loup l'emporte et puis le mange,/ Sans autre forme de procès » –, confère une insurpassable force à la vérité qu'elle illustre. La fable a donc le pouvoir de frapper les esprits, avec une efficacité redoublée par la musicalité d'une écriture souvent versifiée. Ainsi, la conclusion des « Animaux malades de la peste », qui dénonce l'inégalité des individus devant la justice, se retient grâce au parallélisme des deux antithèses rythmant les alexandrins : « Selon que vous serez puissant ou misérable,/ Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » En jouant sur les diverses ressources de l'écriture, la fable dispose d'une force persuasive évidente, à l'instar du conte.

3. Le conte nous incite à nous projeter dans un ailleurs

Plus encore que la fable, le matériau principal du conte est le merveilleux et l'imaginaire. Aucune invraisemblance ne lui est interdite, aucune limite autre que morale ou esthétique ne peut venir altérer la fantaisie de son auteur. Ce champ infini de possibles est tentant pour le sage ou le philosophe, qui peut alors interroger et faire réfléchir sur des thèmes actuels ou universels en projetant ses personnages dans des mondes divers. Ainsi le héros éponyme de Candide est-il par exemple amené à découvrir le pays idéal d'Eldorado. Les invraisemblables moutons volants qui servent à transporter les personnages renvoient certes à l'univers traditionnel du conte (quoique les auteurs leur préfèrent des animaux plus nobles !), mais l'attitude familière du roi avec son peuple, l'absence de prisons, ou la pratique d'une religion « naturelle » par les habitants d'Eldorado reflètent, eux, les idéaux de l'auteur, Voltaire. Le conte peut ainsi être un véritable « laboratoire » d'idées, grâce aux univers utopiques qu'il a le pouvoir de créer. On voit cela aussi dans Micromégas, récit dans lequel l'écrivain n'a pas hésité à imaginer un héros mesurant plus de trente kilomètres

...

Télécharger au format  txt (14.5 Kb)   pdf (140.2 Kb)   docx (13.8 Kb)  
Voir 9 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com