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Espace

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Par   •  16 Novembre 2015  •  Cours  •  22 083 Mots (89 Pages)  •  582 Vues

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L’ESPACE

Introduction générale :

Le premier aspect est que l’espace semble la réalité la plus simple et la plus exacte à laquelle nous avons accès. Dès que nous sommes en présence de quelque chose de concret, il y a nécessairement un espace. Il n’est pas possible d’imaginer une réalité matérielle non spatiale (ex = les histoires de fantômes ou d’esprits se déroulent toujours en un lieu).

Si l’on supprime l’espace, il n’y a pas de monde. Chaque fois qu’il y a quelque chose, il y a une dimension spatiale.

Si nous voulions envisager que nous soyons en dehors de l’espace ; l’expression elle-même serait contradictoire, car même en dehors, on est dans un espace. Echapper à l’espace c’est quand même être, d’une autre façon, dans l’espace.

Le deuxième aspect est celui de l’extériorité. L’espace est la marque qu’il existe un monde en dehors de moi. L’espace est la marque de l’altérité, de la spatialité. Il n’est pas d’Homme qui soit à lui seul tout.

Le mot français espace est dérivé du mot latin spatium dérivé lui-même de stadium (stadion en grec qui signifie le stade, c’est-à-dire la longueur d’une course (environ 200 mètres)). L’espace est donc une étendue à parcourir. Cette étymologie semble indiquer que pour qu’il y ait un espace il faut qu’il y ait quelque chose à parcourir. Pour qu’il y ait un espace, il faut qu’il y ait un sujet, au moins envisagé.

Le mot grec qui désigne l’espace est chora ; ce n’est pas l’espace qu’on va parcourir, un espace qu’on va parcourir, mais un intervalle entre deux choses, là où l’on trouve quelque chose. Et non seulement, il y a le lieu où elles se trouvent mais aussi ce qui les entoure. Mais chora doit être distingué de topos, qui signifie le lieu. De fait, l’utopie est surtout le lieu de rien. Ces termes soulèvent deux problèmes :

  • L’espace au sens de stadium semble donc lier l’espace
  • Si l’espace est comparé de façon neutre au sens de chora, c’est-à-dire qu’il y ait des corps qui doivent être quelque part. Ce qui est réel n’est-il pas ainsi un simple rapport entre les choses ? L’espace ainsi ne serait rien, ce qui est sont les choses. Ceci est la thèse du nominalisme ; historiquement, (période médiévale, XIe) ; elle est issue d’une pensée religieuse, celle de la création du monde. Dans la théorie créationniste, on suppose qu’il y a eu « un temps avant le temps » puisqu’on suppose un temps de la création, qu’il y a eu un « temps » avant le temps. On suppose que Dieu a créé le monde, or dans le récit de la création du temps, Dieu a créé le ciel, la Terre, puis les êtres vivants, c’est-à-dire qu’il a créé les individus ; il a créé des choses donc les rapports spatiaux. Il y a des choses, des êtres individuels, il y a donc des rapports entre ces choses ; la spatialité est donc la façon d’appeler les rapports entre les choses, c’est une façon de parler. L’espace serait donc uniquement présent dans la pensée, une réalité intellectuelle. La thèse du nominalisme remet en question le fait que l’espace soit la réalité du monde.

On a donc un espace qui se présente à nous de façon contradictoire, d’une part l’espace apparaît comme étant l’altérité même ; ce qui désigne tout ce qui est hors de moi, qui n’est pas moi, qui m’échappe. Dans ce sens, l’espace se présente comme ce qui résiste à ma conscience. L’espace est plein, c’est une réalité matérielle autour de mon corps ; par mon corps, j’en fais partie aussi. L’espace semble pourtant séparer des corps distincts, puisque les corps se déplacent dans l’espace, ce qui semble indiquer qu’il y a séparation entre les corps dans l’espace. L’espace apparaît comme la vacuité ; ainsi l’espace comme « ciel » (= immensité vide et impossible à parcourir, à tel point que face à l’immensité de l’espace, les choses ne sont quasiment rien).

Personnellement, individuellement, au début de notre vie, nous avons dû faire une « conquête de l’espace » puisqu’il nous a fallu progressivement nous intégrer dans la spatialité. Cette conquête s’est faite par l’intermédiaire de nos membres, nos bras et l’acte de saisir quelque chose. Le moment où nous avons saisi quelque chose était le premier contact avec l’espace ; il y avait donc quelque chose à saisir hors de moi. L’espace est dans la saisie, non dans la vision - J.J. Rousseau « l’huître n’a pas d’espace ». La conquête continue avec nos jambes ; marcher, courir, nous déplacer ; nous faisons ainsi l’expérience de la course vers les objets. L’espace est bien un milieu concret dans lequel notre vie va se déployer ; c’est un espace fini, limité, que notre corps va parcourir. Tout cela relève de l’espace vécu ; c’est l’espace d’un vivant.

La deuxième figure de l’espace est l’étude de la géométrie, c‘est à dire de l’espace lui-même. Ce n’est plus l’espace vécu par un vivant, c’est un espace purement théorique, isomorphe (= toutes les parties sont égales). Par exemple, le volume de l’espace d’une sphère est toute la même qu’elle soit en bois, en métal, ou autre. L’espace géométrique n’a pas de limites, contrairement à l’espace vécu. Le développement des sciences à l’époque moderne donne à penser que le vrai espace est celui de la géométrie. L’espace géométrique est purement intellectuel, il n’est pas altéré par la subjectivité des sentiments des êtres vivants.

On peut quand même se demander si l’espace géométrique n’est pas une représentation de l’espace ; de sorte que lorsqu’on mesure ce qui est réel Nous en restons donc à cette opposition entre l’espace vécu concrètement, réalité matérielle qui est l’objet de conquêtes, de parcours, de saisies, mais qui en même temps est ce qui nous résiste, ce qui ne va pas de soi, et d’autres part, l’espace intellectuel de la géométrie, qui semble parfaitement adéquat à notre pensée, à notre intellect, qui semble être le vrai espace n’est peut-être qu’une façon de représenter l’espace. Se pose la question de la représentation de l’espace : l’espace n’est-il rien d’autre que la manière dont on le perçoit, ou la représentation est-elle une astuce pour comprendre la réalité ?

Il y a difficulté à saisir le concept de l’espace, l’espace résiste à la pensée. L’espace semble résister à notre conscience. L’expérience que nous pouvons faire de l’espace est une juxtaposition des parties partes extra partes ; des parties qui sont séparées les unes des autres ; elles s’excluent mutuellement. Tout corps occupe une partie de l’espace ; ainsi toute chose occupe une place ; chaque corps est quelque part et pas à plusieurs places en même temps. L’exclusion spatiale est de fait, on la constate, elle n’est pas logique ; elle impose son ordre, qui ne repose pas sur la pensée. L’espace règne en toutes situations, même quand c’est le désordre ; il n’est pas possible qu’il n’y ait pas d’ordre spatial (un objet perdu est forcément quelque part) ; l’espace a toujours son ordre propre qui ne peut pas être annulé. Du point de vue de l’espace, le chaos n’existe pas (même en miette, quelque chose est toujours présent).

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