Epreuve de français du brevet blanc 2009

Pour celles et ceux d’entre vous qui souhaitez vous entraîner avant le Brevet Blanc des 16 et 17 mars 2009. Courage !

BREVET BLANC : EPREUVE DE FRANÇAIS.

Annie Ernaux évoque sa jeunesse et rend hommage à son père. Cet ancien ouvrier, devenu petit commerçant dans un village normand, espérait pour sa fille une « bonne situation ».

Il n’osait plus me raconter des histoires de son enfance. Je ne lui parlais plus de mes études. Sauf le latin, parce qu’il avait servi la messe, elles lui étaient incompréhensibles et il refusait de faire mine de s’y intéresser, à la différence de ma mère. Il se fâchait quand je me plaignais du travail ou critiquais les cours. Le mot « prof » lui déplaisait, ou « dirlo », même bouquin ». Et toujours la peur OU PEUT- ÊTRE LE DESIR que je n’y arrive pas. Il s’énervait de me voir à longueur de journée dans les livres, mettant sur leur compte mon visage fermé et ma mauvaise humeur. La lumière sous la porte de ma chambre le soir lui faisait dire que je m’usais la santé. Les études, une souffrance obligée pour obtenir une bonne situation et ne pas prendre un ouvrier*. Mais que j’aime me casser la tête lui paraissait suspect. Une absence de vie à la fleur de l’âge. Il avait parfois l’air de penser que j’étais malheureuse. Devant la famille, les clients, de la gêne, presque de la honte que je ne gagne pas encore ma vie à dix-sept ans, autour de nous toutes les filles de cet âge allaient au bureau, à l’usine ou servaient derrière le comptoir de leurs parents. Il craignait qu’on ne me prenne pour une paresseuse, et lui pour un crâneur. Comme une excuse : « On ne l’a jamais poussée, elle avait ça dans elle. » Il disait que j’apprenais bien, jamais que je travaillais bien. Travailler, c’était seulement travailler de ses mains. Les études n’avaient pas pour lui de rapport avec la vie ordinaire. Il lavait la salade dans une seule eau, aussi restait-il souvent des limaces. Il a été scandalisé quand, forte des principes de désinfection reçus en troisième, j’ai proposé qu’on la lave dans plusieurs eaux. Une autre fois, sa stupéfaction a été sans bornes, de me voir parler anglais avec un auto-stoppeur qu’un client avait pris dans son camion. Que j’aie appris une langue étrangère en classe, sans aller dans le pays, le laissait incrédule.

ANNIE ERNAUX : « LA PLACE » (Gallimard, 1983).

* Prendre : Prendre pour époux.

PREMIERE PARTIE : QUESTIONS - REECRITURE - DICTEE (VINGT - CINQ POINTS).

A) QUESTIONS (QUINZE POINTS).

I) UN RECIT DE VIE (CINQ POINTS ET DEMI).

1°) a) Dans le premier paragraphe, relevez quatre termes qui montrent la présence de la narratrice dans le texte. b) Quelles sont les classes grammaticales auxquelles appartiennent ces termes ? (UN POINT ET DEMI). 2°) a) Quel est le temps dominant de ce récit ? b) Quelle en est la valeur ? c) A quelle période de la vie de la narratrice ce temps renvoie-t-il ? (DEUX POINTS). 3°) a) Quel niveau de langue utilisait-elle alors ? b) Appuyez votre réponse sur une expression figurant dans le premier paragraphe. (UN POINT). 4°) a) A quel genre littéraire ce texte appartient-il ? b) Justifiez votre réponse. (UN POINT).

II) UN PERE ET SA FILLE (CINQ POINTS ET DEMI).

5°) a) A quelle forme sont les deux premières phrases ? b) Expliquez le sens du mot « incompréhensible » en partant de la formation de ce terme. c) Qu’en déduisez-vous sur les relations entre le père et sa fille ? (TROIS POINTS ET DEMI). 6°) Quelle expression traduit pourtant le mieux, selon vous, l’affection du père pour sa fille ? (UN DEMI-POINT). 7°) Dégagez trois arguments avancés par le père pour justifier ses craintes à l’égard des études de sa fille. Citez le texte pour illustrer votre réponse. (UN POINT ET DEMI).

III) DEUX CONCEPTIONS DU TRAVAIL (QUATRE POINTS).

8°) a) Dans le troisième paragraphe, relevez quatre termes montrant que le père redoute le regard des autres. b) Comment expliquez-vous cette réaction ? (DEUX POINTS).

9°) « Il disait que j’apprenais bien, jamais que je travaillais bien ». a) Pourquoi le père fait-il une distinction entre « apprendre » et « travailler » ? Justifiez votre réponse en citant le texte. b) Comment la construction de la phrase met-elle cette opposition en valeur ? (DEUX POINTS).

B) REECRITURE (CINQ POINTS).

« Il craignait qu’on ne me prenne pour une paresseuse et lui pour un crâneur. Comme une excuse : « On ne l’a jamais poussée, elle avait ça dans elle. » Il disait que j’apprenais bien, jamais que je travaillais bien. » Réécrivez ce passage en remplaçant la première personne du singulier par la première personne du pluriel (Annie et sa sœur). Vous veillerez à effectuer toutes les transformations nécessaires.

C) DICTEE (si vous trouvez un bénévole pour vous dicter le texte ....) :

Ils s’emparaient complètement de leur petit-fils, décidant de tout à son propos, comme si j’étais restée une petite fille incapable de s’occuper d’un enfant. Accueillant avec doute les principes d’éducation que je croyais nécessaires, faire la sieste et pas de sucreries. On mangeait tous les quatre à la table contre la fenêtre, l’enfant sur mes genoux. Un beau soir calme, un moment qui ressemblait à un rachat.

ANNIE ERNAUX : « La Place », 1983.

DEUXIEME PARTIE : REDACTION (QUINZE POINTS).

SUJET :

Comme Annie Ernaux, vous vous heurtez au désaccord de vos parents, voire à leur opposition, à propos de vos études ou de vos choix d’orientation. Rédigez un dialogue entre vos parents et vous-même. Chacun y exposera son point de vue de façon organisée et argumentée. Ce dialogue sera précédé de quelques lignes exposant les circonstances et le sujet précis de votre discussion et il sera suivi d’une courte conclusion narrative.

Il sera tenu compte, dans l’évaluation, de la correction de la langue et de l’orthographe, ainsi que de la présentation.

GRILLE D’EVALUATION (pour vous aider à vous évaluer....) :

CRITERES D’EVALUATION BAREME

Présence d’une introduction narrative pertinente. 1 point

Présence d’une conclusion narrative pertinente. 1 point

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