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Dissertation sur le théâtre

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Par   •  11 Mai 2021  •  Dissertation  •  5 371 Mots (22 Pages)  •  611 Vues

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Dissertation sur le théâtre

Antonin Artaud souhaite un théâtre de la cruauté. Il imaginait un théâtre expérimental et transgressif, différent du théâtre post racinien par ses usages dramaturgiques mais aussi par le traitement des lois morales. Ce théâtre met en scène la vie, opposée à la culture, qui est une pulsion et une force aveugle et amorale. Artaud désire un théâtre où les pulsions vitales seraient libérées et dans lequel l’anarchie régnerait. Le metteur en scène souhaite dévoiler aux spectateurs leur véritable nature, leur désir de tuer, de s’unir, leur désir de sauvagerie.

Dans une même logique imaginative, Pierre-Aimé Touchard affirme dans Dionysos, apologie pour le théâtre (1968): « Le dieu de l'art dramatique est donc avant tout un dieu du dépassement, le dieu de la poésie frénétique, de la libération vertigineuse des sentiments. On n'a voulu longtemps voir en lui que le dieu grossier des plaisirs faciles : mais Eschyle autant qu'Aristophane est son serviteur, comme tous ceux qui ont exprimé avec quelque ferveur et intense sincérité le mystère passionné des exaltations refoulées. Tel apparaît être, en effet, ce que, par abus du terme, on peut appeler « le but » du théâtre : montrer à l'homme jusqu'à quel point extrême peuvent aller son amour, sa haine, sa colère, sa joie, sa crainte, sa cruauté, lui faire prendre conscience de ses virtualités, de ce qu'il serait en un monde sans entraves où n'interféreraient plus la générosité et l'économie domestique, la colère et la morale, l'amour et le souci de la réputation, la haine et la crainte du gendarme. C'est la vision de cet univers, où l'homme pourrait enfin se révéler à soi-même, que le spectateur demande à l’œuvre dramatique. C'est le besoin conscient ou non de cette vision qui accroche au cœur de l'homme la passion du spectacle.” Célèbre administrateur de théâtre ,écrivain français, romancier et essayiste, Pierre Aimé Touchard souhaitait un théâtre qui puisse permettre au spectateur « de se révéler à lui- même ». Il aspirait à un théâtre qui puisse, à l’image de son dieu Dionysos, être transgressif (du latin trans gradior, marcher au- delà de). Cela renvoie à la thématique du monstre sur scène, qui annule les lois de la civilisation et représente des tabous de la société. Il s’agit également du dieu de la poésie frénétique (fren signifiait l’esprit en grec). La poésie qui va créer un échauffement de l’esprit - c'est-à-dire une fureur violente, une passion qui est poussée à son point le plus extrême et qui peut mener jusqu’à la folie. Le personnage principal va incarner sa folie dans un langage précis. Nous pouvons retrouver dans plusieurs tragédies des marques de dérèglement du langage causés par cette folie. Ce dieu est considéré comme le dieux des plaisirs faciles, qui préfère le bon vin au nectar des dieux, mais c’est aussi et surtout le dieu qui permet aux personnages de théâtre d’être libérés de toutes entraves liées à la vie réelle ou la morale, qui autorise le spectateur à trouver une compensation à ce que la vie implique de limites ou d’interdits. L’auteur emploie dans la citation l’expression « mystère passionné des exaltations refoulées » : il considère ainsi les pulsions de manière mélioratives. Elles ne représentent pas une honte au théâtre, on peut les accepter plutôt que de les conserver en nous. Le théâtre est celui de la liberté individuelle : les personnes ne sont pas aliénées par les normes de la société ou préoccupées par les questions matérielles. Il n’y a plus de nuance dans les passions des personnages : quand ils aiment, ils aiment pleinement et vont au bout de leurs pulsions. La pièce de théâtre qui se déroule devant lui va permettre au spectateur de prendre conscience de lui-même, de ses passions et de se soulager. L’univers théâtrale serait un univers parallèle, autre que le nôtre et qui nous offrirait davantage de possibilités, sans personne pour nous freiner.

La citation offerte à notre étude pose la question essentielle de la visée du théâtre : celui-ci permet-il seulement la libération des pulsions ou bien a-t’il également un objectif cathartique qui permet la naissance d’une nouvelle pensée juridique. Dans une première partie nous expliciterons la capacité du théâtre à mettre en scène des pulsions violentes. Dans un second temps nous nous intéresserons au rôle cathartique de celui-ci ainsi qu’à la nouvelle pensée qu’il développe. Enfin nous terminerons par déplacer le problème aborder en considérant l’aspect esthétique de la mise en scène du monstre.

Le théâtre est le lieu qui permet aux pulsions et passions violentes d’être libérées. Le théâtre est avant tout né du culte de Dionysos, auquel Touchard fait référence au début de sa citation. C’est un dieu très proche des hommes. Or, n’ayant aucun lieu de culte, les hommes vont célébrer cette divinité au théâtre. Les caractéristiques de Dionysos vont donc se retrouver au théâtre. Dionysos est tout d’abord un dieu double et le dieu des frontières. Il va ainsi permettre aux personnages de passer la frontière de la civilisation à l’animalité. Il est le dieu de l’extrême violence et des pulsions. Lorsque Dionysos va faire son apparition dans ce monde grec, l’homme va pouvoir être envahi par des pulsions non rationnelles. Mais les grecs vont accepter ce mouvement général dionysiaque violent pour l’intégrer dans la société. Les grecs n’ont pas décidé de nier le retour de ce dieu mais l’ont accueilli et l’ont canalisé (surtout sa violence) pour en faire un magistral élévateur de la cité. Dionysos,représentait avant tout une puissante menace les grecs du Ve siècle qui privilégient le logos. Il est à la fois le dieu de la sagesse et de la folie, de la barbarie et de la civilisation. Les hommes peuvent donc tomber à tout moment dans le mauvais extrême. Mais au lieu de le chasser, les grecs vont l’assimiler. Il deviendra le dieu des forces instinctives que la civilisation refoule en nous, le dieu du dépassement de soi, de l’espace poétique et du théâtre. Le chaos tournoyant qui permettait à l’origine de canaliser l’orgie dionysiaque va prendre en moins de deux cents ans la forme du théâtre. Dionysos est le dieu consolateur et ami des hommes. Mais il peut se montrer terrible envers celui qui refuse son culte ; autrement dit, celui qui n’assume pas ses instincts par peur ou par orgueil. Il se venge de cet humain en le menant à la folie ou bien à la mort. Ce fut le destin funeste de Penthée dans les Bacchantes, pièce Euripide.

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