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Dissertation Paulina 1880

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Par   •  24 Janvier 2019  •  Dissertation  •  2 987 Mots (12 Pages)  •  445 Vues

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Paulina 1880 est un roman écrit par Pierre Jean Jouve et publié pour la première fois en 1925. Jouve est un écrivain qui a mêlé dans ses romans l'amour à la mort, à l'instar de l'Aventure de Catherine Crachat et de Paulina 1880 qui nous intéresse ici. Jouve est également très intéressé par la psychanalyse, ayant découvert Freud et étant marié à une psychiatre qui traduit le grand psychanalyse autrichien. Cet intérêt va profondément marquer son œuvre, comme nous aurons l'occasion de le constater.

Dans le roman Paulina 1880, nous suivons le personnage qui donne son nom à l’œuvre, Paulina Pandolfini. Nous l'accompagnons ainsi de sa jeunesse jusqu'à son isolement à la campagne : entre ces deux extrémités, Paulina a été placée dans un couvent puis expulsée, a tué son amant et a été incarcéré en conséquence...

Paulina est un personnage complexe, elle dira elle même au cours du roman «  Je suis pleine de contradictions » (p.40) ; elle se trouve tantôt dans le recueillement, la pureté et la vertu religieuse, et un instant plus tard dans le pêché et le désir de la vie, de la chair. Cette âme troublée est sujette à de nombreux changements d'humeur, à des angoisses... Au cours de la lecture, on en vient à se dire que Paulina est une folle ; or, nous constatons aussi que tout se qui se passe au cours du roman découle de Paulina, elle est l'essence même de ce roman. La caractériser de telle manière reviendrait-il ainsi à dire que Paulina 1880 est le roman d'une folle ?

Nous nous interrogerons donc sur ce point en montrant d'abord combien Paulina est au cœur du roman, et pourquoi elle est intéressante pour l'écrivain. Nous approfondirons ensuite notre étude de la folie de Paulina, pour enfin nous pencher sur l'importance du mystère, du religieux et de la folie créatrice.

Il convient d'abord d'insister sur l'importance des travaux de Freud dans l’œuvre de Jouve. Sigmund Freud a en effet théorisé pour la première fois l'inconscient, qui désigne ce qui se passe en dehors de nous et de notre sphère psychique : ce sont des messages, des symboles sur lesquels nous n'avons pas d'emprise mais qui font sens. Jouve était l'époux d'une psychiatre, Blanche Revenchon, qui a été la première à publier des œuvres de Freud en français, en 1923, soit deux ans auparavant la publication de Paulina 1880. Cette influence est extrêmement importante car Jouve dira plus tard qu'il faut toujours avoir l’inconscient, et l'instabilité de l'âme en général, à l'esprit lorsque l'on écrit. On retiendra en particulier cet intérêt pour l'analyse de l'âme en ce qui concerne Paulina 1880 : en effet, le roman va souvent être le théâtre de réflexions de Paulina, sur ses propres désirs, sur l’inconstance de ses humeurs... De plus, il apparaît que toute entreprise est vaine contre ses désirs, que, comme l’inconscient l'a théorisé, il y a des forces incontrôlables qui la contrôlent et l'empêchent de prendre une direction claire, comme lorsque le père Bubbo lui demande de se repentir du pêché de la chair, et où elle répond deux fois « Mon père, cela est impossible. Mon père, cela est impossible. » (p 92) ; elle ne semble en effet pas pouvoir faire un choix clair en renonçant soit au pêché soit à la pureté.

Le fait que Paulina soit une femme n'est pas anodin. En effet, Jouve renvoie en quelque sorte à une conception misogyne de la femme, qui a fait loi pendant des siècles (voire encore aujourd'hui) : ainsi la femme a un corps plus faible, et donc plus susceptible aux pertes de connaissances et aux malaises, mais c'est surtout leur esprit qui est plus faible, et donc davantage que celui de l'homme sujet aux brusques changements d'humeur, à des colères... La psychanalyse a d'ailleurs parlé d'une névrose, l'hystérie, qui provoque chez les sujets disposant de corps plus faibles de fortes crises émotionnelles, allant donc parfois jusqu'à l’évanouissement. Ainsi on attribue, au début du 20ème siècle, plus facilement ce type de troubles à la femme qu'à l'homme. Dans le roman Paulina est à de nombreuses reprises victime de troubles de son esprit et qui se répercutent dans son corps : lorsqu'elle contemple les supplices des Saints « La vison de Paulina se troublait, une étrange chaleur montait de son corps à sa pensée [...] » (p 30) ou encore lorsqu'elle n'a pas le droit de voir sa mère sur son lit de mort « car on craignait pour ses nerfs trop sensibles » (p 34). La cyclothymie, trouble de l'humeur (voire de la personnalité) où se succèdent rapidement des moments d'euphorie et de dépression, toucherait également davantage les femmes que les hommes, Paulina y est tout aussi sujette : « [Paulina était] si joyeuse qu'il lui semblait que le ciel allait s'entrouvrir pour elle, ou si triste qu'elle cherchait des yeux l'endroit le plus profond du lac où elle irait se jeter cette nuit. » Cet utilisation d'un personnage féminin est de donc tout à fait intéressante, et l'on pourrait se dire dans un premier temps que cela donne comme un caractère analysable à Paulina, qui serait bien diagnostiquée comme folle par la psychanalyse ou la psychiatrie.

Au cours du roman, l'auteur insiste explicitement sur le fait que Paulina est folle, ou du moins qu'elle se considère comme telle, et que certains personnages partagent ce point de vue. Elle le répète à de nombreuses reprises : « Je suis trop folle » (p 40) , « Je deviendrai folle » (p 124) , « Je suis folle. Je ne comprends plus rien » (p 131) , elle dit également « il ne s'est rien passé, je tombe sur mon lit, je hurle, je délire, mais non tout cela n'est pas vraiment vrai, je délire. Ne me croyez pas. » (p 139). D'autres personnages, également, viennent à porter un jugement sur Paulina, la jugeant à part, incompréhensible. Au cours d'une discussion avec Michele, ce dernier lui dira « Tu es une sauvage […] ton âme est une enfant, elle reste un enfant sauvage et j'en ai peur » (p 101-102) . Le père Bubbo se dira, après l'une des confessions de Paulina, « [craindre] pour la santé morale et le salut de celle qu'il chérissait entre toutes [...] » (p 93). La sœur Perpetua se pose de nombreuses questions à son égard ; « Peut-être était-elle malade ? » (p 166) ou encore « Perpetua ne pouvait comprendre le mobile d'une action si insensée » (p 169). Ainsi, les personnages et Paulina semblent s'accorder que Paulina est exceptionnelle, incompréhensible, qu'elle terrorise et fascine ; cela nous renvoie

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