Dissertation Hernani TL

Bresson

Thibaut

TL1

Quelle vision de la femme le drame romantique Hernani présente t-il ?

       Si, dans certaines  pièces de théâtre comme Phèdre de Racine, écrit en 1677 où encore Antigone, écrit par Anouilh en 1944, la femme joue un rôle primordial au sein de la pièce, c'est un choix du dramaturge que nous pouvons remettre en question dans le drame romantique Hernani. En effet, Hugo nous présente dans son œuvre une vision de la femme départagée entre objet  de désir et personnage décisif. Nous verrons le rôle que joue la femme  dans l'œuvre Hernani à travers le personnage de Doña Sol, dans un premier temps par sa passivité le long de l'intrigue, puis par sa contribution au déroulement de la pièce due à ses choix et action.

      Premièrement, on retrouve ce statut d'objet chez la femme avec Doña Sol, ne représentant qu'un désir de possession pour Hernani comme pour Don Carlos ainsi que Don Ruy Gomez. Effectivement, l'un des sous-titres envisagés par Hugo pour sa pièce étant " Trois pour une ", il témoigne de l'idée de femme désirée, voulue par l'auteur. Cette dernière est à l'origine d'un conflit amoureux, où chacun souhaite la posséder, réduisant celle-ci à un stade de passivité constante, perçue comme une femme attirante. Doña Sol est ainsi un symbole de noblesse pour Don Carlos, fait l'objet d'amour impossible pour Hernani, et représente la jeunesse pour Don Gomez, acte III, scène 1, " Oh ! Tu seras pour moi cet ange au cœur de femme / qui, du pauvre vieillard réjouit encore l'âme ".                                                                                                              Cette absence dans le rôle de la femme se remarque également dans la répartition des vers. Doña Sol est présente durant les cinq actes composant la pièce, mais ne possède en réalité qu'une légère partie de la répartition des répliques, avec uniquement 372 vers, contre 787 pour Hernani, 754 pour Don Carlos puis 526 pour Don Ruy Gomez, ce qui fait de cette dernière un personnage qui ne peut s'exprimer à égalité avec les hommes et donc ne peut contribuer au déroulement de la pièce convenablement.

Malgré cette vision réductrice donnée à la femme par Victor Hugo, celle ci s'affirme et apparaît toutefois en tant que personnage décisif. En effet, Doña Sol demeure également en tant que femme forte, on peut l'observer notamment avec le rôle du poignard. Celle-ci s'empare du poignard de Don Carlos au début de l'acte II pour ainsi résister au roi et ses menaces. De même, elle garde le poignard avec elle lors de son mariage avec Don Ruy Gomez, acte III, et donne alors une vision de la femme comme puissante, fidèle et téméraire. A la fin de l'acte V, Doña Sol sort son poignard et menace Don Ruy Gomez, et prends alors la position de femme forte, capable de changer le déroulement de la pièce par ses actions, avant de retomber au sol et lâcher son arme et s'exprimant, acte V, scène 6 " Je ne suis qu'une femme, je suis faible, ma force avorte dans mon âme ". Malgré cette image de force, Doña Sol redevient passive, Hugo propose alors une vision de la femme qui reste inférieure à l'homme bien qu'elle veuille outrepasser son rang. De plus, Doña Sol est une femme aimante, ne désirant qu'Hernani et se tient donc en tant que femme libre qui n'a pas à subir des choix imposés par l'homme.

Le drame romantique d'Hernani présente donc une vision très novatrice de la femme, sous différents aspects, apparaissant entre contrainte à subir les décisions des hommes et capable également de défendre ses valeurs. Effectivement, c'est une vision de la femme que l'on ne retrouve pas de façon récurrente dans le travail d'Hugo, notamment avec le personnage de Doña Maria dans Ruy Blas, qui, en tant que Reine, dépend uniquement des choix de Ruy Blas et en partie de Don Salluste. C'est d'ailleurs cet aspect très novateur chez Hernani qui va faire le sujet de nombreuses critiques.

« La pensée de Hugo obéit, pour une grande part, à l'imagination ». Que pensez vous, pour « Hernani », de cette réflexion de P. Albouy dans La création mythologique chez Victor Hugo ?

       Selon la réflexion de P. Albouy dans La création mythologique chez Victor Hugo, la pensée de ce dernier obéit dans « Hernani » pour une grande part à l'imagination. Hugo défini lui-même la notion d'imagination, en écrivant « La raison, c'est l'intelligence en exercice, l'imagination c'est l'intelligence en érection ». Ainsi, nous verrons dans son drame romantique « Hernani », si la réflexion de P. Albouy s'apparente au message voulu par le dramaturge. Nous verrons alors le rapport au cliché dans les éléments de la pièce qui se réfèrent à cette notion, puis à l'inverse, ceux qui traduisent d'un élan novateur dû à l'imagination.

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