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Dieu

Analyse sectorielle : Dieu. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Juin 2014  •  Analyse sectorielle  •  6 837 Mots (28 Pages)  •  571 Vues

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Dieu

Dieu peut être considéré à deux points de vue, celui de la philosophie et celui de la religion, ou plus exactement des religions monothéistes : la foi religieuse suppose qu'il se révèle lui-même à l'humain, par un effet de sa bonté; et, sans cette révélation surnaturelle, l'humain ne pourrait avoir de Dieu la connaissance requise pour son salut. Selon les philosophes, au contraire, l'humain, ne s'aidant que de sa propre raison, fait effort pour dégager l'idée de Dieu, ou du moins d'en élaborer le concept.

Sous la variété des formes qu'une même pensée peut emprunter à la diversité des points de vue et aux habitudes du langage, le concept philosophique de Dieu, souvent obscurci par son affinité avec l'idée religieuse, souvent confus, s'offre lui-même de plusieurs façons : il sera défini soit à la manière des anciens Grecs comme l'explication ou la cause ultime du monde (supposée unique), soit de manière encore plus ambitieuse comme le concept d'un Être réunissant en lui toutes les perfections que notre raison peut concevoir. Dieu est l'Être parfait ou infini. Cette définition comprend et résume tout (y compris la première définition). Et peut-être trop. Car elle étend le concept depuis, d'un côté, l'intelligence, cause de l'arrangement et de l'ordre universels, qu'Anaxagore, entre les philosophes, semble avoir le premier dégagée, jusqu'à, de l'autre côté, la sagesse infinie, jusqu'à la bonté souveraine, la toute-puissance créatrice et la béatitude parfaite, réunies à la plénitude de l'être... Que peut faire le philosophe de tout cela? Quelle définition choisira-t-il? et, d'ailleurs, peut-il raisonnablement s'emparer d'un concept aussi dépourvu de poignée qui permettrait de le saisir avec sûreté? Peut-il savoir, de science certaine, que Dieu existe et quel il est? Ou ne doit-il pas, au mieux, se contenter d'une simple croyance, mais naturelle encore, et dont la seule source serait en lui-même? Nous n'avons pas de réponse, mais d'autres en ont eu pour nous. Les voici.

L'argumentaire traditionnel et sa critique.

La rencontre de la foi religieuse des Chrétiens médiévaux et des notions de la philosophie qu'ils ont progressivement hérité des anciens Grecs, les ont conduit, sous l'impulsion initiale de saint Anselme, à élaborer un argumentaire destiné à asseoir la foi sur des raisons philosophique. C'est que, diront-ils, Dieu étant présent à toutes choses, nous trouvons en nous et hors de nous l'occasion d'en concevoir l'idée. Le spectacle de la nature nous la suggère, aussi bien que l'observation intérieure. Toutefois, ce n'est pas de la simple expérience qu'elle peut naître : les deux formes de démonstration que l'on tire de la connaissance de soi-même et de l'étude de la nature supposent, comme élément fondamental, une conception de la raison. Un point de départ qui est aussi l'occasion d'une instrumentalisation de la philosophie. Reléguée au rôle de servante de la théologie, il lui sera assigné (entre autres tâches) de dégager des conceptions de la raison, supposées communes à tous les humains, mais aussi considérées comme confuses chez la plupart d'entre eux, afin que l'analyse les développe, les précise et les éclaircisse. En somme, il s'agira pour la philosophie de produire ce que l'appellera des preuves de l'existence de Dieu.

De ces preuves, il y en a eu de toutes sortes, que l'on a cherché à classer de diverses manières. par exemple, on distingue souvent (et assez arbitrairement) les preuves ou arguments a priori, comme celui qui veut que Dieu est la cause de son idée ou qu'il est la cause de soi (preuve dite ontologique), et les preuves ou arguments a posteriori, qui reposent sur le constat de l'existence du monde, et parmi lesquels on range l'argument téléologique (Dieu est la cause de l'organisation finaliste du monde) et l'argument cosmologique (Dieu est la cause de moi et du monde). D'autres preuves reposent sur la tradition (tous les peuples ont eu l'idée de la divinité...), etc. On se contentera ici de mentionner celles qui ont le plus d'intérêt philosophique :

Preuve morale - Au dire de Socrate, initiateur de cet argument, les humains ne purent se résigner à mourir entièrement. Ils pensèrent que leurs ancêtres survivaient, et qu'une récompense dans un autre monde était réservée à ceux qui l'avaient méritée. Quelques-uns au moins, les meilleurs, devenaient ainsi, aux yeux de leurs descendants, des bienheureux. Une idée de réparation et de justice se joignit au culte des morts, et la conscience humaine se représenta les dieux comme les dépositaires et les gardiens de lois non écrites, disait le philosophe, supérieures aux législations plus ou moins imparfaites des cités.

Preuve physique (ou téléologique) - En même temps un autre ordre, non plus moral, mais physique, frappait les esprits. Le monde, en grec, s'appelait d'un nom qui signifie ordre, kosmos; comment n'y pas voir l'oeuvre d'une intelligence, noûs? Anaxagore, à qui on peut faire remonter ce raisonnement, le dit expressément, et tous les philosophes ensuite, à l'exception des épicuriens, insistèrent à l'envi sur les marques d'un dessein intelligent qui se manifeste dans les choses. La nature doit avoir ses fins comme l'humanité a les siennes, et cette double idée d'une finalité en nous comme hors de nous conduisit la pensée à la notion d'un Dieu, toute sagesse et toute justice, qui en serait l'auteur.

Preuve cosmologique - Par un effort d'abstraction, que l'on doit surtout Platon et Aristote, on considéra ensuite tout le réel dans sa généralité pure et simple; il apparaît comme chose mobile et changeante, chose périssable, qui n'a pas en soi la raison de son existence, ni dans un autre réel qui lui ressemble; il ne s'explique que par lia principe suprême, objet de la métaphysique, dira-t-on après Aristote. On l'appela premier moteur, ou cause première, ou l'être nécessaire que réclame tout être contingent, ou l'absolu que suppose toujours le relatif.

Preuve ontologique - La réalité concrète était toujours le point de départ et le point d'appui. Mais un effort de plus, et l'on crut pouvoir se passer d'elle l'idée toute seule d'un être infini ou parfait n'enveloppe-t-elle pas l'existence de cet être? Il possède, en effet, toutes les

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