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De Kerangal , Corniche Kennedy , 2008

Commentaire de texte : De Kerangal , Corniche Kennedy , 2008. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  1 161 Mots (5 Pages)  •  612 Vues

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(COMMENTAIRE)

EXEMPLE DE COMMENTAIRE REDIGE

Texte :         Maupassant, « Boule de Suif », Les Soirées de Médan, 1880

        Au XVIème siècle apparaissent les premières nouvelles, souvent tragiques et pessimistes. Le genre narratif se développe progressivement, à travers les siècles, mais demeure, les premiers temps, un genre méprisé, avant de connaître son apogée, au XIXème siècle, notamment avec les auteurs naturalistes. En 1880, ces derniers publient un recueil de nouvelles, Les soirées de Médan, évoquant la guerre de 1870. Si Zola, chef de file, reste l'auteur le plus connu, « Boule de Suif », de Maupassant, demeure le récit le plus remarqué. Dans l'incipit de la nouvelle, le lecteur découvre l'armée française. Comment est-elle alors décrite? Tout d'abord, celle-ci subit une lourde défaite ; ensuite, le narrateur en propose  une satire virulente.

        L'armée française subit une véritable déroute.

        D'une part, les soldats sont déshumanisés. En effet, ils ont perdu toute énergie vitale ; le narrateur insiste sur leur lenteur, en conjuguant de nombreux verbes à des temps aux valeurs duratives, tels que le plus-que-parfait ou l'imparfait qui donnent une impression d'extrême ralenti, ce que renforcent par ailleurs certains compléments circonstanciels : « pendant plusieurs jours de suite, avaient traversé » (ligne 2), « ils avançaient d'une allure molle » (l.4), « s'arrêtaient » (l.7). L'immobilisme des soldats français contraste alors avec la rapidité de l'avancée de l'armée prussienne : « Les Prussiens allaient entrer dans Rouen » (l. 29). L'utilisation du futur prospectif laisse ici penser à une arrivée imminente de l'ennemi. En outre, le narrateur use de termes collectifs pour désigner les soldats français : « troupe » (l.2), « les hommes » (l.3), « ils », « tous » (l.5). Ils perdent de leurs individualités. Par conséquent, par cet anonymat et ce manque de dynamisme, l'armée française est déshumanisée et subit une véritable déroute.

        D'autre part, il ne reste pas véritablement d'armée, elle semble détruite, comme le confirment les deux premières phrases  de cet incipit statique, et plus particulièrement l'allitération en [d] qui amplifie l'impression de désastre : « Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n'était point de la troupe mais des hordes bandées ». Par cette phrase négative, le narrateur nie l'existence d'une armée française.. L'énumération « accablés, éreintés, incapables d'une pensée », mise en valeur par l'assonance en [é], met de plus en évidence le fait que les soldats sont à bout. Effectivement, des adjectifs dépréciatifs confèrent une dimension réaliste à cette description : « Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d'une allure molle, sans drapeau, sans régiment. » (l. 3-5). La répétition de la préposition négative souligne bien le dénuement des troupes. Il ne reste donc plus vraiment d'armée française, elle est en pleine déroute.

        Dans cet incipit informatif de la nouvelle « Boule de Suif », l'armée française est décrite, déshumanisée, quasi-détruite. Le narrateur écrit la satire de l'armée de 1870.

        Premièrement, il critique l'amateurisme des soldats. « On voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil ; des petits moblots alertes, faciles à l'épouvante et prompts à l'enthousiasme, prêts à l'attaque comme à la fuite ; puis, au milieu d'eux, quelques culottes rouges, débris d'une division moulue dans une grande bataille ; des artilleurs sombres alignés avec ces fantassins divers ; et , parfois, le casque brillant d'un dragon au pied pensant qui suivait avec peine la marche plus légère des lignards » (l. 8-15) : cette longue phrase est en tout point éloquente. Tout d'abord, par « on voyait », le narrateur implique le lecteur qui paraît suivre ce défilé pathétique, comme les villageois normands, certainement présents au bord des routes à observer « les derniers soldats français (qui) venaient enfin de traverser la Seine pour gagner Pont-Audemer par Saint-Sever et Bourg-Achard » (l. 37-38). Les militaires de carrière sont ensuite peu nombreux, comme le montrent les déterminants indéfinis « un », « quelques ». Le narrateur présente d'abord, dans cette énumération, des mobilisés, qui n'ont pas leur place au combat ou sont ridicules, malgré eux. Il est en effet paradoxal de faire  combattre des pacifiques et presque comique d'imaginer certains passant de « l'enthousiasme » à « l'épouvante » ou d'autres « se préparant au combat quand un petit lapin remuait sous des broussailles ». Maupassant critique alors une armée d'amateurs.

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