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Commentaire sur un texte de Verlaine

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Par   •  18 Janvier 2015  •  Fiche de lecture  •  1 501 Mots (7 Pages)  •  757 Vues

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Introduction

[Amorce] En 1850, le peintre Courbet fit scandale en exposant L’enterrement à Ornans, tableau monumental où il représente une scène d’enterrement dans son village natal, avec, autour de la fosse ouverte, tous les participants, clergé, enfant de chœur, fossoyeur et un groupe de petits bourgeois. Cette toile, qui apparut comme le manifeste du réalisme en peinture, scandalisa par la crudité de la scène, sa tonalité sombre et brutale. [Présentation du texte] Une quinzaine d’années plus tard, sur le même thème mais dans une tonalité bien différente, Verlaine lui aussi s’attaque aux conformismes sociaux et rompt avec la poésie traditionnelle dans un sonnet au sujet macabre, « L’enterrement ». Jeune poète provocateur (il n’est pas encore le poète de la « nuance » et « de la musique avant toute chose »), [Annonce du plan] il décrit et raconte – comme s’il y assistait – de façon réaliste et pittoresque un enterrement (I). Témoin ironique de cette cérémonie, il en fait un éloge enthousiaste et burlesque (II). Par l’humour noir, c’est la comédie sociale qu’il dénonce et le trait est un peu trop appuyé pour ne pas laisser deviner dans ce poème l’horreur qu’inspire la mort (III).

I. Une scène réaliste et pittoresque

Comme si L’enterrement à Ornans, le tableau de Courbet, s’animait sous ses yeux, Verlaine met en place de façon réaliste les éléments et les personnages de l’enterrement et il en suit la chronologie.

1. Des silhouettes dessinées d’un trait vif

Verlaine, d’un trait vif et net, individualise chaque personnage et les saisit en pleine action, en donnant à chacun une caractéristique précise.

Ce sont d’abord le « fossoyeur » qui, armé de « sa pioche », creuse la tombe et le « prêtre » en « surplis » qui dit ses prières, assisté de l’« enfant de chœur ». Puis on apporte le « cercueil » que « les croque-morts » « rondelets », en « frac écourté », descendent dans la fosse et recouvrent de « terre ». Enfin, ce sont les discours des proches – « les héritiers » – qui sont prononcés près de la tombe.

2. Une fête pour les sens

Le récit de la cérémonie est rehaussé de détails pittoresques qui en font une vraie fête pour les sens.

Verlaine donne une dimension sonore à ce spectacle qui devient presque une comédie musicale avec la chanson du « fossoyeur », les prières du prêtre qui contrastent avec « la voix fraîche de fille » de l’enfant de chœur, le carillon de la « cloche » et les discours plus graves « des héritiers ».

C’est aussi un tableau coloré, lumineux dans lequel se mêlent les éclairs de la « pioche qui brille », l’éclat du « blanc surplis » du prêtre qui contraste avec la couleur sombre de « la terre » qui s’éboule et les tenues noires des fossoyeurs dont le « nez rougi » apporte une note tonique à l’ensemble.

Même le toucher est sollicité : le « trou » est bien « chaud » – ce qui contraste comiquement avec la voix « fraîche » de l’enfant de chœur – et la « terre » se fait légère pour recouvrir le cercueil dans « un mol éboulement ».

II. L’éloge paradoxal d’un poète iconoclaste

Verlaine n’est pas seulement l’observateur de la cérémonie, il la ­commente aussi en poète peu conformiste.

1. Le détournement du sonnet par un poète iconoclaste

Certes, Verlaine recourt à la forme classique du sonnet, le plus souvent réservé à la poésie lyrique sur des sujets amoureux. Cependant il le détourne et le traite avec désinvolture, non pas pour s’enthousiasmer sur quelque beauté féminine, mais pour faire l’éloge macabre d’un enterrement.

Il conserve la structure en deux quatrains et deux tercets et la répartition des rimes, d’abord embrassées, mais avec deux tercets plus fantaisistes : au lieu des rimes aab ccb attendues, il joue sur des rimes aab cbc. Attentat plus grave contre la dignité du sonnet, il remplace l’alexandrin de la chute par un simple octosyllabe.

Il glisse pourtant çà et là quelques délicatesses poétiques : une jolie personnification de la cloche qui « lance un svelte trille », une synesthésie pour la « voix fraîche de fille » de l’enfant de chœur (qui rappelle « les parfums frais comme des chairs d’enfant » de Baudelaire), un raccourci original – et humoristique – pour ces « nez rougis par les pourboires » qui nous font voir les trognes d’ivrognes des fossoyeurs transformant en tournées bien arrosées les pourboires reçus pour leur peine.

2. Un témoin enthousiaste, à l’expression familière

Comme du Bellay dans son tableau des « vieux singes de cour », Verlaine commente ironiquement la scène qu’il décrit et indique sa présence par des marques de première personne (« Je », « me ») et des exclamations enthousiastes au début du premier quatrain et du premier tercet.

Le récit se déroule sur le ton d’une conversation assez familière, dans la syntaxe et le vocabulaire. Il résume sa longue énumération des deux quatrains

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