Commentaire sur le poème Un rêve d'Aloysius Bertrand

Le poème « Un rêve » a été écrit par Aloysius Bertrand et est extrait du recueil de poèmes « Gaspard de la nuit ». Ce recueil et ce poème ont été publiés à titre posthume en 1842, un an après la mort de l’auteur. Il est intitulé ainsi en référence au diable, surnommé Gaspard. Bertrand est considéré comme le précurseur de la prose et son recueil est considéré comme le premier en proses. Bertrand n’a pas connu le succès de son vivant, son œuvre sera longtemps inconnue du grand public, mais une fois publiée, elle influencera Baudelaire qui appliquera ces techniques à la ville, ou encore Rimbaud, de par l’originalité de l’inspiration et donc l’écriture du poème en prose. Ce poème est le septième du livre III du recueil, « La Nuit et ses prestiges », ce qui signifie, la Nuit et ses illusions, ses mirages, d’où ici le rêve. Ce texte et l’œuvre font partie du genre que l’on appelle le romantisme noir, il touche tout ce qui a attrait aux sciences occultes, aux mystères mais aussi aux atmosphères médiévales, mystiques et gothiques. Dans ce poème, Aloysius Bertrand nous raconte un rêve, la question est de savoir comment et par quels procédés parvient-il à retranscrire les sensations de ce rêve ? Dans une première partie, nous expliquerons la juxtaposition d’histoires qui ne semblent pas liées puis dans une seconde partie, nous analyserons la mise en évidence d’éléments convergents au sein d’une organisation narrative très concertée.

A la lecture du poème, nous pouvons remarquer que trois histoires nous sont contées par l’auteur, ces histoires n’ont aucun lien logique entre elles, excepté le fait qu’elles relèvent toutes du registre tragique. Cela va donc plonger le lecteur dans la confusion. Chaque histoire possède un seul personnage, associé à un seul lieu. Le protagoniste de la première est un moine, Dom Augustin, qui souffre et qui finira par agoniser dans une abbaye. Nous avons ensuite l’histoire de Marguerite, une jeune fille qui finit tuée par son amant. Le prénom Marguerite a encore une fois une connotation en relation avec le diable. En effet, Marguerite est la fiancée de Faust dans l’œuvre de Goethe. Faust fait un pacte avec le diable, il échange son âme contre la connaissance des sciences, il va ensuite séduire Marguerite, cette dernière tuera son enfant, sera condamnée à mort puis sauvée grâce à sa repentance. La dernière histoire a pour personnage central le poète lui-même qui va mourir sur la place aux exécutions de Dijon, où sa sentence sera prononcée par le bourreau. Chaque personnage est relié à un élément particulier. Pour le moine, il s’agit de la cellule de l’abbaye, Marguerite est, elle, liée aux branches du chêne auxquelles elle est pendue et le poète, aux rayons de la roue sur laquelle le bourreau l’attache. Bertrand nous raconte ces histoires telles qu’il les a vécues dans son rêve, il nous retranscrit les évènements sans essayer de les comprendre, comme le montre la phrase mise en exergue, avant le début du poème, qui est une citation de Pantagruel, une des œuvres de Rabelais : « J’ai rêvé tant et plus, mais je n’y entends note. ». Au niveau de la structure du texte, nous pouvons remarquer que l’avant-dernière strophe nous explique la fin des deux premières histoires, on apprend que Dom Augustin est mort et va recevoir une cérémonie, Marguerite connaît le même sort et va être veillée. Pour les deux histoires il y a une connotation religieuse avec le moine et l’abbaye et pour Marguerite, les « quatre cierges de cire ». La dernière strophe nous explique l’échappatoire du poète face au châtiment qui l’attendait dans son rêve, il se sort peu à peu de la situation, avec le verre qui se brise, les torches qui s’éteignent, tout se brise et se casse. Cela nous amène à la fin de son rêve et du poème : « et je poursuivais d’autres songes vers le réveil ». Lors

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