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Commentaire sur l'incipit de "Tout les matins du monde" de Pascal Quignard

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Par   •  10 Avril 2021  •  Commentaire de texte  •  1 938 Mots (8 Pages)  •  2 293 Vues

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COMMENTAIRE LITTÉRAIRE

TOUS LES MATINS DU MONDE

        L’incipit (du latin incipio, is, ere : commencer) constitue le tout début du roman : il est fondamental puisqu’il ouvre le récit en exposant les informations essentielles qui sont liées aux personnages, au temps, au lieu, aux thèmes et enjeux.

        Pascal Quignard, auteur contemporain, écrit en 1992 Tous les matins du monde, œuvre biographique relatant de la vie d’un maître de viole de Gambe, Monsieur de Sainte-Colombe, roman qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique. L’action se passe sous le règne de Louis XIV au temps de Madame de la Fayette, autrice de La Princesse de Clèves, oeuvre intégrale associée au parcourt « Individu, morale et société ».

Ce roman a pour thème principal le deuil de Madame de Sainte Colombe, laissant son mari seul avec leurs deux petites filles, Madeleine et Toinette. Afin d’accroître leurs revenus, Monsieur de Sainte Colombe donne des cours de viole de gambe. Il se plonge dans la musique pour oublier la mort de son épouse. Ainsi, la musique par laquelle il s’échappe, éducation prodiguée aux deux petites filles en l’absence d’une mère et l’amour familial sont les enjeux de ce roman.

Dans cet incipit, on nous présente la dure reconstruction d’une famille en deuil, avec une mère toujours présente bien que morte.

On peut retrouver quatre mouvements dans le texte :

Le premier est l’introduction du texte par un narrateur omniscient qui nous révèle les sentiments du principal protagoniste, et notamment son ressenti envers la brutalité de la mort de sa femme. Il se termine par « C’est à cette occasion qu’il composa le Tombeau des Regrets. ».

Le deuxième mouvement, de « Il vivait avec ses deux filles » jusqu’à « C’était un maître réputé », nous décrit la vie que mène Monsieur de Sainte-Colombe ainsi que son éthopée.

Le troisième mouvement parle de l’éducation qu’il prodigue à ses filles.  Il s’étend de « Il avait à son service » à « l’élégance avec laquelle ses filles le résolvaient ».

Le dernier mouvement conclu le texte. Il nous révèle que Madame de Sainte-Colombe hante toujours son mari.

En quoi ce texte remplit-il toutes les fonction de l’incipit ? En d’autres termes, la formulation étrange du texte ne nuit-elle pas au déroulement de l’histoire de manière réaliste ?

        La mort brutale et le deuil de la famille constituent l’introduction et le début du récit. En effet, on ne trouve pas d’analepse. Le lecteur suit chronologiquement les étapes de la vie de Sainte Colombe depuis la mort de sa femme.

Ainsi, cette ouverture répond aux exigences du début de roman mais elle est tout aussi originale dans le sens où elle introduit d’emblée le lecteur dans une perception de la mort omniprésente. Dans ce choc, Monsieur de Saint-Colombe voit le temps s’écouler de façon inégale : il émerge un paradoxe entre l’évocation d’une mort rapide, mis en évidence par la brièveté de la phrase et l’emploi du passé simple « mourut », qui s’accompagne d’une datation par la saison, dont la durée s’étale sur plusieurs mois. Ce paradoxe se retrouve dans la mise en parallèle entre le printemps, saison symbolisant le renouveau, et la clôture de cette courte phrase par une mort brutale. La structure familiale est ensuite exposée de manière imprécise et neutre. On reconnaît les époux par leur patronyme familial « De Sainte Colombe ». On n’expose qu’ensuite les « deux filles » qui sont laissées par la mère, sans en donner les caractéristiques distinctives à part leur âge.

On comprend dès le début du livre que la disparition de la mère, dont on ne sait que le patronyme et la mort, crée la rupture qui ouvre le destin de sa famille. Le thème de la mort est mis en valeur par la construction avec des phrases courtes qui se suivent, liées par une logique non exprimée et donc de ce fait, accentuée. La mort désunit la famille : «Monsieur de Sainte Colombe ne se consola pas.». Le verbe au passé simple « ne se consola pas » a une valeur d’accompli et entre en opposition avec le verbe suivant « il l’aimait », imparfait ayant une valeur durative. Le choix du passé simple comme temps achevé réfute tout espoir de consolation.

Cependant, Monsieur de Sainte-Colombe entre dans une ère de composition. La mort de sa femme, sous entendue dans la litote  « cette occasion » mise en valeur par la tournure emphatique « c’est …. que », est déclencheur de l’écriture musicale, notamment du Tombeau des Regrets. La musique du mari est un hommage à la défunte réunissant le couple à nouveau dans l’expression de la douleur.

        On expose ensuite le lieu de vie de la famille. Elle vit dans un lieu reculé mais proche de Paris et de son effervescence, car le jardin donne sur « la Bièvre ». Cette rivière parisienne est connue pour sa couleur brune, traversant des zones marécageuses. Le lieu se place donc sous la dominante du milieu sauvage des marais. Les déterminants indéfinis suivis de noms génériques comme « maison », « jardin », « rivière », « saules », « rive », « barque » n’ancrent pas le lieu dans une réalité géographique mais  plutôt dans une dimension symbolique où la rivière et son eau boueuse où l’on s’empêtre ressemble au chemin menant à la mort : on voit cette boue autours de nous jusqu’au jour ou nous seront nous-même empêtrés dedans sans pouvoir en sortir.. Ce lieu est déterminé par deux attributs « étroit et clos », qui marquent l’intimité et la fermeture, également exprimée par une limite naturelle « la rivière ». Cette solitude est recherchée. En effet, l’imparfait de répétition instaure une habitude « une barque dans laquelle…agréable », « allait s’asseoir », « dans laquelle ».

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