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Commentaire de scène d'exposition de Rhinocéros

Commentaire de texte : Commentaire de scène d'exposition de Rhinocéros. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Janvier 2023  •  Commentaire de texte  •  1 435 Mots (6 Pages)  •  150 Vues

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           Commentaire de l’incipit de Rhinocéros (jusqu’à « Jean et Bérenger se sont assis. »)

Ecrivain français d’origine roumaine, Ionesco a été témoin dans sa jeunesse de la montée du fascisme. Constatant que l’endoctrinement voire la fanatisation agissent comme une véritable épidémie, le dramaturge décide de rendre sensible ce phénomène dangereux de l’aliénation à travers l’illustration concrète et symbolique qu’est la farce tragique Rhinocéros. A l’ouverture de la pièce, on découvre un décor réaliste et banal de petite ville de province, où deux amis se retrouvent à une terrasse de café. Traditionnellement, une exposition théâtrale fournit au lecteur, comme au spectateur, des indications relatives au cadre spatio-temporel de l'action. On se demandera dans quelle mesure cette scène d’exposition est originale.

I  Le cadre spatio-temporel

A l'ouverture de la pièce, on est frappé par l'abondance et la précision des indications scéniques, notamment par la longue didascalie initiale, titrée « Décor ». L'examen analytique du texte révélera effectivement l'importance des éléments non verbaux de ce début de pièce.

  1) Le cadre spatial

Dès la première phrase de la didascalie initiale, le lieu est posé : « Une place dans une petite ville de province ». Série d'éléments visuels ensuite proposée avec une extrême précision : « épicerie » (l.8), « clocher » situé au second plan (l.10), « café » (l.13) et « terrasse » (l.14)  🡪  Espace scénique relevant d'un univers banal et quotidien, qui ne renvoie à aucune ville précise et qui reste donc sur ce point assez vague et général. L’action se déroule dans un village, non nommé, afin que chacun s’y identifie. Entrée en scène des personnages qui renforce encore le caractère familier de cet univers : une femme qui fait ses courses (l.22), une épicière (l.25), deux amis qui ont rendez-vous au café (l.43).

Espace ouvert, puisque Ionesco prend soin de lui donner une profondeur avec la présence du clocher « dans le lointain » (l.11) et « la perspective d'une petite rue » (l.12). Situation en contraste d’ailleurs avec celle de l'acte III, où Bérenger se trouve comme enfermé dans sa chambre, lieu clos, cerné de toutes parts par les rhinocéros.

Présence assez mystérieuse d'un « arbre poussiéreux » (l.16), élément insolite qui semble perturber l'apparente harmonie de l'ensemble. Hypothèse que cet arbre fonctionne comme indice de la présence latente de la rhinocérite, en rappelant que la poussière envahira le plateau après le premier passage du rhinocéros.

2) Le cadre temporel

Didascalie initiale qui fournit au lecteur de précieuses indications : «C’est un dimanche, pas loin de midi, en été» (l.18).

Avant même le lever du rideau, « on entend carillonner » (l.20). Cet élément sonore ancre la pièce en un instant précis, mais a une fonction plus symbolique : d'une part, il se substitue solennellement aux trois coups traditionnels du théâtre, d'autre part on peut comprendre ce carillon comme une sorte de signal qui marque l'émergence d'un événement.

Aucune précision d’époque, mais indices nombreux d'une certaine modernité : épicerie, café, langage courant et actuel des personnages, costumes, montre-bracelet. 🡪 Le spectateur de 1960 se trouve donc face à un monde qui ressemble au sien ou qui lui est très proche. Si l'on peut considérer la rhinocérite comme représentation de la contagion du nazisme, on remarquera que la pièce évite cependant l'ancrage historique et invite par là-même à donner à la rhinocérite une portée plus large.

          🡪Exposition qui joue dans une certaine mesure son rôle informatif, mais elle est surtout déroutante, car on découvre une conversation anodine, sans lien avec l’animal annoncé par le titre.

II  La parole et l’action en question

         Incompréhension, tension et sentiment d’échec dominent ce passage ouvrant la pièce.

1) Une entrée en scène marquée par une parole marginalisée

Scène s'ouvrant sur le passage silencieux d'un personnage, la ménagère (l.22). Puis, apparition de l'épicière (l.25) et enfin celle de Jean et de Bérenger (l.33). Des personnages apparemment secondaires pour le lecteur précèdent l'arrivée de Jean et de Bérenger. Cette apparition retardée de Jean et de Bérenger est mise en valeur par le bref moment où le plateau se trouve vide (l.31). Outre leur nom, d'autres précisions sont apportées, notamment dans la description des costumes, qui les ancrent socialement.

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