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Commentaire de l'extrait du chapitre 3 de l'écume des jours, la patinoire, de Boris Vian

Commentaire de texte : Commentaire de l'extrait du chapitre 3 de l'écume des jours, la patinoire, de Boris Vian. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Septembre 2017  •  Commentaire de texte  •  2 508 Mots (11 Pages)  •  6 616 Vues

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Séquence 1 L'Ecume des jours de Boris Vian

Lecture analytique n0 2 : « à la patinoire », chapitre 3 (du début du chapitre

jusqu'à « et reprirent leur giration »)

Voici le plan de la lecture analytique répondant à la problématique du cours : en quoi ce passage est-il surréaliste ? Remaniez ce plan pour faire le plan détaillé de la lecture analytique répondant à la problématique suivante : quelle vision de l’homme est donnée dans ce passage ?

Introduction :

Boris Vian est un écrivain de la génération existentialiste (des années 1940), ingénieur centralien de formation. Il est en réalité ingénieur le jour et trompettiste de jazz la nuit dans les caves du quartier de Saint-Germain des Prés alors en pleine ébullition (quartier où se retrouvaient tous les intellectuels et artistes de l'époque). Boris Vian était en effet un artiste accompli. Son premier roman publié sous un pseudonyme intitulé j'irai cracher sur vos tombes fut un Best-Seller malgré le scandale qu'il provoqua. Il écrivit par la suite d'autres romans mais aussi du théâtre, des chansons, des scénarios ; il fut aussi journaliste, acteur de cinéma etc... Il fréquenta les écrivains existentialistes, notamment Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir qui lui confièrent une chronique dans leur revue « Les Temps Modernes ». Cependant, son œuvre est inclassable, à la rencontre entre Surréalisme et Existentialisme.

L'Ecume des jours publié en 1947 est un roman poétique, une parodie de roman d'amour qui révèle le sens du merveilleux, du jeu verbal et de la provocation sociale de son auteur, dans la lignée des surréalistes. Cependant, la fantaisie, le merveilleux, les jeux du langage n'occultent pas la présence d'un destin contraire qui va transformer une histoire d'amour en une tragédie où le couple idéal formé par Colin et Chloé se perdra. En ce sens, le roman revêt une valeur symbolique et peut se lire comme une allégorie pessimiste de la condition humaine dans la lignée des œuvres existentialistes. Dans l'avant-propos, Boris Vian présente le roman comme une « démonstration », totalement vraie car elle relève de l'imaginaire (pour les surréalistes en effet, la vérité de l'homme se trouve dans son inconscient) et comme une projection déformée de la réalité.

Colin, un jeune homme ordinaire, présenté comme « gentil » et toujours « de bonne humeur » dans l'incipit est un rentier fortuné qui ne travaille pas mais aime à fabriquer des machines étranges (un pianocktail par exemple) et retrouver ses amis : Chick un fan de l'écrivain Jean-Sol Partre et son amie Alise. Ce jour-là, ils ont rendez-vous à la patinoire. Ce passage mêle les tonalités fantaisiste, humoristique et macabre.

C'est pourquoi nous nous demanderons en quoi ce passage est surréaliste.

Pour ce faire, nous étudierons dans une première partie les techniques surréalistes puis dans une deuxième partie la manifestation des principes du Surréalisme dans ce passage.

I Les techniques surréalistes

Ce passage utilise largement les techniques d'écriture pratiquées par les surréalistes.

1. Les images surréalistes

Comme toujours, dans les textes surréalistes, les images sont regroupées en réseaux (par association d'idées). Les deux réseaux du passage sont complémentaires.

a) Le premier réseau concerne la biologisation de la matière : les objets prennent vie (comme dans la peinture surréaliste) :

La carte fait un clin d'œil au contrôleur (l'image est crée par association d'idées les deux trous faisant penser aux deux yeux d'un visage comme pourrait le voir ou le dessiner un enfant : la poésie nous apprend à retrouver un regard d'enfant (cf Cocteau « Le Rappel à l'ordre). L'image joue ensuite sur un jeu de mots : un mur aveugle est un mur sans fenêtre, or, contrairement à la logique ici, (les surréalistes s'opposent à la logique et à la raison) le fait de percer un trou de plus rend la carte aveugle.

La piscine est désignée comme « un organisme pétrifié », un être vivant pris dans la glace

« une craie négligente », l'expression habituelle est « d'une main négligente ». La craie est dotée de vie ici.

La semelle des chaussures repousse avec de l'engrais comme s'il s'agissait d'une plante.

b) A l'opposé de ce phénomène, un autre réseau d'images contribue à déshumaniser les êtres humains.

Ils sont assimilés à des animaux : un homme à tête de pigeon, une patineuse à la-fin d'un grand aigle laisse tomber un œuf. Les patineurs au sol ressemblent à un immense insecte avec plein de bras et de jambes qui dépassent, « une masse grouillante ». Ils ne sont plus désignés que par « ça » : « ça clapotait en dessous du tas »

Les patineurs perdent leur individualité : « un_amas », « un tas »

Ils sont ensuite objectivés, désignés comme des « lambeaux » qu'on jette « dans le trou à raclures », autrement dit des ordures que l'on jette à la poubelle.

c) Un troisième réseau se développe à partir de la comparaison du bruit des pas des patineurs avec celui d'un régiment dans la boue : « Le piétinement des patineurs n'atteignait pas encore le niveau sonore des moments d'affluence où il présente une analogie avec le bruit des pas d'un régiment dans la boue giclant sur le pavé » (l'image de la boue est omniprésente dans le roman, le nénuphar dont souffre Chloé prend ses racines dans la vase, l'appartement de Colin et Chloé va se transformer en boue progressivement). Cette image guerrière va être filée par la suite avec les « varlets-nettoyeurs » qui évoquent the « war » et un nettoyeur dans le langage militaire est quelqu'un qui nettoie une position (il s’agit bien ici d'éliminer des patineurs assimilés à un régiment qu'on jette dans un trou). La violence se retrouve aussi dans l'expression « in pace » au lieu de cabine : un « in pace » est un cachot où on enfermait les coupables scandaleux : le vocabulaire est utilisé ici de manière décalée et inappropriée.

2. Jeux sur le langage

a)

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