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Commentaire composé- Promenade sentimentale, Verlaine

Commentaire de texte : Commentaire composé- Promenade sentimentale, Verlaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2019  •  Commentaire de texte  •  3 922 Mots (16 Pages)  •  3 559 Vues

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Poète du je-ne-sais-quoi, du vague et de la suggestion, Paul Verlaine se revendique comme « le mal Socrate » de la littérature. Influencé par le Parnasse, l’inspiration du poète est particulièrement dépendante des influences subies : ainsi le génie verlainien est fait : révélation de l’aventure contenue dans la sensation, de la valeur plastique ou symbolique d’une expérience sensible, autant de découvertes exploitées et qui s’épuisent en quelques brillantes réussites, notamment avec un de ses recueils : « Poèmes saturniens », recueil sans équivalent dans la poésie française. Recueil publié en 1866, de par son titre invite le lecteur à une mélancolie intériorisée et attachée à la condition humaine, une fatalité quasiment psychologique vouant l’être à la fois à l’aliénation sensuelle et aux remords, lui faisant aimer les paysages tristes, les spectacles laids, les visions mélancoliques, la luxure, et même la mort. Ce recueil à portée mélancolique comporte 40 poèmes, tous répartis en 4 différentes parties en lien avec le saturnisme de Verlaine d’où est né le titre du recueil, je cite : « mélancholia », « paysages tristes », « eaux fortes », et « caprices ». De là, les poèmes de son recueil auront tous un certain ton de mélancolie, signature d’une mélancolie d’où Verlaine ne parvient à s’en libérer. Il en est le cas dans son poème « Promenade sentimentale », 3ème poème de la 3ème section de son recueil : « Paysages tristes ».

LECTURE

Ce poème est dédié à Catulle Mendès, étant un poète parnassien. Composé de 16 décasyllabes, celui-ci décrit un paysage dans lequel le poète promène sa peine, sous l’emprise de Saturne, comme l’indique le nom de son recueil « Poèmes saturniens », saturne était une planète à l’influence néfaste qui instille dans l’âme la mélancolie et la nostalgie. Si le triste décor de cette promenade sentimentale n’est pas dénué de référence au réel, il reste avant tout un paysage intérieur, expression symbolique et voilée de la souffrance solitaire de Verlaine dont on ignore la cause.

   Nous pouvons donc nous demander en quoi le paysage de ce poème traduit-il l’état d’âme du poète ?

Avant de nous questionner sur la mélancolie envoutant le poète, nous verrons en quoi le paysage du poème s’avère être un paysage de choix, voir un paysage de prédilection. Enfin, nous verrons que le paysage de ce poème y calque la présence de la mort.

I : paysage de choix

Dans un premier temps, nous verrons que le paysage décrit dans ce poème est un paysage révélateur quant à l’état d’âme du poète. Nous verrons cela avec d’une part l’organisation spatiale et le cadre du paysage en lien avec la régularité du poème et, d’autre part, avec le mouvement du poème traduisant un moment adapté à une promenade paisible.

A : organisation spatiale, cadre et donc calme de la nature en lien avec la régularité du poème

Les huit premiers vers de ce poème plantent d’emblée le décor d'une promenade souvenir autour d'un étang avec la végétation classique des nénuphars et des roseaux qui fluctuent sous l'action du vent. En effet, « nénuphar » est répété aux vers 2 et 3. Ceux-ci caractérisés de « blêmes » au vers 2 montre qu’ils sont privé de couleur, extrêmement prosaïque, ainsi commun et banal, mais à la fois triste. Le poète se rend sur les bords d’un étang, pour faire sa promenade, cadre apaisant propice à la méditation et au calme, l’étang était un lieu aquatique que l’on retrouvait alors beaucoup chez les symboliste. L’étang joue alors le rôle de miroir qui reflète l’image du poète et de sa douleur. Cette présence récurrente de l’eau est accentuée par l’allitération en « l », par exemple dés vers 3 à 7 avec « les, les, luisaient, les, calmes, seul, plaie, long, l’étang, la, saulaie, la » et des vers 12 à la fin avec « plaie, l’épaie, linceul, blêmes, les, les, calmes ». Ces allitérations en « l » présentes donc sur la majorité du poème montre la fluidité du son qui reproduit la fluidité de l’eau. L’eau évoque également l’idée de ce qui passe, ce qui fuit, qui coule (au sens propre et au sens figuré), qui n’est donc que transition et changement. L’eau semble en osmose avec les sentiments du poète qui n’a alors plus gout à la vie.De là nous pouvons remarquer que le champs lexical de l’eau et de la nature abonde dans le texte, avec les termes « les calmes eaux » au vers 4 et 16, « l’étang » au vers 6, « noyer » au vers 13, « ses ondes blêmes » aux vers 2 et 14, « nénuphars » aux vers 2, 3, 15 et 16, « roseaux » au vers 3 et 15, « sarcelles » au vers 9, « saulaie » au vers 6 et 11. Verlaine, de par la versification de son poème, nous montre encore une fois cette idée d’harmonie, que tout coule, que tout va. En effet le rythme assez monotone, plat et non varié du poème puisque celui-ci est organisé en décasyllabes et en rimes plates (par exemple avec grand et désespérant, sarcelles et ailes, seul, linceul) nous renvoie à cette idée de calme. De plus, les césures à l’hémistiche fréquentes, souvent réalisés à l’aide d’imparfait comme par exemple au vers 2 avec « berçait », au vers 10 avec « rappelaient », provoquent également une régularité, une monotonie. Cette monotonie se fait également remarqué par ce son « è » qui se répète dans donc tous les verbes à l’imparfait avec je cite par exemple « dardait » au vers 1, « luisaient » au vers 4, et avec des noms tels que « saulaie » au vers 6, « plaie » au vers 5.

B : moment propice à cette promenade paisible en lien avec le mouvement DU POÈME

Au cadre du poème s’associe le temps.  En effet, si ces sentiments déteignent sur la nature, ils sont également liés au temps qui semble être arrêté. Le poème décrit donc un lieu mais également un moment de la journée, moment propice à cette promenade particulière. Ainsi, l’auteur dès le début de son poème nous précise le moment de cette promenade : c’est le soir lors du « couchant » vers 1, moment accompagné « des rayons suprêmes » vers 1, indication également répétée vers la fin du poème au vers 13 et 14 ou alors l’engerbement utilisée permettra de mettre en relief cette allusion. Ce moment du crépuscule est un moment propice à l’introspection. Nous assistons alors à un véritable cheminement de l’extérieur vers l’intérieur du personnage qui est suggéré donc par le moment choisit, qui favorise la réflexion, moment calme de la journée, le crépuscule étant le moment de celle-ci ou « tout se finit », « tout s’achève », « tout s’éteint ». Cet effet de boucle, d’achèvement de quelque chose se relève également par la construction du poème. En effet, celui-ci est construit en miroir, à l’aide d’un chiasme avec un axe de symétrie aux vers 8 et 9. Puisque le chiasme est la figure de référence de la symétrie, on peut penser que le chiasme vers 5 et la structure en chiasme du poème (visible notamment entre les vers 1 « rayons suprêmes »  et les vers 13 et 14 « suprêmes […] rayons ») représente à une plus grande échelle, le poète qui observe son reflet dans l'eau de l'étang et qu'ainsi « ses ondes » seraient « blêmes » (v.14) car son visage, blême de solitude, se refléteraient dans l'eau. Ainsi, dans le poème de Verlaine, toutes ses idées coulent, sans cassure. En effet, même au moment où la chute brutale de la nuit intervient, c’est-à-dire aux vers 12 et 13, celle-ci est représentée sur une durée indéterminée et dans un mouvement continu, notamment avec l’allitération en « ai » dans « plaie », « épais », « ténèbres », « suprêmes » qui donne un effet de légèreté au phénomène. Cet effet de fluidité, de continuité, est donc réalisé par les sons nasalités comme « ai, en, in » traduisant la douleur et des verbes à l’imparfait pour ajouter à la durée. Ce mouvement à la fois circulaire et exténuant du poème, laisse le poète ainsi dans l’incapacité de sublimer sinon de dépasser le deuil et la souffrance. Nous pouvons donc comprendre qu’ici, la nuit tombe sur la nature comme celle-ci est tombée sur l’amour du poète.

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