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Commentaire composé "De l'esclavage des nègres" Montesquieu

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Par   •  29 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 801 Mots (8 Pages)  •  2 440 Vues

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Commentaire Composé

Extrait de Montesquieu,

De l’Esprit des Lois, « De l’esclavage des nègres »

        « Moi j’écris pour agir », voilà des mots de Voltaire qui pourraient être prêtés à nombre philosophes et auteurs, notamment ceux du siècle des Lumières. En effet, les écrivains sont souvent les hérauts de l’humanité, les porte-parole de ceux qui souffrent et qui n’ont pas l’éloquence et la plume des hommes de lettres. Au xviiième siècle, ce siècle que l’on a appelé « des Lumières », est celui qui a vu écrire Voltaire, Diderot et Montesquieu, entre autres. Ces écrivains ont écrit pour rappeler aux hommes leur égalité, pour apporter un message de tolérance et de justice, pour inviter ceux qui les lisaient à faire preuve d’esprit critique, à faire preuve de raison. Montesquieu, parmi eux, connu notamment pour son roman épistolaire Les Lettres Persanes, a aussi écrit un traité politique vivement critiqué à sa sortie en 1748, De l’esprit des lois. Dans ce traité Montesquieu se propose de réfléchir sur la loi et sur la façon dont elle doit être adaptée aux hommes. Dans un extrait du chapitre xv il traite, non sans une ironie certaine, le sujet de l’esclavage des nègres. Cet extrait propose une argumentation soutenue et logique en faveur de la traite négrière, soulignant tous les points positifs à cette pratique. Cependant, le lecteur averti que vise Montesquieu sait lire entre les lignes pour détecter l’ironie du propos et identifier le réquisitoire violent contre l’esclavage.

Nous nous demanderons ainsi comment Montesquieu s’y prend, en adoptant le point de vue des arguments en faveur de l’esclavage, pour les discréditer. Nous verrons dans un premier temps que la première lecture du texte nous offre une argumentation solide, construite et organisée puis nous verrons dans un second temps que chaque argument est tourné en dérision par la plume acérée du philosophe.

        La première lecture du texte donne l’impression de lire un véritable plaidoyer pour l’esclavage : l’argumentation est structurée en neuf paragraphes tous illustrés d’exemples précis. Montesquieu utilise les pronoms « on » et « nous » pour placer son propre point de vue parmi ceux qui défendent l’esclavage. Il avance avec la première phrase : « Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves voici ce que je dirais », son argumentation comme une hypothèse, avec la construction appuyée sur le conditionnel, d’une défense possible pour l’esclavage.

        Dans un premier temps, Montesquieu justifie la mise esclavage des noirs comme une nécessité logique sur le plan économique. Aux lignes 3 et 4, Montesquieu explique qu’il était nécessaire de faire venir des esclaves nègres d’Afrique car il n’y avait pas de population locale pour s’occuper des terres d’Amérique, cette population, les Amérindiens, ayant été décimés par les colons européens. Ces derniers n’ont pas le choix, ils doivent faire venir de la main-d’œuvre d’ailleurs pour pouvoir cultiver les terres des Amériques. L’usage du verbe « devoir » à la ligne 3 souligne la nécessité des Européens et le lien de cause à effet logique  de cette pénurie : il n’y a plus de travailleurs amérindiens, il faut donc aller en chercher ailleurs. Cette nécessité est doublée par le fait que l’esclavage ne coutant pas très cher, le produit fabriqué, ici le sucre, est ainsi bien plus abordable pour tous. L’esclavage revêt donc une dimension presque sociale dans l’intérêt des Français, où chacun ainsi peut avoir accès à cette ressource grâce à la traite négrière.

En outre, Montesquieu tente de présenter la mise en esclavage des noirs comme un «  droit […] de rendre les nègres esclaves » (l. 1). C’est-à-dire comme quelque chose qu’une puissance supérieure autorise les européens à faire. Ce « droit » repose sur le fait qu’il semble difficile, voire impossible de considérer les noirs comme des êtres humains, et qu’ainsi, le traitement infligé n’est finalement pas amoral ou illégal. Pour justifier cela, Montesquieu propose un argument qui semble superficiel mais qui est appuyé par une source antique : leur apparence. En effet, la noirceur de leur peau et leur visage différent et grossier semble davantage les rapprocher de l’animal que de l’humain, ainsi, comme le dit Montesquieu : « ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre » (l. 7-8). Cet argument qui semble peu solide est appuyé par une anecdote de l’Egypte antique qui rappelle que les Egyptiens tuaient les hommes aux cheveux roux qu’ils pensaient mauvais ou possédés par un mauvais dieu. De fait, si les Egyptiens pratiquaient cela pour une question de cheveux, il semble aisé de se faire la même réflexion à propos de la couleur de peau. Cette idée est encore illustrée par l’image d’une création divine qui n’a pas pu souhaiter des hommes noirs : « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir […] (l. 9-10). Il semble évident que la perfection de la création divine ne peut être entachée par des êtres à la couleur si sombre et négative ; ainsi si Dieu les a réellement créés, il a dû les créer pour un usage pratique, sans les doter d’un esprit ou d’une âme d’homme.

Enfin, leur manque d’intelligence est mis en valeur par la comparaison qu’il fait avec sa propre civilisation. En effet Montesquieu compare l’attrait déplacé des nègres pour la verroterie quand les nations « policées » comme la sienne préfèrent l’or (l. 14-16). Le fait que les noirs ne fassent que peu de cas de quelque chose d’aussi précieux que l’or montre bien leur peu d’intelligence, d’autant plus si les Européens y font attention, c’est qu’il doit s’agir de quelque chose de précieux. Ce manque d’intelligence est aussi étendu aux « petits esprits » (l.20) qui « exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains » (l. 20). En effet l’auteur expose avec évidence que si la situation était vraiment injuste, les puissants d’Europe ne laisseraient pas faire. La construction interrogative « ne serait-il pas venu dans la tête des princes d’Europe […] ? » souligne l’évidence presque bête de la pensée.

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