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Commentaire De Texte de la pièce de théâtre Ile Des Esclaves Scène 6, de Marivaux

Mémoire : Commentaire De Texte de la pièce de théâtre Ile Des Esclaves Scène 6, de Marivaux. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  26 Janvier 2015  •  903 Mots (4 Pages)  •  1 091 Vues

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Vu par leurs subalternes, le monde des maîtres est caractérisé par des usages particuliers du langage, qu’il s’agisse de se livrer aux délices de « la belle conversation », selon la formule employée peu auparavant par Cléanthis, ou de recourir à la fonction performative du langage pour faire exécuter les ordres que l’on donne. La supériorité des maîtres s’ appuie donc sur une maîtrise du discours, raffiné, «galant », et réservé à une élite de gens instruits et oisifs, comme le souligne ici le désir de s’asseoir puis de se promener, sans rien faire réellement. En même temps, le langage est pour les maîtres un instrument de pouvoir sur leurs subordonnés, réduits à l’anonymat de l’indéfini « on » (« qu’on nous apporte... ») et contraints à une obéissance immédiate (« vite, des sièges... »).

La protestation d’Iphicrate perturbe néanmoins la parole impérative d’Arlequin et en dénonce le caractère illusoire. L’ordre ne sera pas suivi d’effet, et la formule grandiloquente du valet (« La République le veut ») est ridiculisée par le décalage de son emphase avec l’acte qu’elle commande (apporter des sièges). Ces indices révèlent que la relation maître/serviteur est ici faussée : entre les deux pièces de son assemblage, il y a, comme on dit en mécanique, «du jeu».

II - LA MAÎTRESSE DU JEU

Dans la comédie que les valets se donnent à eux-mêmes, et offrent en spectacle à leurs patrons impuissants, Cléanthis assume le rôle du metteur en scène.

Elle décide des mouvements (« promenons-nous), indique les attitudes (« procédons noblement », «révérences »), enfin, elle dicte son texte à Arlequin.

Mais si la servante mène le jeu, il revient au valet d’en signifier l’intention profonde: «quand ce ne serait que pour nous moquer de nos patrons ». Ce galant duo est en réalité une satire des manières et des moeurs de l’aristocratie, d’autant plus féroce qu’elle se donne pour public ceux qu’elle prend pour cible. Une didascalie inhabituellement longue précise d’ailleurs la gestuelle désespérée des maîtres, et, par un jeu de regards croisés (Cléanthis vers Iphicrate et Arlequin vers Euphrosine), suggère les arrière-pensées des deux serviteurs.

La présence des maîtres répond à une double nécessité. Elle est dictée par la loi de fonctionnement du théâtre, dont cette scène est une mise en abyme : point de spectacle sans spectateurs; Mais elle permet aussi d’exhiber le lien de dépendance réciproque qui unit les puissants à leurs inférieurs : point de maîtres sans serviteurs (« pouvons-nous être sans eux », déclare Cléanthis).

III - LE RIRE DU SAGE DANS L'ÎLE DES ESCLAVES

L’emboîtement des points de vue (public dans la salle, maîtres devenus spectateurs sur scène) est encore compliqué par le jeu des deux serviteurs, qui semblent se dédoubler, et être à eux-mêmes leur propre public (Arlequin « s’applaudit », au sens propre comme au sens figuré). Plusieurs discours s’emboîtent les uns dans les autres : celui de la préciosité (« un jour tendre », « vos grâces », «mes flammes », «mes feux »), celui du «naturel », incarné par Arlequin, qui ridiculise le premier, et enfin celui de Cléanthis « metteur en

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