LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Commentaire Composé De Chatterton d'Alfred De Vigny : Extrait III , 7

Documents Gratuits : Commentaire Composé De Chatterton d'Alfred De Vigny : Extrait III , 7. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Février 2015  •  1 498 Mots (6 Pages)  •  6 872 Vues

Page 1 sur 6

Commentaire composé de Chatterton, Alfred De Vigny : Extrait III , 7


Lorsqu'il écrit Chatterton, Alfred de Vigny est déjà connu pour sa production littéraire : ses romans et ses poèmes rencontrent un vif succès. Mais il tire une vive amertume de l'échec de sa carrière militaire et de sa vie sentimentale. Amertume et pessimisme alimentent ses oeuvres qui accèdent ainsi à une dimension philosophique. Il apparaît derrière Victor Hugo, comme l'un des maîtres de la nouvelle école romantique. Dans le drame qu'il fait jouer, il évoque la situation du Poète qui refuse le joug du monde matérialiste : Chatterton, à la fin de la pièce, va se donner la mort sous nos yeux et se justifie dans un long monologue. Dans cette scène paroxystique, à forte tension dramatique, Vigny montre la condition du Poète, héros tragique de son époque.

1) Une scène dramatique
Le personnage principal est à bout et ne voit plus d'autre issue à sa vie que cette solution extrême, le suicide. Dans un monologue très émouvant, Chatterton exprime son exaltation.

A)Lyrique


- Rythme haché, saccadé : à qui désormais s'adresserait- il, sinon à lui-même ? Il est son unique interlocuteur et les multiples tirets qui émaillent le passage fonctionnent comme des relances de la parole, après des « blancs », et non comme des changements de locuteurs. Son exaltation domine tout le passage dont le lyrisme se manifeste typographiquement à travers l'abondance des points d'exclamation (« Ah ! pays damné ! terre du dédain ! sois maudite à jamais ! »)
- Sentiments personnels comme « déversés » dans cet instant ultime de manière entrecoupée: phrases elliptiques (« Si l'on savait ! ... »), allusions à des épisodes antérieurs (« Skirner sera payé ! »), laissent supposer que Chatterton s'adresse à lui-même plutôt qu'au spectateur ; c'est bien sûr un artifice pour alléger les conventions de la double énonciation.

B) Efficace


Scène mouvementée, presque violente, bien qu'il s'agisse d'un monologue. Mais loin de nous lasser, elle nous « donne à voir » et mise sur l'effet produit.Importance des gestes de Chatterton (« Prenant la fiole ... Il boit ... il joint les mains ... ») qui captivent le spectateur, tout comme leur motivation et leur effet ; nombreuses didascalies (« Ici, après un instant de recueillement ... ») qui viennent pallier l'analyse psychologique nécessairement réduite au théâtre. Au terme de la pièce, le spectateur s'est pris de sympathie pour ce personnage attachant qui meurt d'avoir été exclu et incompris.

2) La mort du poète
La mort apparaît comme la seule issue pour mettre fin à une situation inacceptable.

A)La mort de Chatterton


- Rejeté par la société, le poète choisit de s'empoisonner. Mais sa mort physique n'est qu'une seconde mort, concrète : en lui, on a déjà nié et donc tué l'artiste, l'être sensible. De là viennent les multiples «affinités» du personnage dramatique avec son créateur. Pour sensibiliser les spectateurs de l'époque à la tragédie de l'artiste, Vigny le fait donc mourir « en direct » et le fait que le geste irrémédiable s'effectue publiquement, sur scène, va à l'encontre de toutes les règles de bienséance en vigueur depuis l'âge classique. Pour dire le martyr du poète, celui là même que les bien-pensants préfèrent ne pas voir, Vigny affronte directement le tabou.- Non seulement Chatterton va mourir, mais la mort - quoique violente, par absorption de poison - va lui être douce : nouveau scandale. C'est que cette mort libératrice va enfin faire tomber les chaînes sociales, casser le carcan. L'écriture met en relief l'opposition entre une mort à laquelle est appliqué un vocabulaire laudatif : « délivrance », « ta paix est douce », et une vie qui se résume à une accumulation d'avanies et de déceptions : « humiliations, haines. sarcasmes« travaux dégradants... ».- L'expression du bonheur lié à la mort passe par la répétition du mot « bonheur », par l'enthousiasme du ton ( Salut... », « Adieu ...») encadrant l'énumération de toutes les souffrances qui disparaissent et qui résument la vie entière de Chatterton. On note toutes les exclamations enthousiastes (« O quel bonheur ...Si l'on savait ce bonheur... ») qui traduisent une véritable découverte.Ce recours habile à la rhétorique vaut démonstration : le spectateur comprend que non seulement le suicide n'est pas un échec, mais qu'au contraire, il permet de rectifier l'échec d'une vie.

B) A la condition du poète


Et la portée de cette leçon s'élargit. Du « je » au « on » : l'expérience individuelle devient alors emblématique de la condition de l'artiste.-

...

Télécharger au format  txt (9.3 Kb)   pdf (181.1 Kb)   docx (12 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com