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Collection de poèmes en prose "Biais des choses"

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Par   •  26 Janvier 2015  •  Fiche de lecture  •  657 Mots (3 Pages)  •  648 Vues

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III. Le Parti pris des choses

Le parti pris des choses est un recueil de poèmes en proses qui paraît en 1942. Titre contradictoire car les choses, objets sans conscience, ne peuvent prendre parti.

Dans ce recueil, le poète décrit des objets banals quotidiens. Il refuse le lyrisme et l’utilisation d’un langage artificiel. Le poète doit venir de l’objet décrit.

Le parti pris des choses tente de rendre compte des objets de la manière la plus précise et la plus rigoureuse possible, cherchant en particulier à exprimer leurs qualités caractéristiques.

Ce compte-rendu porte sur les qualités physique de l’objet (Ponge recourt volontiers au vocabulaire technique des sciences expérimentales ; signalant à plusieurs reprises sa dette envers Buffon ou de Emmanuel de Martonne, il insiste sur la parenté entre son travail et la recherche scientifique) mais aussi sur les qualités linguistiques du mot désignant l’objet, en particulier l’étymologie, mais aussi le choix et l’ordre des lettres qui composent le mot. Ainsi Ponge écrit-il en ouverture du Cageot : « A mi-chemin de la cage au cachot la langue française à cageot »

L’ambition du poème consiste alors à établir des liens justifiant le rapprochement entre l’objet d’un côté et le mot de l’autre- ce que Ponge appelle « fonder (le mot) en réalité » : on a pu ainsi qualifier son travail de cratylisme par référence au Cratyl de Platon où Socrate tente d’établir des étymologies ainsi « fondées en réalité ».

Il en découle que chaque objet commande sa propre rhétorique et jusqu’à la frome même du « poème »destiné à rendre compte de ses qualités. Ponge résume cette recherche par une équation frappante : « en somme voici le point important : PARTI PRIS DES CHOSES égale COMPTE TENU DES MOTS. »

Le signifiant est alors exploité tant phoniquement que graphiquement (Ponge fréquente assidûment les peintres, notamment Braque, Picasso et Fautrier auxquels il consacre des essais).

Ainsi le mot s’emploie-t-il comme matériau du texte (Ponge s’inscrit dans la lignée poétique de Rimbaud, Lautréamont et Mallarmé). Cependant, les jeux de lettres relèvent de l’arbitraire de la langue et de l’irrationnel (le rapprochement entre « cage », « cageot » et « cachot » peut encore se justifier mais entre « savon »et « savoir », par exemple, l’analogie semble bien plus discutable).

Ponge s’évertue, dans Le parti pris des choses, à accroitre cette part irrationnelle au moyens de calembours, d’allitérations, de permutations de lettres, d’analogies gratuites, d’associations d’idées audacieuses (à propos de l’orange, il évoque la « la lanterne vénitienne des saveurs ») tout en restant, en apparence, sur une description « à froid ».

Cette tension extrême des textes diffuse un humour très subtil, lequel couvre d’apparences débonnaires ou futiles un message bien plus tragique et subversif : le « compte tenu des mots » s’avérant impérieux pour tout discours (pas seulement pour les textes du Parti pris), et la forme de ces mots relevant en partie de l’arbitraire linguistique, alors il existe nécessairement une part irrationnelle dans tout discours. Dans une telle perspective, truffer une description en apparence objective et rigoureuse d’éléments irrationnels ressemble, à bien des

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