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Civilité, politesse & galanterie au XVIIIe siècle de Laurent Turcot

Compte rendu : Civilité, politesse & galanterie au XVIIIe siècle de Laurent Turcot. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2021  •  Compte rendu  •  2 229 Mots (9 Pages)  •  338 Vues

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Compte rendu sur Civilité, politesse & galanterie au XVIIIe siècle de Laurent Turcot 

        L’auteur de l’article, Laurent Turcot, est un professeur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), spécialiste de l’Histoire du XVIe au XIXe siècle, et s’intéresse à la culture urbaine sous l’Ancien Régime, notamment les sports et les loisirs. Il s’est intéressé dans le cas présent au livre Politesse, morale et construction sociale. Pour une histoire des traités de comportements (1670-1788) de Christophe Losfeld, un chercheur du « Centre interdisciplinaire de Recherche sur les Lumières en Europe », agrégé d’allemand et habilité en littérature et civilisation française, pour lequel il a rédigé un compte rendu à destination d’un public avisé – le discours étant à certaines occasions assez techniques. Mais L. Turcot n’entre pas directement dans le sujet, il établit tout d’abord les grands noms qui se sont attardés sur la « civilité » et ce qu’elle représente aujourd’hui, tout en faisant des liens avec l’œuvre de C. Losfeld.

        En premier lieu, L. Turcot cite Norbert Élias et son ouvrage La Civilisation des mœurs[1] afin de saisir l’origine de la résurgence de la civilité et du savoir-vivre qui réapparaissent dans les années 2000. L. Turcot évoque N. Élias[2] sans le présenter : il est significatif qu’il s’agit de quelqu’un de connu dans son domaine, ce qui suppose des connaissances spécifiques chez le lecteur. Il explore ainsi la bienséance à travers le passé, ce qui aura favorisé par la suite l’écriture d’une littérature plus spécialisée à propos des normes sociales. Il remarque également que le langage corporel humain est étudié par les autorités et que celles-ci travaillent sur le sujet afin d’auto-contraindre la population dans le sens qui les intéresse. Il comprend ainsi que les normes sociales qui sont celles des humains et qui paraissent intrinsèques à la nature humaine sont en réalité le résultat d’une intégration de celles-ci favorisées par les institutions. À ce sujet, la mise en corrélation de plusieurs sources pour accéder à cette certitude démontre l’assiduité de L. Turcot dans son travail de compréhension des attitudes humaines[3].

        

        Ensuite, L. Turcot évoque le nom de quelques chercheurs, cités dans l’œuvre de C. Losfeld qui synthétise leurs pensées tout en montrant les difficultés qui existent à différencier la politesse de la religion ainsi que de la morale. L. Turcot cite :

Si la civilité s’adresse à tous et permet d’assigner à chacun une place dans la hiérarchie existante, la politesse est le "caractère distinctif par excellence de la noblesse", alors que la galanterie serait "le summum de la distinction au sein d’une sociabilité aristocratique"[4].

Sans pour autant qu’il y ait de parti pris, il résulte de ces définitions que chaque terme est associé à une catégorie de personnes dans la société. Ainsi, la civilité correspondrait à tous les humains et leurs rapports avec les autres, la politesse permettrait de distinguer la naissance de celui qui l’applique. La galanterie évoquerait plutôt une éducation spécifique due à l’appartenance d’une personne à la classe aristocratique. Il est à noter que L. Turcot emploie le conditionnel pour la définition de la galanterie. L’emploi de ce mode laisserait sous-entendre une information incertaine ou bien une hypothèse.

        Après avoir pris en considération le thème du texte de C. Losfeld, L. Turcot s’intéresse au contenu. Il établit tout d’abord « l’érudition remarquable dont fait preuve l’auteur[5]», laissant au lecteur le loisir de comprendre un certain respect de l’auteur envers C. Losfeld grâce à l’adjectif « remarquable ». Aussi, L. Turcot comprend que C. Losfeld a pour but de démontrer que « La civilité et la politesse ont pour fonction de "créer du social à partir de l’a priori d’une humanité pervertie"[6]». Ainsi, cette phrase de C. Losfeld convainc le lecteur que ce qu’il va lire est une extrapolation grâce à l’emploi de l’expression « a priori ». Il anticipe un avenir sans interactions sociales, civilité ou politesse et établit cette théorie dans l’éventualité où cela adviendrait. Cependant, cela n’empêche pas que le sujet soit traité sérieusement pour contrer cette « humanité pervertie ».

        

        Survolant le début de l’œuvre, L. Turcot pose une question importante : C. Losfeld ne traite pas de la dimension historique, alors « comment considérer que ces textes normatifs vont "créer du social" quand on en étudie uniquement l’aspect argumentatif[7]? ». L. Turcot estime qu’il était nécessaire d’ajouter ce point de vue historique dans l’argumentation de C. Losfeld. Le point de vue normatif est trop dictatorial pour permettre à un lecteur non-averti de se représenter le concept. Il est nécessaire que des représentations extérieures soient citées afin que ce soit moins prescriptif.  Cependant, C. Losfeld incorpore de nouveaux traités au sujet des "bonnes manières" dans son œuvre, souvent méconnus ou traitant de la moralité, en prenant parti pour la définition du moraliste de Louis Van Delft[8] et poursuivant le travail entrepris par Alain Montandon[9], permettant ainsi au lecteur d’établir son propre avis sur le problème.

        Par après, L. Turcot démontre que l’ouvrage de C. Losfeld est organisé chronologiquement. Il y est d’ailleurs évoqué les origines des « normes civiles[10] » à la cour de Louis XVI. Puis, il indique que C. Losfeld démontre avec Antoine de Courtin qu’au XVIIe siècle, les instances décisives – « religieuses ou auliques[11] » – s’impliquaient déjà dans les bonnes manières pour interagir en société[12]. Avec les auteurs Madame de Lambert, Olivier Rosette de Brucourt, René de Bonneval ou Le Maître de Claville, il ajoute que « la politesse est réintégrée à la vertu, permettant à la notion d’héroïsme d’acquérir une gamme plus développée d’éléments de définition[13] ». Ensuite, il évoque la présence de Jean-Jacques Rousseau durant la deuxième moitié du XVIIe siècle qui plaide une politesse plus « sincère[14]», qui soit plus spontanée et moins codée. Tout cela implique une dimension historique que L. Turcot trouve nécessaire. Mais si l’évocation du contexte permet cela, L. Turcot reproche à C. Losfeld de ne pas avoir puisé ces informations dans plusieurs sources. Pour exemple, les réformes judiciaires[15] ou les débats sur le luxe[16], qui, s’ils ont le mérite d’être évoqués, ne sont pour autant pas totalement certains à partir du moment où une seule source pour chaque sujet est employée afin d’affirmer ces propos.

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