Candide : Pourquoi ce n'est pas un conte ?

L’incipit qui ouvre l’œuvre de Voltaire décrit la société du château de TTT dans laquelle vit Candide. Elle se présente comme un paradis terrestre digne des contes de fée. Cependant, il apparaît rapidement que ce monde n'est pas parfait, et que cette société a des a des aspects grotesques et artificiels qui nous éloignent du conte traditionnel

Nous avons pu noter plusieurs éléments qui nous éloignent du conte: la situation dans laquelle se déroule l'action est précisée : la « Westphalie » alors que traditionnellement dans un conte le lieu reste dans le domaine de l’imaginaire et du merveilleux.

De plus, le narrateur introduit le doute par rapport à la réalité décrite en introduisant dans son discours des éléments invitant le lecteur à prendre de la distance par rapport à la réalité décrite et à s’interroger la véracité des éléments décrits.

Enfin, des entorses sont faites au protocole puisque la description commence par le portrait de Candide qui est censé être un personnage secondaire, alors que traditionnellement on commence par le portrait du personnage le plus important hiérarchiquement, ici le baron. C'est donc pour le narrateur une façon d'introduire un doute concernant la légitimité du pouvoir du baron, et une façon aussi de mettre en avant dès le départ, le personnage de Candide, dont la naïveté fait difficilement croire au sérieux et à la légitimité de son rôle héroïque.

On perçoit des failles dans le monde « parfait » de TTT, puisque certaines mentions du texte vont même jusqu'à donner une dimension presque grotesque aux personnages et à leur situation sociale, alors que les deux femmes sont réduites à des détails physiques ridicules. C'est l'arme essentielle utilisée par Voltaire qui consiste en une ironie savamment distillée dans des décalages entre ce qui est dit et ce qui est suggéré.

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