Borislav Apostolov Une oeuvre insensée

« UNE ŒUVRE INSENSÉE »

par Borislav Apostolov

Travail présenté à François Rochon

601-102, Littérature et imaginaire, groupe 01

Cégep de Saint-Laurent ─ Le 13 avril 2022

Écrivain français né 1912 à Slatina, Roumanie et décédé en 1994 à Paris à l’âge de 82 ans, Eugène Ionesco produit une multitude d’œuvres. En 1950, il fait paraître la pièce de théâtre La cantatrice chauve et l’année suivante La leçon. Ce dramaturge du 20e siècle travaille durement pour développer le théâtre de l’absurde. Auparavant, la coutume était de produire une pièce qui respectait les critères du théâtre traditionnel, notamment une pièce tragique. Avec l’arrivée d’Ionesco et d’autres auteurs, ils opposeront ce type de jeu pour montrer au public que le théâtre peut prendre différentes formes. C’est grâce à son ouvrage dramatique La cantatrice chauve que cet écrivain démontre que l’absurdité des dialogues illustre selon lui une « tragédie du langage ». Le lecteur ou l’auditoire découvre que le niveau sémantique du langage verbal est détérioré le plus possible. Le sens logique nécessaire pour une phrase disparaît graduellement. Par ailleurs, à la suite de l’abandon du sens, le plan phonétique dégénère d’une syntaxe humaine à inhumaine.  

Tout d’abord, cette pièce de théâtre a occasionné une confusion pour le public puisque le sens des idées devient de moins en moins compréhensible. À fur et à mesure que l’ouvrage dramatique progresse, les dialogues des personnages se développent en paroles incohérents et anormaux. Ionesco détruit la dimension référentielle, ce qui cause par conséquent une perte complète du niveau extralinguistique. C’est par cette dégradation que les idées et les paroles communiquées par les personnages semblent absurdes :

Mme Smith : Voilà : Une fois un fiancé avait apporté un bouquet de fleurs à sa fiancée qui lui dit “merci’’, lui, sans dire un seul mot, lui prit les fleurs qu’il lui avait données pour lui donner une bonne leçon et, lui disant “je les reprends’’, il lui dit “au revoir’’ en les reprenant et s’éloignant par-ci, par-là. (Ionesco, 1990, 73)

Cette fable de Mme Smith décrit un scénario banal et complètement stupide, car l’histoire ne comporte aucune morale. Les éléments sont décrits d’une façon incohérente, donc il est impossible de comprendre le sens implicite de la fable.

Ainsi, le dramaturge réussit à déconstruire l’univers référentielle à un haut degré, mais ce démantèlement va troubler la dimension sémantique par la suite. Le sens des phrases paraît fictif et les paroles se transforment en répliques encore plus incompréhensibles. Dans l’aspect précédent, les idées n’avaient pas de sens implicite. Dorénavant, il n’y a plus de sens explicite, car les discussions ne désignent rien et elles n’ont aucune signification :

Mme Martin : J’aime mieux un oiseau dans un champ qu’une chaussette dans une brouette.

M. Smith : Plutôt un filet dans un chalet, que du lait dans un palais. […]

Mme Smith : Mon oncle vit à la campagne mais ça ne regarde pas la sage-femme. (91-92)

Les sens des phrases est inconcevable parce que les répliques ne veulent rien dire. Aucune explication est imaginable dans cet exemple puisqu’il n’y a pas de lien entre les idées et la logique derrière la pensée de chaque personnage.

Ensuite, le langage verbal est perdu dans l’absurdité par le manque de registre extralinguistique et sémantique. Pour Ionesco, le langage est composé d’un troisième aspect qui lui reste à détruire : la dimension phonétique. Les sons et le sens sont la base pour avoir une phrase claire et cohérente. Cependant, quand le sens est enlevé de l’énoncé, il ne reste que des sons singuliers illogiques :

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