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Baudelaire, testament littéraire, lettre d'adieu. [écriture d'invention]

Lettre type : Baudelaire, testament littéraire, lettre d'adieu. [écriture d'invention]. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  25 Mai 2016  •  Lettre type  •  705 Mots (3 Pages)  •  1 765 Vues

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Paris, le Le 19 août 1867

à l'attention de Narcisse ANCELLES

Mon cher ami,

Voilà bien longtemps que nous entretenons cette correspondance, et nombre de souvenirs émus y sont liés. Vous êtes en connaissance du mal qui me ronge, et chaque jour je vois mon agonie approcher. Je ne veux en aucun cas vous faire subir l'état dans le lequel je serais sous peu, qui sera probablement accompagné de jérémiades désagréables que je ne saurais vous imposer. Ainsi, cette lettre sera la dernière que vous recevrez de moi. Un adieu par avance, pour que vous sauvegardiez de moi une image encore saine, ou du moins, qui le paraît.

Vous souvenez vous de cette lettre, il y a de cela plus d'une vingtaine d'années, où je vous annonçais ma mort imminente ? Vous avez pu prendre connaissance de mon testament lorsque j'étais tenté par le suicide, mais aujourd'hui, c'est un testament littéraire que je veux vous livrer. Aux yeux de la société, ce n'est pas sans raison que la censure m'a frappé à plusieurs reprises. Je veux donc exprimer ici ce qui m'anime lorsque j'écris et continue de me pousser à la création. Qu'une personne, au moins, comprenne la chimie de mes sentiments sur le papier.

Au centre de mon œuvre se trouve le spleen, cette sorte de langueur de l’esprit qui m'empêche de vivre la réalité dans son concret ordinaire. Le seul moyen que j'ai pu trouver afin de surmonter ce sentiment de dégoût et de trop plein pour l’existence est d’écrire : subir le spleen, mais savoir le peindre, c’est passer d’une extrême faiblesse à l’effort créateur. J'évoque dans mes Fleurs du mal la dualité entre divinité et enfer, le Spleen et l’Idéal, et -ne nous le cachons pas- mes maudites amours, sources de vers échappés et de prose rêveuse. Qu'il s'agisse d'amantes ou de muses, les femmes sont pour moi un accès au voyage. En terme d'équilibre, viennent s'ajouter la solitude, qu'elle soit vécue comme artificielle ou douloureuse, les paradis artificiels -littéralement : vin, opium, haschisch, vous connaissez mes addictions- la débauche et les voluptés interdites auxquelles se livrent les mots que je couche dans mes recueils. Mais il y a encore la religion, que j'exècre, et bien sûr la tentation que j'éprouve pour la mort.

Mes écritures sont des tentatives pour échapper au spleen, et les Fleurs du mal sont bien des fleurs vénéneuses, où la tension se trouve entre l’extase des plaisirs interdits selon la morale bourgeoise et la dérive offerte par la mélancolie créatrice. Ma poésie paraît classique au premier regard, car j'utilise les artifices traditionnels du vers, et de l’alexandrin en particulier. Mais ce n'est qu'un masque, qu'il est fort simple de faire tomber ; le tout est pensé pour que l'on cherche à lire entre les lignes, mais aussi pour me protéger d'une certaine manière. Pourtant dans ma prose, il m'arrive de me détacher des formes traditionnelles, même si l'ensemble reste étudié.

J'ai toujours eu horreur de la discipline, de la morale bourgeoise et de la religion établie. De cette haine des mesquineries bourgeoises bien-pensantes, je tire des réflexions qui

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