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Baudelaire / La boue

Dissertation : Baudelaire / La boue. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Janvier 2022  •  Dissertation  •  1 408 Mots (6 Pages)  •  1 483 Vues

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Dans Les Fleurs du mal, Baudelaire plonge dans « la boue » du monde et de l'âme, tout au long du recueil. Le poète est maudit, son recueil censuré, décrié pour immoralité. « Dans ce livre atroce, j’ai mis toute ma pensée, tout mon coeur, toute ma religion (travestie), toute ma haine »

Pour autant, peut-on donc affirmer que la poésie de Baudelaire est celle de l’odieux, de l’ignoble, en un mot de la boue?

Nous verrons d’abord comment ce recueil paraît être un “puits de malheur sans fond”, mais que le poète utilise son aspiration à l’idéal pour transfigurer cette boue en or.

La boue est un mélange d’eau et de terre, qui est souvent associé à la pluie, au mauvais temps. « printemps trempés de boue ». Elle est aussi liée à la décomposition du corps mort en humus. La « terre grasse et pleine d’escargots » où « le mort joyeux » veut être enterré (LXXII v.1) peut être considérée, dans un sens macabre, comme de la boue. La boue est un élément matériel lourd, concret, et lourd. C’est ce qui piège l'âme sur terre, à la manière de la vase, et l'empêche de s'élever.

Elle désigne également l'ensemble des déchets produits par la ville, dont se nourrit la misère du peuple dans les « tableaux parisiens ». Dans le poème « crépuscule du soir », Paris est décrite comme une « cité de fange », « fourmilière » où la « prostitution » ronge la misère humaine « comme un ver » (v.15 à 20 XCV). C’est aussi un « labyrinthe fangeux » du faubourg « où l’humanité grouille, avec le chiffonnier récupérant les ordures et le « vomissement confus de l’énorme Paris » (« vin des chiffonniers », v.3-4, 16 CV). Paris est pour Baudelaire une allégorie de son malheur. C’est « cette grande plaine où l’autan froid se joue », avec « les maisons dont la brume allongeait la hauteur », c’est l’amoncellement de « palais neufs, échafaudages, blocs, vieux faubourgs », c’est surtout la ville en voie de disparition, avec tout les changement Haussmanniens.

Le Paris baudelairien est décrit comme une ville minée, frêle. Le vieillard, image sur laquelle se termine le crépuscule du matin, qui se remet avec résignation à son travail est une allégorie de la ville : Et le sombre Paris, en se frottant les yeux, / Empoignait ses outils, vieillard laborieux.

La boue est aussi le nom de la souillure, de l’impureté morale. Les vices, les malheurs et les malédictions de l’être humain s’y mélangent. Dans « L’irrémédiable » LXXXIV, baudelaire peint l’emblème de la déchéance morale de l’homme, avec l’image biblique de la « chute », ou l’être humain est « parti de l’azur et tombé/Dans un Styx bourbeux et plombé » (v.2-3), ou tombé dans une « humide profondeur/(…)/ Où veillent des monstres visqueux » (v.19, 21). L’humanité est donc condamnée à vivre dans la boue, dans le malheur, au pire endroit possible avant l’enfer. Dans le poème Abel et Caïn, le poète trace notre vie, celle de nous lecteur en tant que race de Caïn: « race de Caïn, dans la fange/rampe et meurs misérablement ». Ce dernier usage de la boue est aussi très proche de l’état de spleen du poète, qui est caractérisé par le dégoût de toute chose. Dans une lettre à sa mère, le poète le définit comme « un immense découragement, une sensation d’isolement insupportable, une peur perpétuelle d’un malheur vague, une défiance complète de ses forces, une absence totale de désirs, une impossibilité de trouver un amusement quelconque ».Le malaise de Baudelaire est total, au physique comme au moral, tout son être suggère le spleen en puissance et appelle l'idéal qui a à voir avec l'instant. et d’affreuses douceurs » (« Les deux bonnes sœurs »).

Mais il serait faux de penser, comme le journaliste du Figaro, que Les fleurs du mal ne sont que le reflet de la boue et du spleen. Le poème « Mœsta et errabunda » exprime son aspiration à partir loin de cela : « Emporte-moi, wagon ! enlève-moi frégate ! / Loin ! loin ! ici la boue est faite de nos pleurs

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