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Boue et or, Baudelaire

Dissertation : Boue et or, Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2021  •  Dissertation  •  487 Mots (2 Pages)  •  1 178 Vues

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Nous pouvons retenir deux poèmes significatifs des « Tableaux parisiens », dans lesquels on observe le processus alchimique. — « Le soleil » (p. 133) : la peinture initiale insiste sur la misère associée à la luxure ou au vice. Ainsi le faubourg est qualifié de « vieux » (v. 1) et les immeubles qui le bordent sont des « masures » (v. 1) dont on imagine le délabrement : les persiennes « pendent » plus qu’elles ne sont accrochées. La pauvreté se double d’une misère morale : les masures sont l’« abri des secrètes luxures » (v. 2), à savoir la débauche, la prostitution. La pauvreté est apparente mais la luxure et le crime sont secrets, à l’abri derrière les persiennes. C’est cet univers pauvre, univers qui se cache en partie de la lumière derrière des persiennes, que le soleil vient frapper. Dès le vers 3, le poète note l’action du soleil. D’abord, il est dit « cruel » et il « frappe à traits redoublés » (v. 3). La notation souligne une volonté, une violence, en apparence gratuite. Celle-ci cependant ne vient pas punir le crime qui s’abrite dans les masures ; elle s’abat « sur la ville et les champs, sur les toits et les blés » (v. 4) ; elle est universelle. Dès la deuxième strophe, cette cruauté – cruauté d’un dieu colérique – s’adoucit : le « soleil cruel » devient « père nourricier » (v. 9) : sa violence initiale qui semblait sans but s’apparente désormais à celle d’un bon père occupé à diriger sa maisonnée : « il éveille » (v. 10), « fait s’évaporer » (v. 11), « remplit » (v. 12), « rajeunit » (v. 13), « rend gais et doux » (v. 14), « commande » (v. 15). Cette activité débordante se diffuse de vers en vers, soulignée d’ailleurs par le point d’exclamation qui conclut l’unique phrase de cette strophe. L’action du soleil est transformatrice, ce qui l’apparente à celle du savant alchimiste. Les verbes qui évoquent la métamorphose et la transformation sont nombreux : éveiller, faire s’évaporer, remplir, rajeunir, rendre. Son action est double, permettant un mouvement germinatif (les soucis s’évaporent, les vers comme les roses s’éveillent, les moissons croissent et mûrissent, le cœur fleurit) et nourricier (le soleil « remplit » les cerveaux et les ruches de miel, v. 12). La terre entière devient l’atelier de cet infatigable alchimiste. La dernière strophe associe le soleil au poète : son action n’est pas de dévoiler les « secrètes luxures » mais bien d’ennoblir « le sort des choses les plus viles » (v. 18). Son pouvoir, comme celui du poète, est d’introduire du mouvement et des métamorphoses dans un univers dont les lignes sont apparemment figées et très anciennes. — La comparaison finale entre le poète et le soleil révèle que le plus puissant des alchimistes n’est autre que le poète lui-même et sa volonté.

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