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Anthologie Poétique Du rêve

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Par   •  15 Juin 2015  •  1 955 Mots (8 Pages)  •  992 Vues

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La vie idéale

A May

Une salle avec du feu, des bougies,

Des soupers toujours servis, des guitares,

Des fleurets, des fleurs, tous les tabacs rares,

Où l’on causerait pourtant sans orgies.

Au printemps lilas, roses et muguets,

En été jasmins, oeillets et tilleuls

Rempliraient la nuit du grand parc où, seuls

Parfois, les rêveurs fuiraient les bruits gais.

Les hommes seraient tous de bonne race,

Dompteurs familiers des Muses hautaines,

Et les femmes, sans cancans et sans haines,

Illumineraient les soirs de leur grâce.

Et l’on songerait, parmi ces parfums

De bras, d’éventails, de fleurs, de peignoirs,

De fins cheveux blonds, de lourds cheveux noirs,

Aux pays lointains, aux siècles défunts.

Charles Cros, Le coffret de santal

À quelqu'un qui me réveillait.

(Vers faits en pleine mer.)

Pourquoi me rendre à ma douleur ?

Pourquoi rétablis-tu, barbare,

Entre mon sort et le bonheur

L'immensité qui les sépare ?

En précipitant mon réveil,

Sais-tu bien ce que tu m'enlèves ?

Je retrouverai mon sommeil,

Mais retrouverai-je mes rêves ?

Je revoyais mon doux pays,

Ces beaux lieux que la Seine arrose !

J'embrassais mes heureux amis,

Et j'étais à côté de Rose !

Objets de mes vœux assidus,

Vous qui m'aimez, toi que j'adore,

Vous que j'avais déjà perdus,

Fallait-il donc vous perdre encore !

Écrit en 1797.

Antoine-Vincent Arnault.

Mon rêve familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,

Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même

Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur transparent

Pour elle seule, hélas! Cesse d'être un problème

Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,

Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.

Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,

Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine (Poèmes saturniens)

• Gérard de NERVAL (1808-1855)

Fantaisie

Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,

Un air très-vieux, languissant et funèbre,

Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,

De deux cents ans mon âme rajeunit :

C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre

Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,

Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,

Ceint de grands parcs, avec une rivière

Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,

Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,

Que dans une autre existence peut-être,

J'ai déjà vue... et dont je me souviens !

La vie est un songe

Tout n'est plein ici bas que de vaine apparence,

Ce qu'on donne à sagesse est conduit par le sort,

L'on monte et l'on descend avec pareil effort,

Sans jamais rencontrer l'état de consistance.

Que veiller et dormir ont peu de différence,

Grand maître en l'art d'aimer, tu te trompes bien fort

En nommant le sommeil l'image de la mort,

La vie et le sommeil

...

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