Analyse thématique sur Dracula

Les conséquences de la modernité

Au début du roman, alors que Harker devient mal à l'aise avec son logement et son hôte au château de Dracula, il note que «à moins que mes sens ne me trompent, les vieux siècles avaient et ont des pouvoirs qui leur sont propres que la simple« modernité »ne peut pas tuer.» Ici, Harker exprime l'une des préoccupations centrales de l'ère victorienne. La fin du XIXe siècle amène des développements drastiques qui obligent la société anglaise à remettre en question les systèmes de croyance qui la gouvernent depuis des siècles. La théorie de l’évolution de Darwin, par exemple, a remis en question la validité des doctrines religieuses sacrées de longue date. De même, la révolution industrielle a apporté de profonds changements économiques et sociaux à l'Angleterre autrefois agraire.

Bien que Stoker commence son roman dans un château en ruine - un décor gothique traditionnel - il déplace bientôt l'action vers le Londres victorien, où les progrès de la modernité sont en grande partie responsables de la facilité avec laquelle le comte s'attaque à la société anglaise. Lorsque Lucy est victime du sortilège de Dracula, ni Mina ni le Dr Seward - tous deux adeptes des progrès modernes - ne sont même équipés pour deviner la cause de la situation difficile de Lucy. Seul Van Helsing, dont la facilité avec les techniques médicales modernes est tempérée par l'ouverture d'esprit sur les légendes anciennes et les remèdes populaires non occidentaux, est proche de comprendre l'affliction de Lucy.

Au chapitre XVII, quand Van Helsing avertit Seward que «pour débarrasser la terre de ce terrible monstre, nous devons avoir toutes les connaissances et toute l'aide que nous pouvons obtenir», il signifie littéralement toutes les connaissances. Van Helsing travaille non seulement pour comprendre les méthodes occidentales modernes, mais pour incorporer les écoles de pensée anciennes et étrangères que l'Occident moderne rejette. «C'est la faute de notre science», dit-il, «qu'elle veuille tout expliquer; et s'il n'explique pas, alors il dit qu'il n'y a rien à expliquer. Ici, Van Helsing souligne les terribles conséquences de souscrire uniquement aux courants de pensée contemporains. Sans une compréhension de l'histoire - en fait, sans différentes compréhensions de l'histoire - le monde est terriblement vulnérable lorsque l'histoire se répète inévitablement.

La menace de l'expression sexuelle féminine

La plupart des critiques conviennent que Dracula est, autant que toute autre chose, un roman qui se livre à l'imagination masculine victorienne, en particulier sur le sujet de la sexualité féminine. Dans l’Angleterre victorienne, le comportement sexuel des femmes était dicté par les attentes extrêmement rigides de la société. Une femme victorienne n'avait en fait que deux options: soit elle était vierge - un modèle de pureté et d'innocence - soit elle était épouse et mère. Si elle n'était ni l'un ni l'autre, elle était considérée comme une putain, et donc sans conséquence pour la société.

Au moment où Dracula débarque en Angleterre et commence à travailler sa magie diabolique sur Lucy Westenra, nous comprenons que la bataille imminente entre le bien et le mal dépendra de la sexualité féminine. Lucy et Mina ressemblent moins à de vraies personnes qu'à des incarnations bidimensionnelles de vertus qui, au fil des âges, ont été codées comme féminines. Les deux femmes sont chastes, pures, innocentes des maux du monde et dévouées à leurs hommes. Mais Dracula menace de transformer les deux femmes en leurs opposées, en des femmes réputées pour leur volupté - un mot vers lequel Stoker se tourne encore et encore - et un désir sexuel ouvert sans aucune excuse.

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