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Analyse linéaire "la vengeance d'une femme", les diaboliques, jules barbey d'aurevilly

Commentaire de texte : Analyse linéaire "la vengeance d'une femme", les diaboliques, jules barbey d'aurevilly. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 192 Mots (9 Pages)  •  2 372 Vues

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Carmel Cottin                                                                                                                                                             LS3

Pour le 7/11                                                             Littérature

           EXPLICATION DE TEXTE  « LA VENGEANCE D’UNE FEMME » LES DIABOLIQUES, JBA, 1874

 Le texte ici proposé est un extrait de la nouvelle « La vengeance d’une femme » tirée du recueil de nouvelles Les Diaboliques de Jules Barbey d’Aurevilly publié en 1874. Les thèmes de ce recueil sont l’amour, l’adultère, le meurtre, la vengeance et la rancune. L’expression  « Les diaboliques » désigne les femmes personnages des différentes nouvelles. Elles peuvent toutes être qualifiées d’énigmatique. La passante dans « la vengeance d’une femme » ne fait pas exception. En effet la passante est la duchesse du Sierra Leone. Son mari a fait tuer l’amant de la duchesse. La duchesse voulait mourir avec son amant mais son mari refuse car il veut qu’elle regarde le spectacle de ses chiens qui dévore le cœur de l’amant. Elle veut empêcher les chiens et dévorer le cœur elle- même mais elle n’y arrive pas. Elle décide donc de se venger en se faisant passer pour une prostituée pour salir l’honneur de son mari. La tonalité de la nouvelle est lyrique. L’extrait est intéressant car il livre un portrait vraiment troublant pour le lecteur. La femme est très belle mais c’est une prostituée qui envoute Treissignies. Le texte peut être découpé en trois mouvements. Tout d’abord de la ligne 1 à 7 : « Tressignies »[…] chapeau blanc » : La fascination pour cette femme. Ensuite de la ligne 7 à 16 : « splendide » […] « reluisit au loin » : le portrait ambigu. Et enfin de la ligne 16 « et il s’élança »… jusqu’à la fin : La rencontre. A travers la lecture de cet extrait le lecteur peut se demander dans quelle mesure la fascination de Tressignies permet de faire un portrait de la passante qui mêle à la fois révulsion et admiration ?

Tout d’abord l’extrait commence ligne 1 avec la métaphore de Tressignies qui « met son pas dans celui de la femme ». Ici commence la filature, on comprend que l’objet du texte sera de poursuivre et atteindre cette femme. C’est une façon de mettre le lecteur en haleine. Il y a aussi une mise en mouvement du texte. Ensuite ligne 2, la comparaison à la faux qui est un attribut de l’allégorie de la mort permet de mettre en valeur la singularité, le mystère que dégage cette femme. Elle « coupe  le boulevard », le lecteur comprend qu’elle ne passe pas inaperçue. Ensuite la passante est comparée à la reine de Saba dans le tableau du Tintoret (ligne 3) : La reine de Saba devant Salomon (1565-67). Cette comparaison est assez paradoxale car justement ici il dit que cette femme est « plus fière » que la reine de Saba alors que dans le tableau, celle-ci s’agenouille devant Salomon, signe de soumission et de respect. Ce premier paradoxe dans la comparaison met en valeur l’ambivalence des sentiments de Tressignies, entre jugement et adoration. Il fait ensuite référence aux « jeunes Romaines » ligne 4, une référence à l’antiquité qui est un sujet très aimé des dandys qui permet d’évoqué le caractère libertins de cette femme puisque les romains sont hors de la morale chrétienne.  Puis il fait une personnification  pour parler des plis de la robe qui se froisse en brillant : «  elle faisait miroiter et crier les plis glacés et luisant ». (ligne 4) La référence à la glace va avec la référence a la mort puisque les deux contribue à créer cette image froide inatteignable qui ne fait pas vraiment envie. Seulement, en parallèle, ligne 3 l’auteur parle de robe en satin safran aux tons d’or, des couleurs chaudes donc, qui crée une impression enveloppante et une chaleur typique de la température des pays  orientaux. D’ailleurs la référence à l’or et à la reine permettent d’introduite le thème de la royauté. Pour faire un portrait encore plus mélioratif  De plus la mention de « l’appel aux armes » (ligne 5) implique la colère, la fureur qui est elles aussi plus associée au chaud qu’au froid. Le dandy est comme envouté par la passante puisqu’il serait prendre les armes pour elle. On a l’impression d’avoir affaire au joueur de flûte de Hamelin (légende allemande, adaptée en conte par les frères Grimm). Ce joueur de flute incite les enfants à le suivre avec sa musique tandis que la passante incite Tressignies a la suivre grace à sa démarche. «  Exagérément cambrée, comme il est rare de le voir en France », ligne 5 est une hyperbole qui donne un côté sensuel à cette femme mais qui annonce le fait qu’elle est une prostituée. « Comme il est rare de voir en France », « un magnifique châle Turc » (ligne 6) insistent sur le côté oriental,  qui rend cette femme originale, singuliere.

Ensuite on assiste à un changement dans la perception de T vis-à-vis de la femme. Si on avait une gradation ascendante pour en faire le beau portrait possible, le paradoxe de « splendide de mauvais gout » (ligne 7) rompt cette gradation. On assiste à une rupture dans l’idéalisation. En fait, cette passante n’est pas si majestueuse, Treissignies la fait redescendre de son piédestal.  Cependant la prolepse : « qu’elles appelaient plumes en saule pleureur. Mais rien ne pleurait chez cette femme », ligne 9, montre que T réfute l’idée même que le lecteur puisse trouver la femme triste ou morose. « La sienne exprimait bien d’autres choses » (ligne 9-10), cette phrase caractérisé par une litote doublé d’une personnification (la plume exprime) révèle au lecteur et annonce cette femme n’est pas tout à fait comme les autres puisque c‘est une courtisane (d’ailleurs ligne 11 on lit « tout ce luxe de courtisane »). « Vit avec surprise » ligne 11 indique pour autant que T s’est trompé sur le compte de la passante. Il s’attend à ce que ce soit une courtisane mais en fait c’est plus une prostituée « comme les autres »   On retrouve ensuite un zeugma qui permet de désigner la passante a travers de nombreux paradoxe ce qui révèlent la place ambiguë qu’elle occupe dans l’esprit de Tressignies « tout ce luxe piaffant de courtisane, toute cette fierté impudente de fille enivrée d’elle-même et des soies qu’elle trainait » ( 11-12). Il l y a encore une synecdoque a « tout ce luxe piaffant de courtisane ». On parle du luxe pour désigner la courtisane. D’ailleurs « luxe piaffant » est un oxymore qui permet encore une fois de de dévalorisée la femme. Ensuite on a la mention d’une fierté impudente : un oxymore entre fierté et impudeur qui s’opposent décrit bien les prostituées et permet de faire un portrait assez énigmatique. Puis on retrouve les synecdoques des « soies qu’elle trainait » Il est assez surprenant qu’elle traine ses soies (qui désignent d’ailleurs toute sa tenue) alors qu’elle les faisait miroiter plus haut. On a bien une gradation descendante c’est de pire en pire.  La fille est enivrée d’elle-même ; c’est d’abord référence à la désinhibition due à l’alcool mais il y a aussi l’emploi du mot « fille » un terme plus vulgaire employé pour parler des prostituées. La tenue que la passante porte lui sert d’armure qui la protège par la place qu’elle prend. Le verbe « s’enfoncer » reprend bien cette idée de descente, de mouvement vers le bas. On peut ensuite noter l’onomastique, la rue Basse du Rempart (ligne 12) porte bien son nom, elle est sombre, basse, mal éclairée. Ce nom rentre en opposition avec la rue Chaussée d’Antin (ligne 10).  Une  chaussée peut être une levée, dans un lieu bas, pour servir de chemin. Il y a donc bien ici dans cette rue éclairée une idée d’élévation  alimentée par « étincelante de ses milles becs de lumière » (ligne 11) (métaphore pour parler des lampadaires). On a l’impression d’un « droit chemin » et d’un mauvais chemin ; elle choisit le mauvais chemin, celui de la débauche, hors des mœurs. La synecdoque « l’élégant aux bottes vernies » (ligne 13) permet de faire apparaitre Tressignies pour la seconde fois et permet de faire noter au lecteur que c’est bien sous le point de vue de Treissignies, le dandy caractéristiques que nous voyons la scène (focalisation interne). « La dedans » (ligne 14) en italique indique que ce sont des paroles rapportées de Treissignies par le narrateur (discours indirect libre des pensées de Tressignies. Puis il y a une métonymie » autour « de la robe d’or » (ligne 14) qui sert en fait à désigner toute la femme. D’ailleurs la femme n’est décrite presque que part ses vêtements tout au long du texte ce qui montre bien la superficialité du dandy qui est fasciné par ces derniers. L’expression « les ténèbres de ce trou noir » (ligne 15) forme une hyperbole, qui met en valeur le caractère sombre de la rue. L’allusion aux ténèbres et le fait que la rue soit la rue « « basse » et donc que le dandy doit descendre  donne l’impression au lecteur qu’il fait une catabase. Avec son caractère hypnotisant, manipulateur  la passante devient presque le diable. Il y a une référence biblique au serpent qui incite Eve à commettre le péché de croquer dans la pomme. Avec sa robe on a l’impression que c’est une étoile dans l’espace. Ici contrairement à tout ce qu’on vient de voir, Tressignies recommence à idéaliser la femme. Quand elle est dans une rue éclairée, un cadre positif, le portrait de la femme est péjoratif tandis que quand elle est dans cette rue sombre, le cadre est négatif, le portrait est péjoratif. Ce procédé est presque chiasmique. Il y a ensuite une personnification du réverbère qui « tatoue » un point lumineux (ligne 15-16). Il agit comme un projecteur comme si la passante était une vedette au milieu d’une scène sombre (la rue) sous le feu des projecteurs (le lampadaire). Cet effet est accentué par l’utilisation du verbe « luire » ligne 16.

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