LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse linéaire Incipit Thérèse Raquin

Commentaire de texte : Analyse linéaire Incipit Thérèse Raquin. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  13 Février 2023  •  Commentaire de texte  •  1 722 Mots (7 Pages)  •  2 660 Vues

Page 1 sur 7

Emile Zola, Thérèse Raquin

Incipit

Introduction :

Habituellement, un incipit est une étape essentielle du roman qui permet de lancer l’histoire en introduisant l’intrigue et en présentant les personnages. Il a aussi pour fonction d’ancrer le roman dans un espace spatio-temporel et a ainsi une valeur informative. Mais l’incipit vise aussi à séduire le lecteur soit en le faisant entrer progressivement dans le récit, soit en le plongeant immédiatement dans le récit (c’est ce qu’on appelle un début in media res). En comparaison à cette définition de l’incipit, celui de Thérèse Raquin apparait très original, comme si Emile Zola voulait déjouer, décevoir les attentes du lecteur dans le but de le surprendre.

Lecture du texte

L’ensemble du texte est une description et repose sur des indicateurs spatiaux très précis. Ces indicateurs spatiaux permettent de distinguer quatre mouvements dans le texte. Le premier de « Au bout » à « ignoble » décrit de manière générale et horizontale le passage du Pont-neuf. De « à gauche » à « bizarre », la description dépréciative se poursuit mais le regard du narrateur et donc du lecteur se détache à gauche, où les boutiques dominent. Puis de « à droite » à « acajou », la découverte se poursuit et le regard se détourne vers la droite où dominent là aussi des boutiques. Enfin, de « Au-dessus » à « cicatrices », la description du Pont-Neuf se termine par un regard du dessus qui permet de revenir à une vision globale de ce lieu peu attrayant.

Nous allons nous demander dans cette étude de texte en quoi cet incipit de Thérèse Raquin est-il original.

Mouvement 1 :

Le premier mouvement décrit le passage du Pont-Neuf de manière générale.

La description du passage du Pont-Neuf commence par un indicateur spatial « Au bout de la rue Guénégaud » qui permet d’ancrer la description dans le réel. En effet, le nom de rue existe réellement et donne l’impression d’une histoire vraie, d’un « effet de réel ». Le pronom indéfini « on » dans « on vient des quais » et « on trouve » invite le lecteur à parcourir le même chemin que le narrateur, de ce fait, une certaine familiarité semble présente entre le narrateur et le lecteur et la description paraît plus intrigante encore que nous y sommes amenés par le narrateur et que celle-ci apparaît comme une confidence. La présence même du présent « vient » « trouve » ajoute à cet intérêt réaliste. Les noms « passage » « corridor » suggèrent déjà l’idée d’enfermement renforcée par la présence des adjectifs « étroit » et « sombre ». L’accumulation des lieux précis « Pont-Neuf », « rue Mazarine », « rue de Seine », permet à l’effet réaliste d’être maintenu. La description semble se poursuivre à pied, le regard du narrateur devient celui du lecteur. Le démonstratif « ce » permet de revenir ce sur quoi souhaite s’attarder le narrateur, il ne va pas tout décrire mais souhaite décrire le passage et ainsi mettre en avant l’oppression de l’étroitesse. La description du passage commence avec une grande précision postant sur la longueur et sa largeur. Le narrateur veut faire ressentir au lecteur que le lieu est très étroit : il est très long, mais pas très large. Il utilise des chiffres précis pour que le lecteur ait une vision juste de ce passage. Il utilise le mot « pas » (et non le mètre) pour que chacun se représente bien la distance. L’utilisation de la juxtaposition pour avancer dans la description créer un effet d’accumulation et rend plus oppressant encore la description à venir.

- La description est d’abord celle des dalles. Le regard commence donc par le bas. Utilisation d’une accumulation pour les décrire « jaunâtres, usées, descellées, suant ». L’effet d’accumulation de termes dépréciatifs met en évidence une gradation qui montre l’état d’usure des dalles. L’adjectif de couleur « jaunâtre » est particulièrement intéressant puisque l’ajout du suffixe « âtre » donne à cette couleur une nuance péjorative.

- La description se poursuit ensuite par le vitrage qui couvre les dalles. Celui-ci est « noir de crasse ». Un nouvel adjectif de couleur qui permet à nouveau d’insister sur une description péjorative : l’ensemble est sale, étroit, oppressant… et c’est pourtant bien le cadre donné à l’histoire du roman !

La suite du texte se construit sur un parallélisme « par les beaux jours d’été » est mis en parallèle avec « par les vilains jours d’hiver ». Même en été, les vitres ne laissent pas passer de lumière : c'est un endroit très sombre. Le narrateur exagère volontairement le côté obscur du lieu. Quelle que soit la saison, l'ensoleillement, la lumière est toujours la même. La couleur blanche associée une nouvelle fois au suffixe « âtre » exagère l’aspect terne de la couleur. L’adjectif « sales » que l’on rencontre à nouveau marque une nouvelle fois une description peu enviable et attirante pour le lecteur. L’adverbe « misérablement » met en évidence la subjectivité du narrateur qui ne se contente pas que de décrire.  Nous retrouvons cette subjectivité à la fin du mouvement avec l’adjectif « ignoble ». Entre temps, la description des vitres l’hiver insiste sur l’aspect sombre du passage. Le champ lexical de l’obscurité « sombre », « nuit »… domine la description. L’endroit apparaît comme peu rassurant et l’ambiance y est donc inquiétante. Elle va continuer à inquiéter par la suite.

...

Télécharger au format  txt (10.5 Kb)   pdf (102.7 Kb)   docx (10.8 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com