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Analyse du conte Le Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault

Mémoire : Analyse du conte Le Petit Chaperon Rouge de Charles Perrault. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  28 Novembre 2012  •  2 346 Mots (10 Pages)  •  3 362 Vues

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Analyse du "Petit chaperon rouge"

La version orale de ce conte dont nous donnons l’intégralité ci-dessous, fut tout d’abord exploitée par Charles Perrault (Le Petit Chaperon Rouge) puis par les frères Grimm, sous le titre Rotkäppchen. 

Version orale

(conté par L. et F. Briffault, de Montigny aux Amognes - Nièvre, vers 1885) 

C’était une femme qui avait fait du pain. Elle dit à sa fille:

- Tu vas porter une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ta grand.

Voilà la petite fille partie. A la croisée de deux chemins, elle rencontra le bzou (loup) qui lui dit:

- Où vas-tu?

- Je porte une époigne toute chaude et une bouteille de lait à ma grand.

- Quel chemin prends-tu? dit le bzou, celui des Aiguilles ou celui des Epingles?

- Celui des Aiguilles, dit la petite fille.

- Eh bien! moi, je prends celui des Epingles.

La petite fille s’amusa à ramasser des aiguilles ; et le bzou arriva chez la Mère grand, la tua, mit sa viande dans l’arche et une bouteille de sang sur la bassie. La petite fille arriva, frappa à la porte.

- Pousse la porte, dit le bzou. Elle est barrée avec une paille mouillée.

- Bonjour, ma grand, je vous apporte une époigne toute chaude et une bouteille de lait.

- Mets-les dans l’arche mon enfant. Prends de la viande qui est dedans et une bouteille de vin qui est sur la bassie.

Suivant qu’elle mangeait, il y avait une petite chatte qui disait:

- Pue!… Salope!…qui mange la chair, qui boit le sang de sa grand.

- Dhabille-toi (déshabille-toi), mon enfant, dit le bzou, et viens te coucher vers moi.

- Où faut-il mettre mon tablier?

- Jette-le au feu, mon enfant, tu n’en as plus besoin.

Et pour tous les habits, le corset, la robe, le cotillon, les chausses, elle lui demandait où les mettre. Et le loup répondait: «Jette-les au feu, mon enfant, tu n’en as plus besoin.»

Quand elle fut couchée, la petite fille dit:

- Oh ! ma grand, que vous êtes poilouse!

- C’est pour mieux me réchauffer, mon enfant!

- Oh ! ma grand, ces grands ongles que vous avez!

- C’est pour mieux me gratter, mon enfant!

- Oh ! ma grand, ces grandes épaules que vous avez!

- C’est pour mieux porter mon fagot de bois, mon enfant!

- Oh ! ma grand, ces grandes oreilles que vous avez!

- C’est pour mieux entendre, mon enfant!

- Oh ! ma grand, ces grands trous de nez que vous avez!

- C’est pour mieux priser mon tabac, mon enfant!

- Oh ! ma grand, cette grande bouche que vous avez!

- C’est pour mieux te manger, mon enfant!

- Oh ! ma grand, que j’ai faim d’aller dehors! (euphémisme pour avoir un besoin pressant)

- Fais au lit, mon enfant!

- Oh! non, ma grand, je veux aller dehors.

- Bon, mais pas pour longtemps.

Le bzou lui attacha un fil de laine au pied et la laissa aller.

Quand la petite fut dehors, elle fixa le bout du fil à un prunier de la cour. Le bzou s’impatientait et disait: «Tu fais donc des cordes? Tu fais donc des cordes?»

Quand il se rendit compte que personne ne lui répondait, il se jeta à bas du lit et vit que la petite était sauvée. Il la poursuivit, mais il arriva à sa maison juste au moment où elle entrait.

Avant d’aborder les révisions opérées par Perrault et Grimm, il convient d’attirer l’attention sur la manière dont le sujet est traité dans le conte oral. Quatre personnages interviennent, mais les rôles principaux sont tenus à part égale par la fillette et le loup. La mère et la grand-mère restent dans l’ombre, leur rôle se limitant à servir de cadre au récit. 

Lors de leur rencontre fortuite, le loup laisse à l’enfant le choix du sentier puis tous deux vont leur chemin. La fillette s’attarde à ramasser des aiguilles et le loup arrive en premier chez la grand-mère, qu’il tue sans en manger la chair, celle-ci étant apprêtée et disposée à l’intention de l’enfant. Le loup tient le rôle du boucher qui abat, dépèce et étripe, et la fillette celui du consommateur. 

Aucun jugement de valeur n’est porté à l’égard du loup. C’est par hasard qu’il rencontre la fillette et qu’il la précède chez la grand-mère. 

L’attitude de la fillette par contre, s’avère beaucoup plus complexe: malgré les avertissements de la chatte, elle persiste à manger la chair et boire le sang qui lui sont présentés. On ne décèle aucune crainte dans son comportement, et elle se prête volontiers au jeu du déshabillage. Le danger ne l’effraie pas, et sa débrouillardise et son intelligence lui permettent d’ailleurs d’échapper sans problème aux griffes du loup, qui manifestement ne jouit pas des mêmes capacités intellectuelles. 

Trois segments du récit vont faire l’objet de révisions radicales dans le conte de Perrault et plus encore chez les frères Grimm. 

Tout d’abord, on assiste à une véritable métamorphose de la fillette qui d’intelligente, débrouillarde et autonome devient une enfant superficielle, attachée à son apparence au point de se confondre désormais avec elle. «Il était une fois», dit Perrault,  «une petite fille de village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa grand-mère plus folle encore». La version des frères Grimm accentue plus encore cet aspect: «Il était une fois une adorable petite fillette que tout le monde aimait rien qu’à la voir, et plus que tous sa grand-mère, qui ne savait que faire ni que donner comme cadeau à l’enfant .

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