Analyse Du Corpus sur L'absurde

1) Des scènes de conflit

À propos du fonctionnement de la parole au théâtre, le dramaturge Michel Vinaver parle d’un « duel » quand les personnages entrent dans un conflit et précise que quatre figures sont alors utilisées : l’attaque, la défense, la riposte et l’esquive. Il parle en revanche d’un « duo » quand domine dans la parole la figure du « mouvement vers » l’autre.

Texte A :

- Liens réunissant et opposant les deux personnages : Maria = épouse de Jan ; Martha = sœur et assassin de Jan

 cette scène aurait dû être celle d’une union, puisque Maria vient rencontrer la famille de son époux ; or, ce qui aurait dû rapprocher les personnages (Jan) devient, suite à un « malentendu », la cause même du conflit empêchant toute (ré)union.

- Opposition des personnages dans leur attitude :

- Maria / Martha = proximité sonore des noms ; le « t » de Martha exprime la dureté du personnage, qui n’exprime, de manière explicite en tout cas, aucun remords ; cette dureté se retrouve également dans la tournure déclarative des répliques, dont la neutralité exprime, en vue des circonstances, un détachement proche du nihilisme : « je ne vois pas qu’il y ait encore là de quoi me tirer des cris », « vos larmes me répugnent », « Il n’y a pas là de quoi m’émouvoir. »

# exclamations pathétiques de Maria : « Oh, mon dieu », « Ah ! vous pouvez mourir, le monde peut crouler, j’ai perdu celui que j’aime. »

Texte B :

- Vladimir et Estragon = apparaissent comme deux amis, deux « vagabonds » qui errent ensemble

 emploi pronom « tu » = familiarité + emploi pronom « nous » et « on » (voir 3 premières répliques) = duo de personnages réunis par un même objectif : attendre Godot

- Arrivée du conflit par l’apparition d’ « objets » (légumes : radis et navets)

NB : légumes révélateurs de l’extrême pauvreté des personnages (radis et navets = légumes du pauvre)

Cf. exclamation d’Estragon « Je n’aime que les roses, tu sais bien ! »  le reproche ne porte pas réellement sur la couleur du radis mais sur l’oubli de Vladimir, qui prouve ainsi qu’il connait mal son compagnon

 légumes = prétexte à l’attente + prétexte au conflit  or, le conflit permet aussi aux personnages de « faire passer le temps »

Texte C :

Des personnages qui s’opposent tant dans l’attitude que dans les valeurs défendues :

- Jean emploie fréquemment les phrases exclamatives, par opposition à son ami, plus calme et plus modéré : « puisque ça lui fait plaisir ! » (l. 11), « Je vous dis que ce n’est pas si mal que ça ! » (l. 17), etc.

- Jean prône la fin des valeurs humaines, qui sont, selon lui, dépassées. Ces valeurs humaines sont notamment constituées par les considérations morales (l. 31), ainsi que par ce que l’on peut résumer sous le terme « civilisation ». À la place, Jean souhaite la réinstauration des lois de la nature (l. 31), que Bérenger qualifie de « loi[s] de la jungle » (l. 33). Jean en appelle donc à une démolition (l. 44) de l’édifice des valeurs humaines.

 Jean s’exprime comme un individu dogmatique, sans respect de la parole d’autrui. En cela, Ionesco a souhaité représenter dans sa pièce toutes les formes de dogmatisme et les dangers totalitaires.

2) L’impossible communication

Dialogues construits selon un principe de questions / réponses entre les personnages, questionnement aboutissant à une impasse.

Texte A : Toute l’intrigue repose sur l’impossibilité des perso à communiquer : cf. réplique de Maria : « Il voulait se faire reconnaître de vous, retrouver sa maison, vous apporter le bonheur, mais il ne savait pas trouver la parole qu’il fallait. »

= c’est du silence de Jan que nait le malentendu qui lui sera fatal

- impossibilité à communiquer qui se retrouve également au sein du dialogue entre Maria et Martha ; là, ce sont les sentiments de l’une face à l’indifférence de l’autre qui rendent tout dialogue impossible.

Texte B : Dialogue construit sur une succession d’interrogatives et exclamatives

Stichomythie  brièveté des répliques qui s’enchainent de manière mécaniques : question, réponse négative, question, réponse négative…

= caractère mécanique du langage, càd sons qui se succèdent machinalement, sans réflexion aucune de la part des personnages

Cf. réplique Estragon « Ceci devient vraiment insignifiant »  double sens : leur dialogue ne sert à rien, il est futile, proprement « insignifiant » (= sans importance) ; mais, parce que les deux personnages « soliloquent à deux », ce langage perd également son sens ; il devient alors insignifiant, absurde.

= se termine sur le silence, révélateur de l’inanité du langage

Texte C :

- Bérenger refuse d'admettre la possibilité même de l'adhésion de

...