LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Alice ferney "Grace et dénuement " Incipit

Commentaire de texte : Alice ferney "Grace et dénuement " Incipit. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  29 Septembre 2018  •  Commentaire de texte  •  3 116 Mots (13 Pages)  •  2 430 Vues

Page 1 sur 13

Alice Ferney, Grâce et dénuement, incipit

  1. Une description réaliste de la vie tzigane

  1. Une description qui se veut réaliste

Alice Ferney propose tout d’abord un tableau réaliste de la vie gitane.

On note ainsi les noms des personnages, qui sont des noms tout à fait répandus dans la communauté gitane : Angéline, Misia.

Les précisions sur le cadre spatio-temporel contribuent aussi à donner cette impression. On sait ainsi que nous sommes « à la fin de l’été », ce qui crée un horizon d’attente, horizon d’attente qu’Alice Ferney s’emploie toutefois à déjouer en précisant ensuite qu’il ressemblait « à une fin d’automne ». Cela étant, on devine donc le climat dans lequel se débattent les personnages, et cela nous permet de mieux imaginer leur situation concrète.

On note ainsi les noms de rue utilisés au fil du texte, « rue des Iris », « rue des Lilas », qui sont des noms de rue existants et même répandus dans les villes françaises.

Toutefois, dans la mesure où la ville dans laquelle l’intrigue se déroule n’est pas précisée et où ces noms de rue sont justement très répandus, un flou demeure quant à sa localisation exacte. Cela peut d’abord déstabiliser le lecteur, mais cela permet aussi, finalement, de permettre à chacun de reconnaître sa ville ou un lieu qu’il connaît dans la description qui est faite. De fait, le décor est décrit suffisamment précisément pour cela, en particulier entre les lignes 7 et 15 : « décharges », « terrains vagues «   « pavillons », « logements sociaux », tout cela évoque à tous une réalité connue, et permet de se forger des images assez claires de l’endroit en question.

L’écriture elle-même fonctionne en outre souvent sur le mode de l’accumulation de détails, ce qui renforce encore cela, suscitant des images quasi-photographiques. On le remarque par exemple aux lignes 21-22 : « la terre, pleine de fondrières, était incrustée de verres cassés, de morceaux de pneus et de bouts de ferraille. Des portières de voitures démolies servaient de pont sur les grandes flaques qu’apportaient la pluie. ». L’accumulation des compléments d’objet illustre ici parfaitement notre idée, et on se fait une image assez précise du délabrement décrit.

Cela permet immédiatement de comprendre dans quelle précarité évoluent les personnages.

Enfin, tout ce texte se caractérise par l’usage qu’il fait du point de vue externe. La narratrice se place en témoin extérieur de la vie des Gitans.

La façon dont elle les désigne dit bien la distance qui existe entre elle et ceux auxquels elle s’intéresse : « rares sont les Gitans ». Le GN « les Gitans » désigne un peuple dont on comprend qu’il n’est pas le sien du fait de son utilisation et de la tournure impersonnelle employée. On est donc d’autant plus portés à penser que ce qui est dit correspond à la stricte vérité.

  1. La peinture d’une vie précaire
  • L’adjectif « pauvres » est le premier utilisé pour décrire les gitans dans ce texte. C’est une façon de donner à entendre que c’est là une des premières choses qui les définit. La déclaration à la forme affirmative « nombreux sont ceux qui le sont » le confirme. Le présent de l’indicatif présente cela comme un fait avéré et le terme « nombreux » permet d’insister sur le fait que cette misère est répandu dans cette frange de la population.
  • « ils ne possédaient que leur caravane et leur sang » : négation restrictive qui insiste sur le peu de biens qu’ils possèdent (un seul, évoqué au singulier, l’autre terme de ce rythme binaire n’étant pas une possession matérielle) et donc sur leur dénuement.
  • « ancien potager inconstructible » : l’adjectif insiste sur le fait qu’ils doivent se contenter d’un emplacement qui n’est pas fait pour accueillir des hommes. Le préfixe privatif « in » insiste sur ce point.
  • « La terre, pleine de fondrières, était incrustée de verres cassés, de morceaux de pneus et de bouts de ferraille. Des portières de voitures démolies servaient de pont sur les grandes flaques qu'apportait la pluie » : « pleine de », « incrustée de » sont des locutions qui connotent l’abondance, mais ici cette abondance n’est que témoin de misère en ce qu’elle n’apporte aux hommes que des choses qui compliquent leurs conditions de vie. Ainsi, la mention des « fondrières » donne à entendre que le terrain est marécageux, ce que rappelle ensuite la mention des « grandes flaques qu’apportait la pluie ». L’adjectif « grande » antéposée renforce encore l’idée pour bien donner à entendre l’aspect peu praticable du lieu. Le verbe « apporter » apparaît presque comme ironique ici, en ce qu’il a usuellement une connotation plus positive : c’est une façon de plus d’insister sur le fait que la nature ne leur apporte rien de bon. 

« de verres cassés, de morceaux de pneus et de bouts de ferraille » : accumulation qui donne à penser que ce terrain = une vraie déchetterie. « cassés », « morceaux », « bouts » insistent en effet bien sur le fait que nous n’avons que des débris disparates et non des objets dotés de la moindre valeur.

« une poubelle municipale scellée sur un socle de ciment débordait » : la mention de la « poubelle » achève de donner à penser que cet endroit est une déchetterie. Le verbe « débordait » employé ensuite le confirme : comme dit plus haut, la seule chose qui se trouve en abondance ici, ce sont les déchets. Le fait que cette poubelle soit « scellée », c’est-à-dire indélogeable, donne à penser qu’elle est inhérente au lieu.

  • « Un pommier finissait de mourir dans le sol pelé, couvert de détritus et d'un peu de bois pourri. » : ce lieu ne semble pas pouvoir abriter la vie. Il connote au contraire la mort, le dépérissement : « mourir », « détritus », « pourris » vont dans ce sens.
  • « l’hôtel désaffecté que squattaient les Gitans » : l’adjectif « désaffecté » donne à entendre qu’ils doivent se contenter d’un lieu qui n’est plus viable pour recevoir du public en principe.
  • « Ses chevilles rouges et enflées semblaient celles d'une vieille clocharde ». Cette fois, indice physique qui renvoie là encore à leurs conditions de vie misérables. Le rythme binaire d’adjectifs insiste sur la souffrance induite tandis que la comparaison met bien en évidence l’intensité du dénuement dans lequel ils se débattent. Le terme « clocharde », familier, insiste sur ce point, non sans tonalité polémique sous-jacente, nous y reviendrons. L’adjectif « vieille » antéposé insiste sur ce point, en donnant à entendre que la misère suppose un vieillissement prématuré, Misia étant encore dans la force de l’âge. L’expression « jambes jeunes et lassées » qui figure ensuite le confirme : le premier adjectif du rythme binaire rappelle son jeune âge, tandis que le deuxième l’associe paradoxalement aux manifestations du vieillissement.

  1. un art du vivre-ensemble

Face à l’adversité, le peuple gitan semble avoir cultivé la valeur du vivre-ensemble et faire preuve d’une solidarité sans égale.

  • Ils semblent se définir essentiellement par leurs liens familiaux. La périphrase présente à la ligne 2 le donne à penser dès l’abord : « des fils de la vieille Angéline ». De la même façon, on parle plus loin des « belles-filles d’Angéline ». Tout cela nous donne à penser que toute la vie du peuple tzigane s’organise autour de la personne la plus âgée de la famille. L’adjectif « vieille » antéposé permet d’insister sur ce point. On peut noter aussi que l’attitude des fils d’Angéline est évoquée en relation avec celle de « leur mère » (ligne 4). Ils se définissent donc bel et bien les uns par rapport aux autres.
  • Ils sont aussi souvent désignés par un groupe nominal pluriel, « les Gitans », qui les désigne tous et qui donne à entendre combien ils sont soudés les uns aux autres. On note aussi le sujet collectif « la tribu d’Angéline » qui va dans le même sens.
  • De fait, plusieurs passages nous donnent à penser qu’ils ne sont jamais séparés les uns des autres : « les enfants couraient autour d’elles. De temps en temps, l’une ou l’autre en attrapait un ». On note là encore le groupe nominal pluriel « les enfants » qui donne à penser qu’ils passent tout leur temps ensemble. Le GN en rythme binaire « l’une ou l’autre », ensuite, donne à penser que les femmes en question sont interchangeables, tant elles passent leur temps ensemble.
  • « ils s’assirent ensemble près du feu » : là encore, l’adverbe donne à entendre l’importance que revêt pour eux ces temps partagés, collectifs.
  • Ils sont aussi très attentifs les uns aux autres : « Où on met la mère ? hurlait l’aîné à ses frères ». Certes, la tournure employée peut paraître assez péjorative, du fait de l’usage du déterminant « la » dans le GN « la mère », dont on peut penser qu’il marque une distance. Mais il n’en est rien : Alice Ferney restitue simplement la familiarité du discours habituel des Gitans. Ce passage met donc surtout en évidence le souci que les hommes ont de cette femme qui leur a donné la vie. La tournure au sens passif, qui place la mère en simple position d’objet, insiste en effet sur le fait qu’ils s’occupent de tout.
  • La fin du texte témoigne enfin de l’affection qu’ils peuvent se porter les uns aux autres : « Misia pleurait dans les bras de son mari ». Le CC « dans les bras de son mari » donne l’impression qu’elle s’y blottit et la proximité physique dit alors l’affection qu’ils peuvent se porter l’un à l’autre.

Angéline paraît un peu plus distante avec elle, mais sa façon de s’adresser à elle donne à penser qu’elle s’en soucie tout de même : « tu te coucheras tôt ma fille ». Si elle ne compatit pas longuement, il est vrai, mais l’expression « ma fille » témoigne de l’intérêt qu’elle lui porte : le nom commun « fille » dit l’affection qu’elle peut ressentir, tandis que le déterminant « ma », hypocoristique, renforce cela.

...

Télécharger au format  txt (18.9 Kb)   pdf (113.4 Kb)   docx (18.7 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com